« Le Corbeau » : un grand film noir envoûtant à voir sur C8

Télé. « Le Corbeau » est un film d’Henri-Georges Clouzot qui décrit dans une France devenue folle, une ville française de province, où des lettres anonymes sont adressées aux habitants. Elles jettent en pâture les secrets, liaisons hors mariage ou vices cachés, d’abord d’un médecin qui pratiquerait des avortements, alors interdits, puis à d’autres personnages de la cité. Le docteur va mener sa propre enquête… NOTRE AVIS (****): Un chef-d’oeuvre du cinéma des années 1940, inspiré d’un fait divers réel. Henri-Georges Clouzot livre ici un conte moral sur l’indignité des gens à croire ce que la calomnie veut détruire: la valeur et la vie d’un individu. A voir dimanche 24 juillet sur C8 -21: 05.

« Le Corbeau » : un grand film noir envoûtant à voir sur C8

L’HISTOIRE

Le docteur Rémy Germain (Pierre Fresnay) est averti par un ami que des lettres anonymes circulent, dénonçant sa pratique d’avortements clandestins. La rumeur enflant, il décide de faire son enquête. Mais d’autres missives, signées « Le corbeau » circulent, mettant en cause la moralité de certaines personnalités. Personne n’est à l’abri, à présent, chacun épie son voisin, la tension monte. La crainte s’installe en même temps que la médisance, la méchanceté, la rancoeur. Tous vont se surveiller car avec la haine les valeurs morales sont corrompues.

NOTRE AVIS (****)

Inspiré d’un fait divers réel ayant eu lieu en France en 1922, Henri-Georges Clouzot livre un conte moral sur l’indignité des gens à croire ce que la calmonie veut détruire : la valeur et la vie d’un individu. Ce chef-d’œuvre a été mal aimé du public français car il renvoyait à la face des censeurs et des juges leur ignominie : détruire la réputation d’un homme (ou d’une femme) en se basant sur des déclarations anonymes.

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Avec ce film en noir et blanc, Clouzot a crée un style esthétique, l’impressionnisme naturaliste, inspiré du cinéaste Pabst. Il disait d’ailleurs « Je préfère tout  simplement le noir éclatant au gris terne ». Beaucoup plus tard, on reconnaîtra ce style grâce à sa coloration, au ton narratif employé.

Pour «Le Corbeau », le réalisateur a poussé à l’extrême ses acteurs. Mention particulière à Pierre Fresnay au jeu élégant et maîtrisé et à Ginette Leclerc qui restera la plus belle « garce » du cinéma français.

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Lors de la sortie du film, la campagne publicitaire de 1943 avait prévu pour slogan : « La honte du siècle : les lettres anonymes », mais la censure exigée par le gouvernement de Vichy, qui avait pourtant institué la délation nationale contre les Juifs, puis à la Libération, la presse communiste qui accusa le réalisateur de dénigrer le peuple français, eut raison du film jusqu’à la fin de 1947, où fut levée l’interdiction du film. Clouzot, qui était interdit d’exercer son art, fut enfin réhabilité.

Comment ne pas comparer cette période affligeante avec notre époque, troublée par les accusations sur les réseaux sociaux, dont on ne sait presque jamais si elles sont fondées. Elle remet en souvenir la honteuse situation au temps de la censure de Vichy. Pourtant, « Le Corbeau » demeure une œuvre majeure du cinéma des années 1940 qui inspirera Otto Preminger pour « La 13ème lettre » et William Wyler pour « La Rumeur ».

Jane Hoffmann

• A voir : « Le Corbeau »(1943) d’Henri-Georges Clouzot avec Pierre Fresnay, Ginette Leclerc, sur C8 dimanche 24 juillet -21:05.

• Henri-Georges Clouzot est l’auteur de nombreux film célèbres, dont « Le Salaire de la peur » (Yves Montand), « Les Diaboliques » (Simone Signoret), « Ascenseur pour l’échafaud » (Jeanne Moreau), le célébrissime « Quai des Orfèvres » (Louis Jouvet), « La Vérité » avec Brigitte Bardot; ou encore du magnifique documentaire « Le Mystère Picasso ».