manou gallo aliso
Crédit photo ou Manou Gallo est en rouge : VINCENT SHANGO - 2021 / HOMMAGE À MANU / Philarmonie de Paris

Interview. L’artiste ivoirienne Manou Gallo, l’une des rares femmes bassistes, revient avec un ambitieux projet baptisé « Aliso ». Un album en deux volumes dans lequel celle que l’on surnomme « L’Afro Groove Queen », rend hommage aux artistes qui l’ont inspirée : Féla Kuti, Manu Dibango, Franco Luambo, Ernesto Djé Djé et Marcellin Yacé. À découvrir sur la scène du Studio de l’Ermitage à Paris, le 16 novembre.


Interview. Manou Gallo, « L’afro Groove Queen » de la basse »


Depuis une vingtaine d’années, cette artiste originaire de Divo, en Côte d’Ivoire, s’est imposée sur la scène internationale comme l’une des rares femmes bassistes. Après avoir créé son groupe Djiboi, Manou Gallo a enregistré des albums remarqués comme « Dida » ou « Lowlin« , partagé la belle aventure des Tambours de Brazza et de Zap Mama…

Elle revient cette fois avec un ambitieux projet : un opus en deux volumes, intitulé « Aliso »   (dont le premier single « Lady« , est sorti le 11 juin 2021 et le second « Mario-Ma lettre à Yacé », le 11 septembre dernier)dans lequel elle rend  hommage aux artistes qui l’ont inspirée comme Féla Kuti, Manu Dibango, Franco Luambo, Ernesto Djé Djé et Marcellin Yacé.

Entretien avec celle que l’on surnomme « L’Afro Groove Queen », avant son concert parisien au Studio de l’Ermitage, le 16 novembre prochain.

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Manou Gallo : « Je veux que ma basse sonne comme un tambour » (photo) Vincent Shango

Parmi les artistes auxquels vous rendez hommage, le célèbre arrangeur, musicien, chanteur et producteur Marcellin Yacé tient une place particulière, non ?

Manou Gallo : Il m’a offert ma première basse et m’a appris le solfège alors que j’avais 12 ans. Il était un peu comme mon père adoptif. En 2002, il a été tué par balle en sortant de son studio à Abidjan. Dans le titre « Mario- Ma lettre à Yacé », j’ai eu envie de chanter ma frustration et ma colère. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de donner mon avis sur la politique africaine. Je n’aime pas lorsqu’on utilise l’expression « au  mauvais endroit, au mauvais moment « . Je veux qu’il y ait une enquête pour savoir ce qu’il s’est vraiment passé, il y a 19 ans !

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Manou Gallo jouera au Studio de l’Ermitage à Paris, le 16 novembre

Etre reconnue comme une femme bassiste en Afrique, c’était compliqué ?

Manou Gallo : Je savais que le chemin allait être long et difficile. Lorsque j’ai sorti mon premier album, on disait que j’étais danseuse, chanteuse, musicienne, percussionniste… Moi, je voulais juste qu’on dise Manou Gallo, la bassiste. C’était mon combat.



Mais vous êtes aussi chanteuse ?

Manou Gallo : Je ne chante que pour accompagner ma musique. Pour moi, la voix est juste complémentaire. Petit à petit, je fais des morceaux où la basse est au cœur de tout., je veux qu’elle sonne comme un tambour !

Comme celui sur lequel vous tapiez lorsque vous étiez petite fille ?

Manou Gallo : Et ce n’était pas vraiment dans la tradition ! Mais j’ai eu une chance énorme. J’ai été élevée en partie par ma grand-mère. Lorsque j’ai commencé à taper sur tout ce qui était à ma portée, elle m’a dit: « si c’est ton destin, je l’accepterai ».

Il y a eu aussi le soutien et la collaboration avec Bootsy Collins (James Brown, George Clinton…)  ?

Manou Gallo : C’est vrai. C’est un peu fou de se dire que tu travailles dans ta cave avant de poster une vidéo et que quelqu’un comme lui t’encourage après l’avoir vue. Quand j’ai commencé la musique, il n’y avait pas internet et je ne savais pas ce qui se passait dans le monde. Aujourd’hui, j’explique aux petites filles à qui je donne des cours combien elles ont de la chance de voir et d’entendre ce qui se passe ailleurs.

Vous avez fait le choix de vivre à Bruxelles ?

Manou Gallo : C‘est venu quand j’ai intégré le groupe Zap Mama et je suis restée. La Belgique est mon pays d’adoption. Il y a beaucoup d’amour entre nous. Il y a même un portrait de moi sur les murs de Bruxelles.



Manu Dibango vous avait invitée sur sa dernière tournée et son concert au Grand Rex ?

Manou Gallo: Il m’a toujours soutenue et donné des conseils. Cela fait avancer d’être entourée d’artistes comme ça. On a toujours des doutes, même si on a un caractère bien trempé. Ça prend du temps pour que les choses et les mentalités évoluent. Je crois qu’on commence à entendre ce que je veux faire.

Il paraît que les jeunes ivoiriens vous appellent « la vieille mère » ?

Manou Gallo : Oui et cela me touche. Chez nous, c’est un signe de respect.

Entretien réalisé par Annie Grandjanin


  • Album « Aliso » en deux volumes de 5 titres chacun (Contre-Jour/Believe)
  • Concert le 16 novembre 2021, à 20h30, au Studio de l’Ermitage, 8, rue de l’Ermitage, 75020 Paris. Tél.: 01.44.62.02.86

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur : annieallmusic.blogspot.com


 

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