semaine de lecture stefania auci
Stefania Auci publie "Les lions de Sicile" (photo) Cristina Dogliani

Livres We Culte. Pour cette semaine de lecture, avec Stefania Auci, direction la Sicile pour une saga familiale entre « success story » et drame d’amour. On enchaîne avec Marceline Loridan-Ivens qui nous offre son ultime hymne à la vie. Et, enfin, la correspondance sur plus d’un demi-siècle d’une « bande des sept » qui, en France, a fait vivre le « Nouveau Roman ». Trois suggestions pour une belle semaine de lecture.


Les livres de la semaine : Stefania Auci, Loridan-Ivens, « Nouveau Roman »   


STEFANIA AUCI : « Les lions de Sicile »

les livres de la semaine stefiania auciFin du 18ème siècle après un tremblement de terre, les deux frères Florio, Paolo et Ignazio, quittent leur terre de toujours, la Calabre. Direction Palerme, capitale de la Sicile. Tous deux sont issus d’un milieu modeste ; tous deux sont habités par la passion et l’ambition et comme le reste de leur famille, ils cultivent l’ambition d’avoir leur place parmi les puissants de la ville. Voilà le début de la saga écrite par l’enseignante italienne Stefania Auci, déjà remarquée pour un roman historique, « Florence », publié en 2015. Et là, l’auteure a fait fort : en Italie, « Les lions de Sicile » (premier tome de la saga des Florio) a explosé les tops et autres hits de vente. « Le livre phénomène », assure l’éditeur, et la presse transalpine n’a pas hésité à ranger « Les lions de Sicile » au même niveau que « L’Amie prodigieuse », la saga best-seller mondial d’Elena Ferrante. Parce qu’avec Stefania Auci, on est dans la saga XXL.

Ainsi, avec Paolo et Ignazio Florio, le lecteur suit l’épopée d’une des plus grandes dynasties italiennes qui deviendront légendes. Evidemment, dans ces pages follement épiques, on tombe sur des notables de Palerme qui dédaignaient les frères Florio, ces étrangers dont « le sang pue la sueur ». Paolo et Ignazio se sont lancés dans le commerce des épices- c’est le début d’une irrésistible ascension sociale. Le début également de ce qui va devenir un véritable empire économique. Mais la romancière italienne n’a pas oublié que derrière toute « success story», rode souvent le drame. Et les Florio n’y échappent pas : les deux frères aiment la même femme…

  • « Les lions de Sicile » de Stefania Auci. Traduit par Renaud Temperini. Albin Michel, 562 pages, 21,90 €.

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MARCELINE LORIDAN-IVENS : « C’était génial de vivre »

les livres de la semaine marceline loridan ivensEn fin d’un délicat prologue, le réalisateur David Teboul et l’avocate Isabelle Wekstein-Steg écrivent : « Pendant des jours, nous t’avons filmée. Pendant des années, nous t’avons écoutée. Ceci est ton dernier récit ». Un dernier récit joliment titré « C’était génial de vivre ». Le dernier récit de Marceline Loridan-Ivens qui nous avait autant bouleversés qu’enchantés avec deux livres précédents, « Et tu n’es pas revenu » (2015) et « L’Amour après » (2018). Survivante d’Auschwitz-Birkenau, « sœur de déportation » de Simone Veil (1927- 2017), née Marceline Rozenberg à Epinal (Vosges), elle s’est longuement raconté en 2017- 2018 avec David Teboul et Isabelle Wekstein-Steg, confiant entre autres qu’elle ne supportait ni la plainte ni les regrets ni la culpabilité.

Peu après, le 18 septembre 2018 à 90 ans, elle s’en allait à jamais- lors de son enterrement, la rabbine Delphine Horvilleur a évoqué « une avocate féroce de l’humanité, qui va plaider comme personne pour sa génération » quand elle demandera des comptes à Dieu… Ce Dieu dont elle aimait dire, d’un « rire généreux et sarcastique » : « Je l’emmerde. Il n’avait qu’à être là en 1942 »… Et au fil des pages pétillantes de quelques bonheurs et d’un immense malheur, celle qui a toujours pesté contre sa petite taille a rappelé que son nom de naissance veut dire « montagne de roses » et raconté. Tout. Sa vie, sa famille, son père. Son arrestation et la déportation à Auschwitz. Et puis les engagements politiques. Et encore le cinéma. Et enfin, et surtout l’amour. « C’était génial de vivre », disait Marceline Loridan-Ivens…

  • « C’était génial de vivre » de Marceline Loridan-Ivens. Avec David Teboul et Isabelle Wekstein-Steg. Les Arènes, 184 pages, 15 €.

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« NOUVEAU ROMAN. Correspondance 1946- 1999 »

les livres de la semaine nouveau romanThéoricien de la littérature, Jean Ricardou (1932- 2016) assurait que « le roman n’est plus l’écriture d’une aventure, mais l’aventure d’une écriture ». Il définissait là la raison d’être du « Nouveau roman », mouvement littéraire apparu en France au début des années 1950 et nommé ainsi par un critique en 1957. Un mouvement porté par les Editions de Minuit dirigé par Jérôme Lindon et qui déclare la mort du personnage. Parmi les « nouveaux romanciers », on trouve Michel Butor, Claude Mauriac, Claude Ollier, Robert Pinget, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute ou encore Claude Simon. De cette « bande des sept », Gallimard publie « Nouveau Roman. Correspondance 1946- 1999 ». Une correspondance à sept voix entre amis. Un livre en quatre parties : Avant le nouveau roman : premières explorations, premiers contacts (1946- 1956) ; Le moment nouveau roman (1957- 1962) ; A partir des années 60 ; Détentes et vieilles amitiés (1971- 1999). Soit près de 330 pages présentées et annotées par Carrie Landfried et Olivier Wagner. Au fil des échanges, des amitiés se tissent, se dénouent. Robbe-Grillet (qui sera élu à l’Académie française où il se fera un devoir de ne jamais y siéger…) tient une grande place, occupant l’essentiel de la correspondance de la première partie. Dans les lettres des uns et des autres, cohabitent marques d’affection, pointes de désaccords ou encore soutiens- l’un lit et commente les écrits et livres de l’autre. « Nouveau Roman », c’est aussi (l’esquisse de) la réponse à quelques questions dont une, définitive : le « nouveau roman » a-t-il vraiment existé ?

  • « Nouveau Roman. Correspondance 1946- 1999 ». Gallimard, 336 pages, 20 €.

Serge Bressan 

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