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"Un Flic" de Jean-Pierre Melville : Catherine Deneuve et Alain Delon

« Un Flic », Jean-Pierre Melville. Un commissaire de police traquant des malfaiteurs, on a déjà vu ça maintes fois au cinéma et à la télévision. «Un Flic» reprend les mêmes codes, les mêmes personnages dans les mêmes costumes (Borsalino et trench-coat) et la magie opère. Jean-Pierre Melville, dont c’est la dernière réalisation et ultime collaboration avec Alain Delon, nous offre une histoire à peine différente des précédentes et pourtant novatrice. Il a épuré au maximum les scènes d’action pour en faire du théâtre grec : du sang-froid, du suspense, du drame, dont la scène du braquage de la banque, sans une parole, étirée au maximum. Un polar qui restera comme le sommet de ce genre de cinéma. 


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« Un Flic » de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon

«Un Flic» de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon en quête de son double


«Un Flic» raconte la vie assez morne du commissaire Edouard Coleman (Alain Delon) faisant son parcours du soir, commençant par les Champs-Elysées qu’il descend, assis dans sa voiture. Il aime particulièrement la nuit à Paris. Il termine son périple par la boîte de Simon (Richard Crenna) qu’il estime et dont il ignore les activités cachées.

Simon fait partie d’un gang et, avec deux complices, ils ont mis au point le braquage d’une banque en Vendée. Lors de ce coup, un des malfaiteurs, Marc (André Pousse) est blessé grièvement. Ses complices le font admettre dans une clinique privée. L’enquête de Coleman avançant, Simon tente de faire sortir Marc en cachette. Vainement.

L’opération d’exfiltration ayant échoué, c’est la maîtresse de Simon, Cathy (Catherine Deneuve), déguisée en infirmière, qui l’achève. Simon prépare alors une autre opération, dont la police a vent rapidement et c’est un jeu du chat et de la souris qui se déroule entre Coleman et Simon…

«Un Flic» décrit minutieusement un braquage pensé par un Richard Crenna charismatique. Comme toujours avec Jean-Pierre Melville, on assiste à de longues scènes sans dialogue, juste des gestes (la main gantée des gangsters dans la banque qui ajustent chacun leurs lunettes noires) au ralenti,  accentuant une attente intolérable…



Peut-on dire du mal d’un film de Jean-Pierre Melville ? Non, car le moins bon de sa filmographie serait tout de même le meilleur d’un autre cinéaste. Chez lui, il y a toujours une fascination assumée pour les gangsters, pour les rapports flic/policier et la dramatisation qui devient tragédie. Comme le dit Vidocq dans un phrase citée en exergue du film : «Les seuls sentiments que l’homme peut inspirer au policier sont l’ambiguïté et la dérision».

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Un flic, Affiche

Avec lui on n’est plus au cinéma mais au théâtre. Ses comédiens sont comme figés dans un rôle où le respect de chacun prime, leurs élégantes silhouettes  intenses et interchangeables. Delon peut être flic ou voyou, il est d’abord melvillien, comme il le fut dans «Le Samouraï» ou  Montand dans «Le Cercle rouge».

Dans le dernier opus de la grande symphonie de Jean-Pierre Melville, presque tout est retranché, ne reste qu’un flic désenchanté comme l’était déjà le commissaire interprété par Bourvil dans «Le Cercle rouge». Quand vraiment tout est fini, qu’il n’y a plus d’adversaire, il ne reste que le vide…

Jane Hoffmann

  • A voir : «Un Flic» (1971) de Jean-Pierre Melville avec Alain Delon, Richard Crenna,  Catherine Deneuve, André Pousse, lundi 11 octobre sur Arte à 20:55

 

 

 

 

 

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