Livre. Une fois encore, Marie-Hélène Lafon emmène lectrices et lecteurs en son Auvergne natale avec « Histoire du fils », son 13ème roman qui court sur trois générations. Une fois encore, un texte tout en raffinement et fluidité.
Auteure de la discrétion et du classicisme, Marie-Hélène Lafon entretient une œuvre toute en raffinement et fluidité- loin des nombrilistes du style. Avec « Histoire de fils », tel un champion de haut niveau, la romancière ne s’est pas contentée d’assurer, avec cette quête du père, l’essentiel. Une fois encore, elle a grandement réussi
Une histoire de famille, sur un siècle. De 1908 à 2008. Une histoire pour trois générations, dans le Lot, dans le Cantal voisin et à Paris. Et pour un mystère qui sera révélé après le mariage du personnage principal d’« Histoire du fils » de Marie-Hélène Lafon qui, à ce jour, a écrit 13 romans et fictions, dont « Le soir du Chien », « L’Annonce », « Joseph » ou encore « Histoires » (Goncourt de la nouvelle, 2016)- l’Auvergne (et plus précisément, le Cantal terre natale de Marie-Hélène Lafon) sert le plus souvent de décor.
Auteure de la discrétion et du classicisme, elle entretient une œuvre toute en raffinement et fluidité- loin des nombrilistes du style. Avec cette « Histoire du fils » ouverte par les mots de Valère Novarina (« Le langage est notre sol, notre chair. Je me représente toujours le chantier comme un creux, une ouverture du sol, et l’avancée d’un texte, sa progression, comme une marche en montagne »), il y a André- le fils.
Le père, il est l’Absent. La mère, c’est Gabrielle mais, partie travailler à Paris, elle a confié son fils à sa sœur et son époux. L’enfant grandit, petit prince près de ses oncle Léon, tante Hélène et cousines, fils et frère qu’il et elles n’ont pas eu ; sa mère vient le voir l’été. Il y a aussi les bonheurs ordinaires, mais aussi le manque. Un manque immense, pour une question : qui est mon père ?
André veut savoir, ne comprend pas l’absence, flaire les traces du père, il guette le vide semblable au gouffre de Padirac- sait-on jamais… Il se marie, le lendemain sa femme lui confie : « Ta mère m’a dit hier pour ton père, il s’appelle Paul Lachalme « … Chez tant d’autres auteur.e.s, on aurait eu droit à une cascade de guimauve et mièvreries ; avec Marie-Hélène Lafon, c’est une « Histoire du fils », la recherche du père désespérément, un texte fluide, découpé en chapitres jonglant avec le temps, tout en allers et retours, déroulant les personnages sans jamais se perdre dans la foule… Une fois encore, tel un champion de haut niveau, la romancière ne s’est pas contentée d’assurer, avec cette quête du père, l’essentiel. Une fois encore, Marie-Hélène Lafon a grandement réussi.
Serge Bressan
- À lire : « Histoire du fils » de Marie-Hélène Lafon. Buchet-Chastel, 176 pages, 15 €.