louis chedid album tout ce qu'on aime dans la vie
Louis Chedid: "Si je le pouvais, je serais encore plus enfantin. On se cache tellement derrière des masques".

Six ans après « Deux fois l’infini », avec des parenthèses consacrées à des hommages à Brassens, à Henri Salvador et une tournée à guichets fermés avec ses enfants, Louis Chedid revient avec un nouvel album solo « Tout ce qu’on veut dans la vie ». Onze chansons qui parlent essentiellement d’amour sur des airs de rumba, de pop ou de bossa-nova. Un magnifique contre-pied à la morosité ambiante. Sortie le 28 février prochain, avant la tournée qui débutera fin mars.

Louis Chedid: « J’ai toujours envie de tirer les gens vers le haut. Je trouve que c’est un combat plus intéressant. Sans vouloir jouer les bisounours, je crois que l’important est d’essayer d’être heureux et de faire du bien autour de soi »

Quand il chante « tout ce qu’on veut dans la vie… c’est qu’on nous aime » on a envie de lui répondre que nous, on l’aime depuis toujours. Plus de quarante ans au moins !
Ce nouvel album, réalisé par Marlon B (Renan Luce, Juliette Armanet), on l’attendait donc avec impatience. De la rumba de rupture « Si j’avais su » à l’énigmatique « Fille sur le banc » en passant par la grande affaire de l’amour et l’insouciance revendiquée du « Chasseur de papillons », Louis Chedid confesse avec une élégante pudeur son faible pour le genre humain. Et lorsqu’il aborde des sujets plus graves, c’est toujours sur des rythmes enlevés, presque joyeux. comme pour atténuer le propos. Un poète salutaire qui, l’espace de quelques superbes déclarations d’amour, nous invite à « Redevenir un être humain »Entretien avec l’un des artistes les plus attachants et talentueux de la chanson française.

– Avec cet album, vous avez choisi d’être à contre courant du monde qui nous entoure ?
Louis Chedid: J’ai toujours envie de tirer les gens vers le haut. Je trouve que c’est un combat plus intéressant. Sans vouloir jouer les bisounours, je crois que l’important est d’essayer d’être heureux et de faire du bien autour de soi. Les gens qui donnent de l’amour, on les respecte.
– Dans les périodes difficiles, votre chanson « On ne dit jamais assez aux gens qu’on aime qu’on les aime » est régulièrement mise en avant, notamment sur les réseaux sociaux. Cela vous inspire quoi ?
Louis Chedid: Cela me fait évidemment plaisir. Cette chanson est aussi jouée dans les mariages ou lors de la disparition d’une mère ou d’un père parce qu’on regrette toujours de ne pas avoir consacré assez de temps à ceux qu’on aime. Cette chanson a dix ans et le fait qu’elle revienne dans les moments où l’on nous montre des images anxiogènes est rassurant. Moi, la plupart des gens qui me parlent dans la vie ne sont pas agressifs, ils n’ont pas envie d’en découdre. C’est ça ma réalité, plutôt que d’être toujours  sur la défensive.
– Vous regrettez l’omniprésence des portables dans la chanson « Redevenir un être humain » ?
Louis Chedid: C’est vrai, nous sommes tous victimes, moi le premier ! On se sent complètement piégé avec ça. C’est un vrai fil à la patte qui vous tient jusque dans la rue.
– D’où l’importance de céder au plaisir de la chasse aux papillons ?
Louis Chedid: Oui. Cela permet de retrouver un peu son âme d’enfant.
Vous parlez beaucoup de l’enfance dans cet album. Vous avez réussi à la préserver ?
Louis Chedid: Je le revendique même. Lorsque nous nous sommes retrouvés en famille autour d’une table pour l’émission « Thé ou Café », je me souviens que Catherine Ceylac a demandé qui de nous était le plus enfant. Ils ont tous pointé le doigt vers moi. Si je le pouvais, je serais encore plus enfantin. Un enfant rigole et assume sa sensibilité. On se cache tellement derrière des masques. C’est formidable de ne pas avoir de filtre.
– La chanson « Danser sur les décombes » parle de la vie après la mort. Cela vous préoccupe ?
Louis Chedid: J’ai toujours été assez obsédé. J’en parle assez souvent car j’ai du mal à imaginer que cela pourrait aboutir au néant. Je vis mieux en me disant qu’il y a quelque chose…
– Vous avez écrit « j’ai un faible pour le genre humain » dans la chanson « J’ai toujours aimé aimer ». Il ne vous désespère pas, parfois ?
Louis Chedid: C’est vrai que les gens peuvent avoir le nez contre le mur, jusqu’au jour où ils disent stop. Et là, le genre humain reprend le dessus. Cela a toujours été comme ça.
– Qui vous a inspiré le texte de « La fille sur le banc » ?
Louis Chedid: C’est une histoire vraie. J’habite à côté du cimetière Montparnasse où est enterrée ma mère (la poétesse Andrée Chedid). En passant dans les allées, avec un carnet dans lequel je note des idées de textes, j’ai croisé une fille qui me connaissait. Nous avons commencé à parler et à un moment, elle a craqué parce qu’elle venait de se faire larguer. J’ai essayé de lui remonter le moral. En rentrant à la maison, j’ai écrit directement cette chanson.
– Pouvez-vous nous parler de Marlon B qui a réalisé l’album ?
Louis Chedid: Je connaissais son travail pour Juliette Armanet et Renan Luce. Quand on a fait l’album avec Anna, Joseph et Matthieu, il s’était occupé des mixages. J’ai naturellement pensé à lui pour « Tout ce qu’on veut dans la vie ».  Lorsque je suis allé le voir, j’ai vu que nous étions totalement en phase. Nous avons enregistré dans son studio.

– Vos enfants ont choisi de suivre la voie artistique. Vous avez été tenté de les pousser ou de les dissuader ?
Louis Chedid: Ni l’un ni l’autre. j’ai juste compris leur envie. Il y a des gens qui n’arrivent jamais à trouver leur voie. Etre artiste, ce n’est pas plus hasardeux que d’être avocat ou médecin. Et c’est souvent plus excitant. C’est quand même un métier où on ne dit pas je travaille, mais je joue !
– Et vous allez bientôt jouer sur scène ?
Louis Chedid: Je suis en train de répéter pour la tournée qui débutera au mois d’avril. J’adore faire des disques et écrire des chansons mais la finalité, ce que j’aime par dessus tout, c’est le tête-à-tête avec les gens.

Entretien réalisé par Annie Grandjanin

Album « Tout ce qu’on veut dans la vie » (Le Label/Pias), sortie le 28 février. Louis Chedid sera en tournée à partir du 27 mars et à l’Olympia, à Paris, les 26 et 27 mai.
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