Dans « Police Python 357 » d’Alain Corneau, un commissaire de police, apprenant que sa maîtresse le trompe, tue celle-ci dans une crise de jalousie. Il confie l’enquête à un inspecteur, ignorant qu’il était l’amant de la jeune femme. Commence alors un jeu du chat et de la souris dans ce qui sera un des plus grands polars français. Un classique du cinéma, avec Yves Montand, dans l’un de ses meilleurs rôles, un étonnant François Périer et une froide et machiavélique Simone Signoret.
En 1975, dans la ville d’Orléans, le commissaire de police, divisionnaire, Ganay (François Périer) ayant appris que sa jeune maîtresse Sylvia Leopardi (Stefania Sandrelli) avait un amant, la tue dans une violente crise de jalousie. Il confie l’enquête à Marc Ferrot (Yves Montand), ignorant qu’il était son amant. Celui-ci travaille presque toujours en solo, prenant des risques que sa hiérarchie lui reproche souvent, avec seulement son Colt Python 357 dissimulé sous sa veste, pistolet qui deviendra plus tard mythique dans de nombreux films.
Ferrot est un solitaire, célibataire, peu bavard. Il commence son enquête par l’appartement de la victime, effaçant les empreintes qu’il a laissées lorsqu’il allait chez elle. Débute alors le jeu du chat et de la souris entre l’assassin, Ganay son supérieur, qui fait tout pour qu’on ne remonte pas jusqu’à lui, et l’inspecteur. D’autant que le commissaire trouve une alliée en la personne de sa femme, Thérèse (Simone Signoret) handicapée, qui végète entre son lit et son fauteuil roulant. Elle est froide, déterminée, machiavélique. C’est auprès d’elle qu’il vient chercher des idées, des conseils sur l’attitude à tenir. Dans un premier temps, il est tente de se livrer mais elle refuse, arguant du fait que sa carrière serait brisée, qu’ils perdraient ainsi leur rang, Thérèse étant issue d’une importante famille de la bourgeoisie (ils vivent dans un hôtel particulier, possèdent une voiture avec chauffeur, ont une maison à la campagne….)
L’étau va se resserrer sur l’inspecteur, lentement mais sûrement. Il est le seul à croire en son innocence. Que peut-il contre l’adversité ? Il comprendra tardivement qui est l’assassin de Sylvia. Les dernières scènes du film, entre Ferrot et Ganay, sont incroyables de revirements successifs et la fin anxiogène. Un grand polar français au suspense haletant, psychologique, pessimiste, avec en fond la banlieue grise d’Orléans et ses HLM, ses quais de Loire glauques, parfait décor oppressant pour une descente aux enfers du héros.
Avec « Police Python 357″, Alain Corneau signe un des meilleurs films noirs des années 1970, âpre, dur, avec un final étonnant, dans lequel Yves Montand n’aura jamais été aussi bon. Un rôle où il est tout autant pathétique que physique. Après « Le Cercle rouge » de Jean- Pierre Melville, il atteint-là le sommet de sa carrière.
Jane Hoffmann
- A voir: « Police Python 357″ d’Alain Corneau avec Yves Montand, François Périer, Simone Signoret, Stefania Sandrelli, musique de Georges Delerue. Dimanche 21 mars sur C8– 21:05