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Miossec, en septembre 2020 à Paris (photo) afp.com/Christophe Archambault

Interview. Le chanteur brestois Miossec poursuit sa tournée avec « Boire », album culte dont il fête les 25 ans et dévoile les chansons de son EP « Falaises » réalisé à la maison pendant le confinement avec sa compagne, la violoniste Mirabelle Gilis. Entretien avec un artisan de la chanson qui considère que son métier doit rester à une certaine échelle : « il faut que cela reste primitif, animal », nous confie-t-il.

Miossec célèbre ses retrouvailles avec le public, à l’occasion des 25 ans de son album fondateur « Boire» qu’il revisite sur scène. Une tournée où il reprend les chansons de son premier opus paru en 1995, ainsi que des titres de l’EP « Falaises », sorti entre les deux confinements en septembre 2020, réalisé chez lui, en artisan, avec sa compagne, la violoniste Mirabelle Gilis. Entre deux concerts, le chanteur brestois, que l’on a vu cet été aux Vieilles Charrues et aux Francofolies de La Rochelle, nous a parlé de son métier, qui doit «rester à une certaine échelle » : «Il faut que cela reste primitif, animal » nous confie-t-il. En attendant la parution d’un nouvel opus de chansons originales, qu’il promet pour fin 2022

Vous êtes sur scène après des mois de confinements qui ont réduit la musique au silence. C’est une libération ?

Miossec : Personnellement, je trouve prodigieux de retrouver sa bande, le collectif, l’émotion. Aux Vieilles Charrues, il y avait des gens qui pleuraient. Cela veut dire que tout ce qu’on fait n’est pas anodin, ce n’est pas si inutile de balancer de l’émotion. D’un point de vue général, j’ai l’impression que ça repart sur une patte. Il y a des bruits qui viennent à propos de la rentrée, ça n’a pas l’air d’être facile. Je pense qu’il y a une partie des gens qui n’est pas encore prête à revenir…



Jusqu’ici on a favorisé les rassemblements de plus en plus importants. Comment voyez-vous le monde d’après, en matière culturelle ?

Miossec : Je ne sais pas trop. J’ai l’impression d’être trop âgé pour avoir des propositions, parce que je ne peux pas me mettre dans la peau d’un mec de 20  ou 30 balais. Evidemment, je préfère toujours quand c’est plus petit, plus à l’arrache. Peut-être qu’il y aura une partie de la population qui va se réapproprier les choses, sans les grands noms et les grands bazars. Je n’ai jamais aimé les gros événements. En même temps, c’est drôle parce qu’ils ont les plus grosses subventions et les petits ont trois fois rien. Ça ruisselle, mais pas jusqu’aux petits événements. J’ai peur qu’il y ait beaucoup de casse.

Avez-vous profité de ces périodes d’enfermement pour écrire de nouvelles chansons ?

Miossec : Oui, il valait mieux pour continuer son métier. On a sorti un EP « Falaises », entre les deux confinements avec Mirabelle Gilis, qu’on a réalisé à la maison, sans grand studio, que tous les deux. On n’aurait jamais imaginé, en temps normal, être capable de mener jusqu’au bout ce projet. C’est un sentiment vraiment agréable, comme de pouvoir le jouer sur scène et voir comment c’est reçu, ça fait du bien.


Miossec paie sa tournée avec « Boire », album culte


Vous avez baptisé votre nouvelle tournée « boire, écrire, s’enfuir »…Est-ce à dire que l’écriture, chanter, pour vous, est un moyen d’échapper au réel ?

Miossec : Non, au contraire. Ecrire, c’est pour nous lier aux autres, en fait, pour voir si les gens ressentent les mêmes émotions, si elles font résonnance ou pas. C’est un peu ça l’idée.

Sur scène, vous célébrez le 25ème anniversaire de votre premier album « Boire », un disque fondateur. Comment expliquez-vous qu’il soit resté dans les mémoires ?

Miossec : Pour une partie des gens… C’est peut-être lié aux textes, à la production. C’est une disque qui a été fait avec des petits moyens, sans batterie. C’était une sorte de nouveauté, alors que c’était déjà vieux. Il y avait un côté libre. Je vois ça comme de l’artisanat, ne pas essayer d’avoir une grande boutique, rester à une certaine échelle, où les choses sont beaucoup plus faciles.


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Vous parlez d’artisanat. En quoi est-ce important pour vous de ne pas chercher à être une « star » ?

Miossec : Parce que quand on l’est, on a beaucoup plus de chance de disparaître (rires). De ne pas faire trop de compromis, cela permet d’être plus crédible sur la durée. Je ne pourrais pas faire ce métier en calculant les choses. Il faut que cela reste primitif, animal, comme boulot. Autrement, cela devient trop cérébral.

Votre dernier album « Les Rescapés » date 2018.  Avez-vous des projets d’écriture et peut-on espérer un nouvel opus ?

Miossec : A la fin de la tournée, en 2022, je pense sortir un album, de vrais nouveaux trucs. Les choses sont en train de se faire au fur et à mesure. Du point de vue des ambiances, je ne sais pas encore où ça mène, en fait…

Entretien réalisé par Victor Hache

  • Album : « Boire» (Le label/Pias)
  • EP : « Falaises » (Columbia/Sony)
  • Tournée : 30 août, Festival Les Musiques du Parc des Oiseaux, Villars les Dombes (01) ; 5 septembre, Festival Art Rock, Saint-Brieuc (22) ; 1er octobre, Saint-Jean d’Angely (17 ; 2 octobre, Saint Quentin en Yvelines (78) ; 8 octobre, Festival Nancy Jazz Pulsations, Nancy (54)…

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