zoufris maracas album bleu de lune
Zoufris Maracas revient avec "Bleu de lune". Un album aux sonorités voyageuses qui nous emmène du côté du Cap-Vert, de Madère et de Sète où leurs nouveaux morceaux ont été composés ©Zoufris Maracas)

Musique. Rencontre avec Vincent Sanchez, leader de Zoufris Maracas qui revient avec « Bleu de lune ». Un album sorti juste avant la crise du Covid-19 et le confinement, aux sonorités exotiques, textes engagés et influences voyageuses. Une fusion musicale joyeuse et combative où le groupe originaire de Sète, conscient des préoccupations d’aujourd’hui, réaffirme son désir de fraternité humaine.

« J’ai l’impression aujourd’hui qu’on est au bord du point de rupture. Il faut chanter ensemble nos convictions pour se rendre compte qu’on n’est pas tous seuls à les avoir. Je vois mal comment on pourra faire face aux choses sans s’allier. On va devoir compter de plus en plus sur l’autre » – Vincent Sanchez, leader de Zoufris Maracas.

Une bonne dose de passion voyageuse et d’énergie collective jamais démentie depuis leurs premier album « Prison dorée » (2012), au service de textes engagés et de groove anti-système. Les Zoufris Maracas se rappellent à nous avec la sortie, juste avant le confinement, de leur quatrième album « Bleu de lune ». Un opus qui nous emmène du côté du Cap-Vert, de Madère et de Sète où leurs nouveaux morceaux ont été composés. Un répertoire aux sonorités exotiques teinté de saudade, rumba, jazz manouche, tempos chaloupés latinos, cuivres, percussions caribéennes et de chansons interprétées en français ou en espagnol. Une fusion musicale joyeusement combative où les Zoufris réaffirment leur désir de fraternité humaine. Larguons les amarres pour des contrées faites d’allégresse et de solidarité qui nous aident à rêver d’ailleurs en cette période d’isolement, avec Vincent Sanchez, leader du groupe, interviewé  peu avant la crise du Covid-19.

« Bleu de lune » est un album voyageur, avec ces sonorités « exotiques » venues des quatre coins de la planète. Comment l’avez-vous imaginé ?

Vincent Sanchez : On a essayé de mettre en commun la fabrication des musiques au sein du groupe. On a voulu une démarche collégiale, avec plus de marge de manœuvre dans les compositions, ce qui n’est pas plus simple, parce qu’il faut tenir compte de l’avis de tous les membres du groupe. Ça été un peu houleux parfois, mais on accouche toujours dans la douleur ! (rires).

Malgré la misère du monde que vous évoquez souvent, vos mélodies sont très dansantes. Une manière de réchauffer les cœurs et d’être ensemble ?

Vincent Sanchez: J’ai l’impression aujourd’hui qu’on est au bord du point de rupture. Il faut chanter ensemble nos convictions pour se rendre compte qu’on n’est pas tous seuls à les avoir. Je vois mal comment on pourra faire face aux choses sans s’allier. On va devoir compter de plus en plus sur l’autre. En même temps, le propos de cet album est moins véhément que les précédents. On a voulu  mettre en avant nos sensibilités personnelles, qui ouvrent au libre arbitre.

« Sa majesté la mer » est une chanson émouvante sur les migrants. Faut-il y avoir un appel à plus de solidarité envers tous ceux qui sont obligés de quitter leur pays?

Vincent Sanchez : Je voulais nous mettre dans la barque. On ne peut pas laisser crever des gens comme ça. Cela  me paraît important de parler de ce sujet tellement notre humanité se délite à vitesse grand V. Au Cap-Vert, où j’ai écrit la chanson, j’ai croisé un paysan ivoirien. Il m’a raconté sa traversée du désert, la Lybie, les fois où lui et ses potes se sont fait prendre en otages. On appelle les familles, on leur confisque les passeports et on leur dit « on va te tuer si tu n’envoies pas de l’argent à telle adresse ». Puis, tout le monde monte dans les bateaux qui se cassent sous le poids des passagers. Et ils se retrouvent comme ça à paniquer au milieu de la Méditerranée, avec des gamins, des femmes enceintes jusqu’à ce qu’un bateau viennent les récupérer. Quand on vous raconte des histoires comme ça, ça fait froid dans le dos. On assiste à un déni de souffrance humaine qui est insupportable. C’est  comme cela qu’on a pris contact avec le bateau SOS Méditerranée, où on a fait une vidéo sur leur bateau. On essaie de pousser les gens au don.

Vos chansons mêlent souvent poésie et engagement social. Comment vous apparaît le paysage politique actuel en France, que vous évoquez dans la chanson « Parasite » ?

Vincent Sanchez : Pour « Parasite« , j’ai pensé à l’affaire Fillon, aux élections.  Il y a de plus en plus d’argent détourné par les politiques au nez  et à la  barbe du peuple, c’est magnifique ! J’ai écrit cette chanson  parce que je suis dépité. Il y a un foutage de gueule à tout va. Les politiques se moquent du monde et ils ne passent jamais en procès. Ces mêmes gens qui détournent, envoient l’argent dans des paradis fiscaux, magouillent et qui demandent au peuple de faire des efforts.  La situation s’est totalement dégradée. Monsieur Macron a réussi à foutre en l’air le pays. C’est affligeant.

Quel message avez-vous envie de faire passer en 2020 ?

Vincent Sanchez: Continuer à lutter, même cela paraît désespéré vu le monde dans lequel on vit. Si on ne luttait pas, ça serait la fin de tout. Macron ne va sûrement pas rester longtemps au pouvoir. Il faudra faire mieux que lui,  que les gens se parlent, qu’on arrête de se méfier des autres. Il y a des millions de déplacés par l’immigration. Il faut qu’on s’entraide. Si on est un peu lucide, quand on regarde l’avenir climatique de la planète, il va vraiment falloir passer un cap dans la façon de vivre ensemble.

Entretien réalisé par Victor Hache

  • Album « Bleu de lune » – Wagram music/Chapter Two

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