quelques cafés italiens patrick mauries

Arrêt obligé en vacances aux terrasses des cafés d’Italie, place Saint-Marc à Venise ou place Navone à Rome, on se délecte d’un cappuccino ou d’un chocolat saupoudré de cannelle. Un moment privilégié dans des lieux somptueux et hors du commun, dont certains datent du XVIIIè siècle, évoqués par Patrick Mauriès dans son élégant livre « Quelques cafés italiens ».

La Péninsule conserve de nombreux vestiges de cafés d’autrefois à l’atmosphère unique, dont certains datent du XVIIIe siècle où se revoient des habitués. Ils s’inscrivent dans la ville, déterminent un corps social particulier dont témoigne le joli livre de Patrick Mauriès.

café historique barrati turinNathalie Sarraute disait ne pouvoir écrire que dans le brouhaha et l’effervescence des cafés à Paris, tout comme ses lignes rédigées par Patrick Mauriès, en Italie, un amateur – celui qui aime – du breuvage et du lieu. Le San Carlo, à Turin, le Greco, le Caffè la Victoria, à Venise, le Gilli, à Florence, le bar Cristallo, à Bologne… la Péninsule conserve de nombreux vestiges, dont certains datent du XVIIIe siècle où se revoient des habitués. Ils s’inscrivent dans la ville, déterminent un corps social particulier. Avec le mythe balzacien au XIXe siècle, le café savoure une énergie créatrice.

café italienQu’est-ce qui nous fait y revenir ? Pour faire son entrée sur une scène de théâtre et suprême privilège de la représentation : voir et être vu. C’est un itinéraire de passage avec ses familiers, ses codes, ses rituels vestimentaires, gestuels, où l’aficionado dépend de la prouesse et de la bienveillance du serveur. Cet espace de l’entre-deux, intermédiaire entre le professionnel et l’intime, le dedans et le dehors se fait « l’écho d’une parole libératrice », une  » boîte à politique », permettant « l’insurrection de la vérité ».

L’aléatoire y règne en maître, le caféinomane vole un regard, l’ovale d’un visage, l’intonation d’une voix, on ne perd jamais son temps au café, on l’organise. Le temps s’étale, s’étire, s’allonge, mais selon des règles qui s’imposent sur l’informel du quotidien. Quant à la dégustation du squaglio (chocolat et cannelle), du mischio (café et chocolat), de l’aurora (café, lait, chocolat), du cappuccino ou du cafè macchiato (expressos surmontés d’une mousse de lait crémeuse et sucrée pour l’un, d’une légère mousse de lait pour l’autre), c’est une affaire de délectation, de dévotion, d’offrande, de don, le temps alors est en suspens.

café historique italienAu cœur de cette micro-société au centre de la cité, et malgré le ballet savamment agencé des serveurs, la mélancolie s’insinue devant des élans impossibles ; l’habitué face aux corps qui apparaissent, glissent et s’évaporent, à l’esquisse d’un sourire, au frôlement d’un bras peine à s’accrocher à une histoire, ne serait que les prémices d’une rencontre. Reste le désir du lendemain de retrouver ces mêmes repères. Disparus depuis.

« Quelques cafés italiens », Patrick Mauriès – Arléa, 97 pages, 9 euros

Lire: Maryse Bastié, aviatrice pionnière, idéaliste et résistante :  https://www.weculte.com/litterature-2/livre-maryse-bastie-aviatrice-pionniere-idealiste-et-resistante/

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