les livres qu'on aime : Nancy Huston publie
Les livres qu'on aime : Nancy Huston publie "Francia" (c) AFP - Ulf Andersen

Les livres qu’on aime. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Francia » de l’impeccable Nancy Huston pour un récit dans le bois de Boulogne avec une transsexuelle et sa journée de travail avec dix-sept clients. On enchaîne avec « Annie Ernox. Les soldes chez But » de Pascal Fioretto, le « génie du pastiche », qui se glisse dans les mots d’Annie Ernox, « prix Nobel de littératchure ». Enfin, on boucle la semaine avec le formidable Riton Liebman pour « La vedette du quartier », un livre-confession entre humour à la sauce Allen et surréalisme belge.

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Les livres qu’on aime : « Francia » de Nancy Huston

NANCY HUSTON : « Francia »

Se colleter au réel, s’en approcher au plus près… Auteure de belle réputation, la Franco-Canadienne Nancy Huston est de retour avec un livre délicatement humain, furieusement politique. C’est titré simplement « Francia »– un pays, un prénom pour cette héroïne née en Colombie, village de Girardot dans une famille pauvre.

Le père est violent, n’a qu’un langage : il cogne sur son fils qui, à l’adolescence, file à Bogota, subit une transformation et s’envole pour Paris et ce pays qui deviendra son prénom. Au bois de Boulogne, dans l’ouest parisien, elle travaille. Prostituée dans ce marché du sexe à ciel ouvert…

Dans ce livre, l’auteure la suit pendant une journée, raconte ses dix-sept clients. Une journée dans la vie d’une travailleuse du sexe- Nancy Huston : « En alternance avec des épisodes de son histoire, il y a des portraits des dix-sept clients qu’elle reçoit ce jour-là. Cela fait comme une mosaïque de la France contemporaine : « Francia » veut dire aussi cela ».

Et de préciser que 99% des clients de la prostitution sont des hommes : « Je ne mets pas en scène ces hommes pour les montrer du doigt, mais pour dire que la prostitution n’est pas ce que l’on raconte : elle tourne autour de la sexualité des hommes, pas celle des femmes ». Un texte cinglant…

« Francia » de Nancy Huston. Actes Sud, 304 pages, 22 €.

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Les livres qu’on aime : « Annie Ernox. Les soldes chez But » de Pascal Fioretto

PASCAL FIORETTO : « Annie Ernox. Les soldes chez But »

Dans la foulée de maître que fut le duo Burnier- Rambaud, Pascal Fioretto pratique le pastiche comme d’autres le sprint. Avec une facilité insolente. Après des œuvres définitives comme « Gay Vinci Code », « Et si c’était niais ? » ou encore « L’Anomalie du train 006 », en ce printemps naissant, il nous fait offrande d’un nouvel et délicieux pastiche, joliment titré « Annie Ernox. Les soldes chez But ».



Et l’éditeur, facétieux, y est allé d’un bandeau rouge qui ceint l’ouvrage avec la mention « Prix Nobel de littératchure ». L’auteur, tenu pour un « génie du pastiche » ou encore « un trublion des lettres », précise que ce livre est dédié « à tous les mal-meublés, même si ce sont des hommes et même s’ils ne savent pas lire ».

Et voilà embarqué.e.s dans les pas d’Annie Ernox- auteure fameuse, une dizaine de livres à son actif où elle raconte sa vie, les retards du RER, les pannes d’ascenseur, bref ce qui fait la condition humaine…

Elle succombe à G., milliardaire qui lui fait découvrir la misère des ultrariches. Peu après, elle le quitte, reçoit le Nobel de littératchure et file enseigner dans une université américaine progressiste. Et après son Nobel, elle a écrit « Les soldes chez But ». Rien moins qu’un voyage aussi fou qu’halluciné en Caddy ! Roulez jeunesse…

« Annie Ernox. Les soldes chez But » de Pascal Fioretto. Hérodios, 98 pages, 12 €.

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Les livres qu’on aime : « La vedette du quartier » de Riton Liebman

RITON LIEBMAN : « La vedette du quartier »

Comme un aveu : « Je croyais que le bonheur, c’était ne rien foutre et sortir toute la nuit ». Des mots de confidence signés Riton Liebman, acteur, réalisateur (le formidable « Je suis supporter du Standard »), né le 29 janvier 1964 à Bruxelles, et maintenant écrivain puisqu’il nous glisse un premier texte fameux, « La vedette du quartier ».

On est en 1977, Riton a 13 ans et s’ennuie dans la capitale belge. Il repère une annonce pour un casting, le réalisateur Bertrand Blier cherche alors un gamin pour son prochain film, « Préparez vos mouchoirs » avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et la magnifique Carole Laure.

Quelques mois plus tard, devenu la vedette du quartier, Riton partage l’affiche avec les trois stars. A 16 ans, il s’installe seul à Paris- sa carrière d’acteur est lancée, du moins le croit-il. Dans ce Paris des années 1980, ce sont tentations, embûches et déceptions. Riton va plonger, les pièges sont partout.

Aujourd’hui, une quarantaine d’années plus tard, il (se) raconte. Avec un sens aiguisé du moindre détail. Avec un don pour l’humour qui balance à chaque page entre le sourire à la Woody Allen et le surréalisme belge. Inévitablement, on est supporter de Riton Liebman, hier vedette du quartier à qui on demandait encore et encore : « Et Carole Laure, tu l’as vraiment b… ? »

« La vedette du quartier » de Riton Liebman. Séguier, 290 pages, 21 €.

Serge Bressan

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