josphine tassy
Joséphine Tassy publie "L'Indésir", son premier roman (DR)

Livres « L’Indésir ». Joséphine Tassy explore le sentiment d’indésir dans ce premier roman qui bouscule la syntaxe, joue avec les formes, oublie la ponctuation et donne naissance à des fulgurances littéraires et des aphorismes sublimes.


« Joséphine Tassy : La force de « L’Indésir » tient à son style particulier, sa syntaxe bousculée, l’oubli de la ponctuation qui donne un rythme à ce premier roman aux sublimes fulgurances littéraires


Joséphine Tassy
Josephine Tassy : « L’Indésir »

Nuria le personnage principal et narratrice de « L’Indésir » de Joséphine Tassy ne sait pas désirer, ne l’a jamais appris ou ne se l ‘autorise pas. Le désir est un apprentissage et Nuria ne l’a pas eu. Elle a été aimée par son père qui l’a élevé, par sa grand-mère Maja. Elle est aimée mais ne sait pas être aux autres.

Cette  jeune femme bien dans son époque apprend par un coup de fil dans la nuit après une soirée festive où elle est rentrée avec un garçon, la mort de sa mère.

Cette mère qu’elle n’a pas vu depuis huit ans. Pas vraiment fâchées juste une forme d’indifférence maternelle avec laquelle elle a dû composer. Une impossibilité pour sa mère d’être mère. C’est l’absence du sentiment maternel qui est creusé, qui n’est sans doute pas inné.

C’est de ce point de départ que s’amorce une sorte de voyage dans Paris à la rencontre fortuite ou non des personnes qui ont côtoyées sa mère et qui peuvent lui en dire quelque chose. La tristesse de ne pas être vraiment endeuillée la porte à lâcher prise

Nuria se laisse aller ainsi à la rencontre romanesque accompagnée de ce garçon d’un soir, Abel, valeureux chevalier servant, bienveillant et brillant de son halo d’amour pour l’éclairer sans l’éblouir.

Nuira sort du cimetière du Père Lachaise. Elle ne cherche rien sauf son porte-monnaie perdu. Et les personnes viennent à elle, certaines sont de sa famille comme l’oncle éploré et ambigu et la tante vacharde, mais aussi une ancienne amante sa mère la sublime Salomé, ou  le gros Garcin son Pygmalion.



Une galerie de portraits qui dessine en creux la personne de sa mère. Elle va appendre à la connaître par bribes. C’est épique joyeux jamais triste.

La force de ce livre tient aussi à son style particulier, sa syntaxe bousculée, l’oubli de la ponctuation qui donne un rythme, les poèmes entrelacés entre les chapitre en prose, des fulgurances littéraires et des aphorismes sublimes.

Au bout de ce parcours initiatique à rebours et en flash-back, Nuria qui croît ne pas avoir besoin d’être consolée, sauvage et libre va apprendre à s’attacher et à désirer pour de vrai.

Un très beau passage. Ce qu’elle aimerait dire à sa tante vacharde : « Constance t’avais qu’à m’aimer moi et t’avais qu’à séduire, c’est pas bien compliqué. Tu es jalouse d’une vie que tu aurais pu avoir si tu l’avais choisie. Faut se méfier des désirs ignorés. Ils reviennent foutre des claques déguisés en rancœur. »

Véronique Sousset

  • A lire : « L’Indésir » de Joséphine Tassy. Editions L’Iconoclaste, 400 pages, 20,90€

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