les livres de la semaine william boyd
William Boyd. Ulf Andersen / Aurimages

Livres We Culte. Pour cette semaine de lecture, direction la station balnéaire de Brighton pour le tournage d’un film avec William Boyd. On enchaîne avec Don DeLillo qui raconte un bug qui met à l’arrêt, un soir de 2022, le Super Bowl. Et avec Franck Thilliez– l’un des auteurs le plus lus en France, on plonge dans un thriller tiré au cordeau. Voici nos trois suggestions de lecture. 


Les livres de la semaine : William Boyd, Don DeLillo et Franck Thilliez   


trio william boydWILLIAM BOYD : «Trio»

Ce pourrait être une farce tendre. Ou encore une sérénade. Et pourquoi pas un trio majeur… C’est tout ça, et c’est surtout le seizième et nouveau roman du Britannique William Boyd, au titre tout simple : « Trio ». A 69 ans, Boyd fait son cinéma, lui qui a connu le succès dès son premier roman (« Un Anglais sous les tropiques », 1981) et « pense que c’est la chance qui dirige la vie ». Pour plateau de tournage, le romancier a choisi Brighton– station balnéaire de la côte sud de l’Angleterre, on est en été 1968, ce qui n’a pas dans ce « Trio » une grande importance !

C’est le temps des « Swingin’ Sixties », trois personnages sont réunis pour le tournage d’un film. Les trois, apprend-on vite, ont une double vie. Il n’en faut pas plus à Boyd pour s’amuser comme un petit fou. Ainsi, au hasard des pages, on va cheminer avec Talbot Kydd, le producteur qui se demande comment il va effectuer son « coming out ». Avec Anny Viklund, la comédienne aux allures d’une Bardot jeune, qui s’envoie en l’air chaque soir avec son partenaire du film et qui voit son ex-mari terroriste en cavale débarquer sur le tournage dans le tournage et est pistée par la CIA. Et enfin, avec Elfrida Wing, la femme du metteur en scène qui a, dans le passé, écrit un roman qui l’a consacrée comme la « nouvelle Virginia Woolf » mais qui, depuis, a perdu l’inspiration et se noie dans des litres de gin tonic… Une fois encore, homme de mots et d’images, William Boyd joue avec ses personnages, des êtres désemparés auxquels on s’attache. Dans ce monde des apparences, demeurent tendresse et jubilation.

  • «Trio» de William Boyd. Traduit par Isabelle Perrin. Seuil, 428 pages, 22 €.

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don delillo le silenceDON DELILLO : «Le Silence»

Depuis une cinquantaine d’années et la parution d’«End Zone» en 1972 («Americana », en VF), il enchante les lettres mondiales avec des romans, des nouvelles et des pièces de théâtre. A 84 ans, l’Américain Don DeLillo est, pour notre plus grand bonheur de lecteur, toujours là, et bien là. A preuve, son récent roman, « Le Silence ». Format mini (à peine 110 pages) mais réussite maxi ! Ecrivain qui continue à rédiger ses romans sur sa vieille machine à écrire, il place son nouveau texte en 2022, le jour du Super Bowl- la finale du football américain qui doit opposer les Seahawks et les Titans, chaque année, réunit environ 100 millions de téléspectateurs aux Etats-Unis.

Cinq personnages : deux couples, un homme. Jim et Tessa, l’homme et la femme du premier couple quittent Paris direction l’Amérique, ils sont à bord de l’avion. Le second couple, Max et Diane, et leur ami Martin sont dans l’appartement à New York- ils préparent la soirée télé Super Bowl. Soudain, tout s’éteint. Les écrans- dans l’avion, dans l’appartement… Panne mondiale. La planète à l’arrêt, elle qui s’est donnée au tout-informatique. Bug géant. Que faire ? L’avion se pose en catastrophe. Dans l’appartement, Max improvise le commentaire d’un Super Bowl imaginaire tandis que Martin n’arrête pas de raconter son admiration, son obsession pour Albert Einstein. Dans ces quelques pages qui emmènent le lecteur dans une plongée dans le silence et le bruit blanc, en creux, Don DeLillo pose la question : qu’est-ce que parler ? Un grand texte, un livre essentiel

  • «Le Silence» de Don DeLillo. Traduit par Sabrina Duncan. Actes Sud, 114 p, 11,50 €.

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franck thilliez 1991FRANCK THILLIEZ : «1991»

Dans l’univers des séries télé, on appelle cela un préquel- autrement dit, un épisode dont l’action se situe avant celle des épisodes précédents. Considéré comme l’un des maîtres du thriller « à la française », Franck Thilliez a donc fait sien le principe de la série télévisuelle pour son nouvel et onzième roman policier simplement titré « 1991 ». Ainsi, pour ce livre bénéficiant d’un premier tirage de 170 000 exemplaires, il met en scène son personnage fétiche, Franck Sharko- on l’avait découvert en 2004 dans «Train d’enfer pour Ange rouge », alors flic de 43, peut-être 44 ans.

Dans « 1991 », Thilliez signe un retour dans le temps, on retrouve Sharko jeune homme de 30 ans tout juste sorti de l’Ecole de police, il débarque au 36 Quai des Orfèvres, siège de la police parisienne ; on l’affecte dans un service où il est la « sixième roue du carrosse », on l’affecte aux archives… Un jour, on le balance sur une enquête- du gore ! Et voilà Sharko et ses équipiers sur la piste d’un tueur en série- sa cible : des femmes. Ainsi, l’une est retrouvée morte, torturée au chalumeau, et une autre est vivante mais a été sacrément violentée. Au fil de l’enquête, Sharko and Co sont face à deux pistes : le vaudou et la prestidigitation. Et passent de la pagode de torture chinoise d’Houdini aux toxines capables de réveiller un mort en Haïti ! Délice suprême de « 1991 » : au début de l’intrigue, deux vers extraits des « Fleurs du mal » de Charles Baudelaire. C’est formidablement documenté, parfaitement écrit. Diablement exquis

  • «1991» de Franck Thilliez. Fleuve Noir, 506 pages, 22,90 €.

Serge Bressan

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