Télé. Dans le film “L’Héritier” de Philippe Labro, Jean-Paul Belmondo, jeune play-boy, veut prouver aux anciens collaborateurs de son père, capitaine d’industrie et patron d’un journal, décédé, qu’il peut gérer ses affaires. Il délaisse son rôle de fils fortuné et endosse le costume du magnat français de l’acier. Il va tenter de prouver que la mort de son père n’était pas un accident. NOTRE AVIS (***): Un excellent polar politique à la mise en scène efficace et un classique du cinéma. A voir mardi 24 septembre sur C8 -21:20.
Philippe Labro réalise un film plutôt engagé à la mise en scène efficace, balançant entre drame et polar. L’intrigue est forte avec des personnages ambigus, une peinture non édulcorée du monde de la politique mêlé aux affairistes sans vergogne.
“L’Héritier” raconte le combat de Barthélémy Cordell (Jean-Paul Belmondo), fils du magnat de l’acier, patron de presse, Hugo Cordell. Il n’est pas préparé à sa succession. En 1972, le capitalisme a évolué, les grandes familles se laissent petit à petit grignoter par les multinationales, dans le contexte de l’Europe naissante. La mort de son père dans un accident d’avion est suspecte. Qui aurait voulu le tuer et pourquoi ?
Nous assistons ici à deux histoires en parallèle, avec d’un côté le portrait d’un homme aux manières de play-boy, “machiste” vis-à-vis des femmes, gâté par l’argent, de l’autre, sa lutte contre les pouvoirs politiques qui gangrènent déjà le monde des affaires. Jean-Paul Belmondo est parfait, sobre, implacable dans sa recherche de la vérité. Il est grandement aidé en cela par sa bande de copains : Charles Denner, Michel Beaune, Jean Rochefort, auxquels s’ajoutent François Chaumette et Jean Desailly en rédacteur en chef du “Globe”, journal appartenant à l’empire Cordell.
Avec “L’Héritier” sorti en 1973,Philippe Labro réalise un film plutôt engagé, balançant entre drame et polar. L’intrigue est forte avec des personnages ambigus, une peinture non édulcorée du monde de la politique mêlé aux affairistes sans vergogne.
A sa façon journalistique (il fut un grand journaliste), il prouve qu’il est un vrai metteur en scène. Le journalisme met en lumière des faits, le cinéma, lui, le mouvement. Il fait la démonstration que les deux sont bien mêlés en donnant à Jean-Paul Belmondo son avant-dernier grand rôle, juste avant “Stavisky” d’Alain Resnais.
Ici, dans ce qui servira de modèle pour“Largo Winch” il est tout à fait crédible. Le scénario est de Jacques Lanzmann, parolier de Jacques Dutronc. Ensemble, ils signent un excellent polar politique, à la mise en scène efficace inspirée des cinéastes américains. Le tout servi par la musique de Michel Colombier,typique des années 1970 et un générique de fin étonnant. Assurément l’un des meilleurs rôles de Jean-Paul Belmondo.
Jane Hoffmann
- “L’Héritier” de Philippe Labro (1972) avec Jean-Paul Belmondo, Carla Gravina, Charles Denner, Maureen Kerwin, Jean Rochefort. A voir mardi 24 septembre sur C8 -21:20.
Philippe Labro à la caméra
- Philippe Labro, qui fut journaliste aux Etats-Unis, est un admirateur du cinéma américain. Il fut aussi un ami proche de Jean-Pierre Melville, un des plus célèbres réalisateurs français (Le Doulos, Le Deuxième souffle, Le Samouraï, L’Armée des ombres, Léon Morin prêtre…)