peter von poelh :
Peter von Poelh revient avec "Memories From Saint-Forget", son 5e album. (c) Estelle Hanania

Interview. Quatre ans après « Sympathetic Magic », le chanteur Suédois installé à Paris, Peter von Poehl, revient avec l’album « Memories From Saint-Forget», du nom du village de la Vallée de Chevreuse (Yvelines), où il a composé ses nouvelles chansons pendant le premier confinement. Un répertoire élégant porteur d’une pop-folk poétique et de mélodies très douces, qu’il s’apprête à dévoiler en tournée. «J’ai envie de sortir de cette solitude qui nous entoure» confie-t-il. Entretien.


«Memories From Saint-Forget» : un opus aux délicates ambiances pop-folk, témoin des émotions ressenties par le Suédois Peter von Poehl en cette période incertaine, qui a profité du cadre verdoyant de ce village de la vallée de Chevreuse, pour se réinventer


peter von poelh: "j'ai envie de sortir de cette solitude"
Peter von Poelh revient avec « Memories From Saint-Forget », son 5e album. (c) Estelle Hanania

Le premier confinement de mars 2020 a été bénéfique pour le chanteur Suédois Peter von Poehl. Installé depuis des années à Paris, il est parti se ressourcer à la campagne, à Saint-Forget, village de la vallée de Chevreuse (Yvelines) où il a écrit les chansons de son nouvel album «Memories From Saint-Forget», enregistré dans une cabane transformée en home studio, au fond du jardin d’une maison louée pour l’occasion.

Un opus aux délicates ambiances folk, témoin des émotions ressenties par le chanteur en cette période incertaine, qui a profité de ce cadre verdoyant pour se réinventer. «J’ai envie de sortir de cette solitude qui nous entoure» confie-t-il, heureux à l’idée de retrouver le public et le live. Un répertoire élégant porteur d’une pop poétique et de mélodies très douces, qu’il s’apprête à dévoiler lors d’une tournée en solo dans des lieux non conçus pour la musique, comme les musées, avant de se produire dans les festivals cet été.

Pourquoi avoir choisi pour cadre le village de Saint-Forget, pour enregistrer votre album ?

Peter Von Poehl : C’est dû au contexte qui était très particulier. C’était au début de l’année 2020, on est partis juste avant que Paris soit confiné dans cet endroit, où vit un ami, qui nous a proposé de nous accueillir. Le hasard a fait qu’il y avait une maison à louer pas loin. On a tout de suite sauté sur l’occasion et on s’est installés là-bas. Je suis retourné à Paris et j’ai rempli un camion de tout mon matériel que j’ai installé dans une petit cabane dans le jardin. C’est là que j’ai écrit une bonne partie des chansons de l’album. Les enregistrements ont été faits principalement à Saint-Forget, hormis quelques séances que j’ai réalisées à distance à Stockholm, car la Suède n’était pas confinée.


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peter von poelh: "j'ai envie de sortir de cette solitude"
Peter von Poelh revient avec « Memories From Saint-Forget », son 5e album. (c) Estelle Hanania

C’était important pour vous de vous ressourcer à la campagne, en cette période de confinement ?

Peter von Poehl : A cette époque, j’aurais dû être en Chine et ça été annulé, comme d’autres commandes que j’avais jusqu’à l’été. Je voyais le truc venir. On a commencé à pas mal paniquer. Tout était incertain, c’est pour ça qu’avant que Paris ferme, on a décidé de partir. Je voyais tout ce vide devant moi, c’était comme un moyen de survivre. J’ai voulu faire un disque et utiliser ce temps de manière artistique, pour avoir une emprise sur les choses et réaliser ce que j’aime profondément faire, enregistrer des chansons. Ça m’a énormément aidé durant cette période. C’était important, ça a donné un sens à tout ça.

Quels sont les thèmes que vous avez voulu aborder ?

Peter von Poelh : Je n’avais pas d’idée précise. C’est généralement assez flou quand je commence à écrire des chansons. J’aime cette part de mystère, les pensées irrationnelles suivies logiquement. Souvent, je pars d’un endroit et j’arrive complètement ailleurs (rires), mais ce n’est pas grave et je dirais même que c’est une bonne chose.

Vous êtes revenu à la guitare, votre premier instrument. Comment définiriez-vous les ambiances de l’album ?

Peter von Poelh : C’est l’instrument que je maîtrise le mieux. C’est peut-être pour cela que cela donné un côte «americana» qui n’était pas prévu au départ (rires).


