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Noé Preszow : "Etre chanteur a toujours été un rêve et une obligation envers moi-même depuis l'enfance" © Vincent GRAMAIN/SIPA

Interview. Chez Noé Preszow, il est autant question de solitude, d’état d’urgence, d’amitié que de poésie. Nommé aux Victoires de la musique 2021 dans la catégorie «révélation masculine», le chanteur bruxellois s’est révélé avec le titre «Que tout s’danse», extrait de son album «A nous», paru en avril. Premier opus, première tournée pour Noé Preszow qui fait sensation sur scène, comme aux Francofolies cet été où We Culte l’a rencontré. L’occasion de revenir sur son parcours, son goût pour la chanson poétique et militante et son envie de changer le monde en musique.  

Être chanteur, ça toujours été un rêve?

Noé Preszow : Un rêve et une obligation envers moi-même de maintenir ce cap depuis l’enfance. Cela a toujours été une évidence. Je ne sais rien faire d’autre (rires). En fait, j’ai commencé à écouter Brassens, Brel, Barbara, Ferré à trois ans, puis Renaud à six ans. Après, j’étais foutu, il fallait faire ça (rires). J’ai appris le violon vers trois-quatre ans, la guitare à 12 ans, où j’ai commencé à m’enregistrer. Et là, c’était parti. La question était comment et quelle forme de chanson ? Tout cela s’est fait naturellement. Je n’ai pas de plan sur la comète. Je fais les choses et j’avance…

On sent une certaine révolte dans le titre «A nous». Diriez-vous que c’est une chanson qui traduit un malaise générationnel?

Noé Preszwow : Oui. Je sens avec mes amis, les potes avec qui on va en manif, avec ma copine, avec mon frère, qu’on est à la fois plein de vie et blessés par le système, par le rapport de pouvoir, d’argent et nos respirations empêchées. On est bouffé par les écrans, les caméras partout. Cela empêche de vivre. Il y a des gens qui s’y font, qui marchent avec leur époque et sont très bien là-dedans. Moi, je m’en fous de jouer avec les codes. J’ai juste envie de dire «rendez-nous la terre», ou comme disait Dominique A « rendez-nous la lumière ». En même temps, il suffit d’aller au café et de voir que la vie reste la vie avec ses imprévus, cette magie-là, heureusement. Mais quand on va en manif, on s’aperçoit qu’on est nombreux et nombreuses à vouloir changer le monde. Je crois vraiment à cette envie. C’est quelque chose de très naïf et en même temps, je ne crois qu’à ça.



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Noé Preszow : « Je n’essaie pas d’être à la mode » CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Vous avez toujours été sensible à ce qui se joue dans la vie. Un chanteur doit-il témoigner de son époque ?

Noé Preszow : Ça dépend comment. Moi, j’adore les chansons d’amour, toutes sortes de choses dans lesquelles on peut témoigner de son époque. Ça peut venir du son, de plein de choses. Les chansons de Barbara qui ne sont pas forcément sociétales, c’est une époque, sa façon de respirer, d’être au piano, de parler. Je n’ai pas cette obligation de dire qu’une bonne chanson est une chanson engagée. La preuve avec Renaud, qui a écrit tellement de belles chansons très fortes, à l’image de «Fatigué ». Quand on entend «Mistral gagnant», on pleure et pourtant, c’est une chanson sur le temps qui passe et sur la vie. Finalement, il faut les deux. Je trouve qu’il y a quelque chose de fort chez les artistes qui peuvent à un moment parler de leur histoire, leur parcours et de leur mémoire…

Sauriez-vous dire ce qui vous amené à la musique ?

Noé Preszow : Le trajet dans la voiture avec mes grands-parents, en écoutant Brassens et Brel. Ça part de là. Après j’ai écouté les Beatles, Nirvana. Je n’étais pas à l’aise à l’école, les rapports d’autorité, j’ai horreur de ça. Tout d’un coup, avec Renaud, j’ai découvert un chanteur qui parlait de ça, qui a inventé sa propre langue et avant qu’on soit tous sur Internet. Il m’a fait découvrir tout un monde avec ses premières chansons qui avaient déjà 30 ans, que j’écoutais vers 2000… Une bonne chanson est intemporelle. C’est pour ça qu’il y a chez moi ce rapport au temps, je n’essaie pas d’être à la mode.

Bruxelles où vous avez grandi et vivez, c’est un bon spot culturel ?

Noé Preszow : Oui, je trouve. Que ce soit en musique ou dans d’autres arts. J’aime le cinéma belge, marcher dans la rue et voir Arno débarquer, même si c’est quelqu’un que je ne connais pas. Je me sens bien à Bruxelles, le théâtre qu’on y fait, cette magie. Il y a une forme de proximité. Dès lors qu’on a la chance d’avoir un toit dans cette ville, je crois qu’on peut s’y retrouver.



Dans «Le monde à l’envers », vous chantez «possible que la rue reprenne des couleurs ». Pensez-vous qu’une chanson puisse aider à changer le monde ?

Noé Preswow : Je pense qu’on n’est pas la même personne si on grandi en écoutant Bob Dylan où Patti Smith, qui est extraordinaire, qu’en écoutant autre chose. Donc, forcément, si une chanson change les gens, une chanson change le monde. Il y a des jours, bien sûr, où je suis beaucoup plus pessimiste et où je me dis que tout est foutu, que les hommes ne changeront pas. Mais, j’essaie de me battre contre ça et de garder espoir.

L’année 2021 a été assez incroyable pour vous, entre votre nomination aux Victoires de la musique, les critiques positives de votre album et maintenant la tournée. Après ces mois de confinement, comment vivez-vous cela?

Noé Preszwow : Je suis très heureux de tout ce qui arrive. Mais j’essaie de rester bien ancré dans mes chansons, de ne pas trop penser à la suite. Parce que quand il se passe des choses comme ça, on a tendance à essayer de faire des choses stratégiques. En fait, moi, je vais dans ma chambre, je réactive mon micro, comme je fais depuis l’âge de 12 ans et j’écris la suite.

Entretien réalisé par Victor Hache

  • Album «A nous» chez Tôt ou Tard. Tournée partout en France, 14/10 Hénin-Beaumont, 15/10 Magny-le-Hongre, 16/10 Fresnes, Festival de Marne, 4/11, Les Primeurs de Castres, 6/11 Les Primeurs de Massy, 18/11 La Cigale, Paris.

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