sophia de seguin la separation
Sophia de Séguin publie son premier roman "La Séparation" - Photo Tom Rollin/Le Tripode

Livre. Sophia de Séguin publie « La Séparation » un premier roman percutant, récit ensauvagé entre obstination de le garder et renoncement à l’être aimé. Un livre mené toutes griffes dehors qui raconte d’une plume directe et crue, l’histoire d’une rupture amoureuse et de la chute qui lui succède. Un texte fort qui gifle, cingle, cogne, claque, sans répit. 

Ce journal plus impudique qu’intime est aussi un cri vibrant et obstiné, celui de l’amour déchu. Avec « La Séparation », Sophia de Séguin ne signe pas qu’un récit. C’est de la littérature, car comme un coup de griffe, il laisse une trace: un style

couverture la separationCe guépard en couverture ne doit rien au hasard ou à la seule esthétique, car comme la gravure, ce récit est mené toutes griffes dehors.
« La Séparation » est moins le récit de celle-ci que celui de la chute qui lui succède. Une chute vertigineuse dans les profondeurs abyssales de la souffrance, à la lisière de la folie. Il sonde l’insurmontable douleur de la perte de l’être aimé qui, s’il n’est pas mort physiquement, n’en est pas moins un deuil impossible tant cet être de chair vibre encore dans le corps et la tête de la narratrice, qui ne nous épargne aucun de ses effets à vif.

Le récit décrit le mouvement perpétuel d’une chute au long cours sur 198 pages, où le texte gifle, cingle, cogne, claque. Il n’y a pas de répit, pas plus d’histoire au sens narratif, sinon celle de Sophia et Adrien qui en sont à la fin. Un amour mort-né, l’échec d’une relation que l’on devine tumultueuse. Nous devenons le spectateur des restes d’une histoire d’amour, de ses lambeaux, de la flétrissure d’une fin banale qui fait mal.

La plume directe, crue, triviale, dérange. La narratrice nous plonge dans une torpeur où il n’est question que de corps, de sexe, de cervelle, d’entrailles, de pensées boueuses qui salissent tout sur leur passage. Ce journal plus impudique qu’intime est aussi un cri vibrant et obstiné, celui de l’amour déchu, qui comme un animal hurlant sature la nuit et fait trembler d’effroi.

Si ce texte est sauvage, la plume comme une griffe de Sophia de Séguin, trace un sillon de littérature. Car l’écriture est travaillée, forte et elle sublime le sujet. Si Sophia est donc avec le monde « en mauvaise intelligence » elle est en revanche avec l’écriture, en bonne compagnie. Extrait: « Adrien revendique sa contradiction, le pathétique de ses effusions et le pathétique plus grand de leur dénégation, non sans consentir toutefois à en voir la laideur. »

La description du combat d’une mouche prise dans une toile d’araignée est d’une méticulosité telle que l’auteure nous attire par là dans le piège où elle est tombée en se jetant sans interdit, une fois de trop, dans le lit de son amour.
Alors elle se venge et retourne la haine contre elle; cette haine qu’elle vomit comme les aliments dont elle se gave pour se remplir.

Le récit au-delà du sujet met au jour le constat désespérant de n’être qu’un, indivisible et faillible, seul capable de ne se donner qu’à soi-même. C’est en cela que ce livre se distingue, ce n’est pas qu’un récit c’est de la littérature, car comme un coup de griffe, il laisse une trace : un style.

Texte Véronique Sousset

A lire « La Séparation » de Sophia de Séguin. Roman, Le Tripode, 198 pages – 16,00 €

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Sophia de Séguin © Tom Rollin

L’Auteure Sophia de Séguin

Née en 1986, Sophia de Séguin a fait des études de lettres puis appris la programmation informatique à l’école 42, dont elle est désormais l’une des ambassadrices. « La Séparation » est son premier texte publié.

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