la prisonniere du desert
John Wayne dans "La prisonnière du désert" © Collection Christophe

Le film de John Ford «La Prisonnière du désert», est un condensé de la vie d’un homme désenchanté, obsédé par la recherche de sa nièce de 8 ans enlevée par des indiens Comanche, au 19ème siècle. Il est habité par le doute et la haine au fur et à mesure de sa progression. C’est l’histoire de la tragédie d’un homme douloureusement obsessionnel, qui perd son âme dans la recherche, durant cinq ans de l’enfant. NOTRE AVIS (****) Un film intemporel sorti en 1956 avec le monumental John Wayne et l’inoubliable Natalie Wood, qui restera comme le chef-d’œuvre du genre western, où se mêle l’espoir de retrouver la fillette à l’horreur de ce qu’elle est vraisemblablement devenue. 


Pourquoi il faut (re)voir « La Prisonnière du désert » de John Ford


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« La prisonnière du désert » : Natalie Wood

«La Prisonnière du désert» («The Searchers») est la tragédie d’un homme, Ethan (John Wayne), soldat rentré auprès des siens, après la guerre de Sécession, qui ne trouve plus que ruines et cadavres. Mais sa nièce Debbie (Nathalie Wood) âgée de 8 ans a été enlevée avec sa jeune sœur par des indiens Comanche. Tout le film relate la quête de cet homme obsédé, qui perd son âme un peu plus chaque jour dans la recherche de  l’enfant. La poursuite d’Ethan, qu’il commence avec son neveu Martin (Jeffray Hunter) et Brad (Harry Carey Jr) un ami, durera cinq ans, cinq longues années qui les font traverser les sables de l’Arizona puis la neige dans l’Utah. Un temps qui s’étire et permet à Ethan d’être de plus en plus renfermé, odieux avec Martin, raciste et violent dans ses propos vis-à-vis des indiens…

Tiré d’un roman d’Adam Le May, d’après une histoire vraie, le cinéaste John Ford expose ici des faits, sans concession ni envers Debbie, devenue indienne, qui veut rester dans ce qu’elle considère comme sa famille, ni envers Ethan, le survivant d’une guerre civile horrible, brutal et obstiné. Le thème de l’enfant enlevé par des Sioux sera repris plus tard par Kevin Costner pour «Danse avec les loups». 

Ford a souvent filmé les petites gens, les pauvres, les laissés-pour-compte, ceux qui ont été grugés par des politiciens malhonnêtes, leur promettant des terres qui n’appartenaient à personne et qui deviendraient les leurs… Que ce soit dans «Wagon master» (1950) où le dangereux voyage d’Est en Ouest dans des chariots bâchés, ou «Les Raisins de la colère» (1936) qui traitaient déjà de la recherche d’une terre plus fertile (La Californie), la crise de 1929 les obligeant à abandonner leurs maisons. Oui, John Ford aime les exilés, les apatrides ou «Les Cheyennes» (1964) forcés de laisser leurs prairies pour vivre dans une réserve… Il passa outre la mode hollywoodienne qui ne voulait filmer que des visages de moins de quarante ans. Lui, au contraire, montra les gens âgés, voire très ridés.



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« La prisonnière du désert » de John Ford

Avant le départ d’Ethan, de Martin et de Brad, les voisins disent bien que la fillette ne pourra plus revenir chez elle, qu’elle est certainement mariée à un Comanche, irrécupérable. Ethan persiste et dans ce rôle de chercheur obsessionnel, devenu raciste, convaincu qu’elle peut encore être sauvée de la sauvagerie, John Wayne est magnifique.

Bertrand Tavernier a dit un jour de «La Prisonnière du désert» que c’était un des films les plus riches, les plus complexes et les plus sombres de John Ford. Cette Prisonnière aura d’ailleurs une immense influence sur les cinéastes américains des années 1970. Le réalisateur est sans doute le seul à avoir bâti une œuvre à la mesure de l’Amérique.

Les photographies de Winton C. Hoch, surtout le début du film et le final, comptent parmi les plus belles de l’histoire du cinéma, où les magnifiques paysages de l’Arizona, Monument Valley, et de l’Utah rendent ce western flamboyant, aidé par l’interprétation intense de John Wayne. S’il n’y avait qu’un western à voir ce serait assurément «La Prisonnière du désert», un chef-d’œuvre du genre.

Jane Hoffmann

  • A voir : «La Prisonnière du désert» (1955) de John Ford avec John Wayne, Nathalie Wood, Jeffray Hunter, mardi 15 février sur C8 – 21:20

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