l'art de nager le crawl
"L'Art de nager le crawl" de Johnny Weissmuller (photo) (c) DR

Livres. Avant d’incarner Tarzan, le roi de la jungle de Hollywood, Johnny Weissmuller fut le plus grand champion de natation dans les années 1920. En 1930, il rédigeait « L’Art de nager le crawl »,  un livre en forme de méthode- tant curiosité littéraire que bréviaire pour pratiquer la nage libre… et plonger le bain de la vie avec style !


« L’Art de nager le crawl » de Johnny Weissmuller : il a été  le Tarzan de Hollywood, le roi de la jungle sur grand écran


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« L’Art de nager le crawl » de Johnny Weissmuller

A n’en pas douter, on est bien dans la belle saison. Après « L’Etreinte de l’eau », l’impeccable air de liberté vanté par l’Académicienne française Chantal Thomas, et « Le Nageur », la brillante et émouvante biographie d’Alfred Nakache par le juré Goncourt Pierre Assouline, nous voilà invité.e.s à plonger tête la première dans « L’art de nager le crawl ». L’auteur de ce texte paru originellement en 1930 et en VF en 1931 ? Johnny Weissmuller… Oui, le Tarzan de Hollywood, le roi de la jungle sur grand écran.

Oui, surtout celui qui fut, dans une première vie aux alentours de la vingtaine dans les années 1920, le plus grand nageur de l’époque. Les experts ès nage prennent plaisir à rappeler ses exploits aux Jeux olympiques de Paris en 1924 avec trois médailles d’or (100 mètres, 400 mètres, relais 4×200 mètres) et une de bronze avec l’équipe états-unienne de water-polo.

Né János Péter Weissmüller en Hongrie en 1904 dans une famille allemande qui émigre aux Etats-Unis alors qu’il n’a que 7 mois, il vient à la natation à 9 ans pour corriger les effets d’une polio. A 18 ans, il devient le premier au monde à nager le 100 mètres sous la minute : 58 secondes 6/10, et s’entraîne, depuis deux ans, à l’Illinois Athletic Club de Chicago, avec Bill « Big » Bachrach (1879-1959).

Celui-ci lui lancera, lors de leur première rencontre : « Tout d’abord, tu dois oublier tout ce que tu as appris. Jure que tu travailleras avec moi sans te poser de questions et sans chercher d’excuses. Tu seras un esclave et tu me haïras. Mais tu battras tous les records que tu voudras ». Johnny Weissmuller remportera des médailles olympiques à Paris (1924) et Amsterdam (1928) et battra des records…

La presse européenne de l’époque avait été bluffée par ce jeune Américain, beau gabarit (1m90 pour 85 kilos), allure décontractée avec toujours un peigne dans la poche de sa veste… Weissmuller sera, un temps, nageur professionnel et maître-nageur, avant de devenir acteur à Hollywood enfilant le pagne de Tarzan, le roi de la jungle. Maître de nage, naturellement, il écrivit un livre- entre méthode et réflexions.

Paru en 1930, l’opuscule était titré « Swimming the American Crawl »– il est réédité cette année en VF, c’est « L’Art de nager le crawl » (attention, avec Weissmuller, c’est le crawl américain tellement différent du crawl australien !).


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Dans le chapitre 4 intitulé « Détails importants dans les courses », page 31, l’auteur précise : « La natation, à la différence de presque toutes les autres branches de l’athlétisme, demande un certain lâcher-prise. Elle requiert cette détente non seulement pour vous faire économiser vos forces, mais aussi pour vous permettre d’exécuter vos mouvements à la perfection ».

Et dans les pages de ce texte, on a la confirmation que nager le crawl est un art… En dix-neuf chapitres, le maître de nage alterne les conseils et préceptes techniques (sur, entre autres, la posture corporelle et la respiration) et les confidences personnelles, comme les temps faibles (« Ma carrière, dans les championnats, ne fut pas un bonheur sans mélange, du début à la fin. J’eus mes hauts et mes bas, comme tout le monde ») et forts de sa carrière dans les bassins d’eau (« Mes débuts en compétition », « Mes deux participations aux Jeux Olympiques »,…).

Au hasard des pages, entre les lignes d’eau, en quête du mouvement parfait pour accéder à la fluidité des grands champions, Weissmuller préconise aussi un régime alimentaire strict sans viande mais avec fruits, rappelle que la victoire est la conséquence de l’accumulation de petits détails (comme l’angle très précis à respecter lorsqu’on lève le coude)…

Interné dans un hôpital psychiatrique à Acapulco (Mexique), Johnny Weissmuller est mort en 1984, dévasté par les pensions versées à ses cinq ex-épouses et la consommation abusive de whisky. N’empêche ! « L’Art de nager le crawl », curiosité littéraire, demeure le bréviaire des rudiments essentiels et nécessaires pour pratiquer la nage libre… et plonger le bain de la vie avec style !

Serge Bressan

A lire : « L’art de nager le crawl » de Johnny Weissmuller. Traduit par Michel Vaucaire. Séguier, 176 pages, 19 €.


EXTRAIT

« L’art d’apprendre à nager varie selon l’âge de l’élève. Les jeunes garçons ont besoin de peu de leçons pour se sentir à l’aise dans l’eau. Ils peuvent apprendre les rudiments et les mouvements simples de la natation, rien qu’en se mettant à l’eau.

        Avec les sujets plus âgés, la chose est différente. Ils ont besoin de beaucoup de leçons et d’un professeur patient. Ils ont trop d’idées préconçues. Là où l’enfant reste téméraire, prêt à n’importe quelle expérience, l’adulte est méfiant (…).

        Un des moyens les plus rapides pour apprendre à nager aux enfants est de leur faire faire la planche. Cela leur semble magique, surtout aux garçons enrobés. Ils comprennent aussi tôt que l’eau supporte le corps et ils veulent, tout de suite, en apprendre un peu plus long… »


 

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