Peter von Poehl : «Quand je cuisine, ça me donne des idées de chansons»


Vous êtes proche du chef Pierre Touitou. Parlez-nous de votre rapport à la composition musicale et à la cuisine…

Peter von Poehl : Ce qui intéressant avec Pierre et un autre grand chef que je connais, c’est qu’ils sont aussi musiciens. Je n’ai aune formation et aucune prétention de cuisiner. Mais je me rends compte que j’ai toujours aimé faire la cuisine. J’ai souvent utilisé ces moments , ça me donne des idées de chansons. Surtout dans cette période de confinement, je me suis aperçu que cela faisait partie du processus d’écriture, de la même manière que le temps que je passe devant mon piano où à la table de mixage. Dans notre petite communauté, chacun avait des tâches pratiques et moi, je m’occupais de la cuisine. Je n’ai pas de spécialité, mais je réalise beaucoup de plats à base de légumes d’inspiration méditerranéenne ou avec des ingrédients asiatiques. La cuisine, ça ressemble vraiment à la façon dont on fait la musique, avec les sons qui sont comme des ingrédients et avec un peu de chance, la sauce prend (rires).

Vous êtes originaire de Malmö en Suède. Pourquoi avoir décidé un jour de vous installer en France ?

Peter von Poelh : La première fois que je suis parti seul, j’avais 16 ans, c’était en Autriche. Après, j’a vécu dans pas mal d’endroits. La première fois que je suis venu en France, c’était en 1998. J’avais eu une bourse de la communauté européenne pour des jeunes sans emploi. Je suis venu faire un stage dans un studio à Paris qui appartenait au producteur Bertrand Burgalat. Et finalement, je suis resté trois ans à travailler avec lui. Après, je suis parti pour Berlin et je suis revenu en France, où j’ai rencontré ma femme Marie Modiano grâce à la musique car je jouais de la guitare sur son premier disque.

Vous avez été guitariste du groupe AS Dragon et avez également collaboré avec Michel Houellebecq pour son album «Présence Humaine» paru en 2000 sur label Tricatel de Bertrand Burgalat. Une période très créative pour vous ?


Peter von Poelh : C’est vrai que ça été une période importante pour moi. L’album de Michel Houellebecq, c’était un peu le premier projet que je pilotais surtout au moment de la tournée. L’enregistrement, c’est Bertrand Burgalat qui s’en est occupé, on était trois musiciens avec le groupe Eiffel et moi, je faisais les prise de son de la voix de Michel. Après, Bertrand m’avait confié la tâche de trouver des musiciens et de m’occuper de sa tournée, qui sont devenus une sorte de backing band (groupe d’accompagnement) du label Tricatel.


Peter von Poehl : «J’ai envie de sortir de cette solitude qui nous entoure»


peter von poelh : "j'ai envie de sortir de cette solitude"
Peter von Peter (c) Estelle Hanania

Vous avez aussi composé des B.O de film. Le cinéma, les images, sont une source d’inspiration pour vous?

Peter von Poelh : Absolument. J’ai toujours été très cinéphile et j’aime les arts visuels. En ce sens, je suis un artiste frustré. Je pensais plutôt me diriger vers les arts plastiques, comme ma sœur Charlotte, dont je suis fan, mais je me suis rendu compte que j’avais très peu de talent pour cela (rires). Quand je compose de la musique pour le cinéma, étant fasciné par le medium de l’image, j’ai une approche assez binaire. Je crois que c’est de cette manière qu’il faut l’aborder. Pour moi, la musique doit rendre l’image meilleure et l’image doit rendre la musique meilleure. Si ça ne marche pas, dans ce cas, il faut essayer autre chose.

Vous allez bientôt partir en tournée. Qu’avez-vous imaginé pour votre retour sur scène ?

Peter von Poelh : Avec le contexte un peu compliqué pour faire des concerts, j’ai envie de me produire en solo. C’est quelque chose que je n’ai pas fait depuis mon premier album, où j’avais beaucoup joué mes chansons seul à la guitare. J’ai envie de ça pour «Memories From Saint-Forget». Je crois que c’est une façon possible de réorganiser des concerts de manière simple et pas cher. J’ai commencé à expérimenter cela avec un système de diffusion du son qui fonctionne par vibration, au lieu des haut-parleurs. C’est une amplification pratiquement invisible, qui utilise les matériaux dans l’espace (une vitre, une surface en bois…). Cela va permettre de faire des concerts dans des endroits qui ne sont pas conçus pour la musique, comme les musées, des lieux historiques. Aujourd’hui, cela me fait rêver de rejouer la musique en public de cette manière-là et de sortir de cette solitude qui nous entoure depuis des mois.

Entretien réalisé par Victor Hache

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