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William Boyd : l'écrivain britannique publie "Le Romantique" © AFP

ON A LU ET ON ADORE. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Le Romantique » du toujours excellent romancier britannique William Boyd, maître dans l’art de la biographie fictive ; on enchaîne avec Deborah Levy pour « La Position de la cuillère », son nouveau recueil de textes et essais qui forment d’exquises « mémoires en mouvement », et on boucle cette semaine de lecture avec l’Académicienne française Chantal Thomas pour « L’étreinte de l’eau », un livre d’entretiens sur le rôle de l’eau et de la nage dans l’« émancipation des femmes ».

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On a lu et on adore : « Le Romantique » de William Boyd

WILLIAM BOYD : « Le Romantique »

L’aventure, c’est l’aventure ! Surtout quand on embarque avec le romancier britannique William Boyd. Voilà un auteur qui n’a pas son pareil pour conter et raconter les personnages, les grands espaces, les temps forts de l’Histoire.

Une fois encore, il nous en apporte la preuve avec son nouveau et enthousiasmant roman, « Le Romantique ». Un rendez-vous avec Cashel Greville Ross qui, si on en croit Boyd, a vécu de 1799 à 1882. A première lecture, donc, on aurait là un personnage authentique qui vaut bien une biographie !

Au fil des pages, défile la vie étourdissante dudit Cashel. Une vie menée tambour battant, sur un rythme effréné. On est avec Cashel à Waterloo (qu’il préfère nommer bataille de Nivelles), aux Indes, dans le Massachusetts où il monte une brasserie, en Irlande où il est né, à la gare de Graz (Autriche) où il mourra, sans oublier le consulat du Nicaragua à Trieste, Italie…

Et puis, dans « Le Romantique », il y a des femmes. Daisy, la servante qui l’a « déniaisé » ; Claire Clermont, la libertine hypocrite qui lui fait connaitre Lord Byron et Mary Shelley ; Brid Corcoran, l’Irlandaise avec qui il aura deux filles… et puis, et surtout la comtesse Rozzo, Raffaella de son prénom. La seule femme qu’il a aimé toute sa vie. Faut-il ajouter qu’évidemment, Cashel Greville Ross est un personnage de fiction. Bien joué, William Boyd !

  • « Le Romantique » de William Boyd. Traduit par Isabelle Perrin. Seuil, 528 p, 23,90 €.

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On a lu et on adore « La position de la cuillère » de Deborah LevyDEBORAH LEVY : « La Position de la cuillère»

On la dit libre, ou encore intense. On la présente aussi comme « l’amie écrivaine », elle est follement appréciée pour son recueil de miscellanées joliment titré « La Position de la cuillère et autres bonheurs impertinents ».

Deborah Levy, 63 ans, née à Johannesburg (Afrique du Sud) et grandie en Angleterre, a commencé en écriture par le théâtre avant de passer à la poésie et à la fiction en prose. Elle a connu le (grand) succès avec des textes autobiographiques : « Ce que je ne veux pas savoir » (2020), « Le Coût de la vie » (2020) et « Etat des lieux » (2021).

On la retrouve pour un nouvel épisode de son quotidien, c’est « La Position de la cuillère »– un titre qui lui a été soufflé par un voisin qui lui a dit, un jour, la bonne position de la cuillère : sur l’assiette, elle « doit pointer vers l’œuf non l’opposé »

Originellement, les textes variés de ce nouveau recueil ont été publiés dans des revues et des magazines et ont été rassemblés pour une édition livresque d’abord en français. Avec Deborah Levy, on passe allégrement du coq à l’âne, c’est une délicieuse gambade dans ses « mémoires en mouvement »- comme elle aime définir ce genre littéraire qu’elle sert à merveille.

Chez Levy, il y a une cuillère mais aussi le divorce, le poulet rôti, l’ADN venu de Lituanie et aussi des femmes puissantes comme Sylvia Plath, Violette Leduc, Virginia Woolf ou encore Simone de Beauvoir.

  • « La Position de la cuillère » de Deborah Levy. Traduit par Nathalie Azoulai. Editions du Sous-Sol, 208 p, 18,50 €.
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On a lu et on adore : « L’étreinte de l’eau » de Chantal Thomas

CHANTAL THOMAS : « L’étreinte de l’eau »

Membre de l’Académie française depuis 2021, romancière, essayiste et universitaire, Chantal Thomas avoue encore et encore sentir « très fortement un ‘’appel à nager’’, comme une attraction physique ».

L’an passé, elle en avait écrit un (passionnant) texte, « Journal de nage ». En cet été naissant, elle poursuit avec « L’étreinte de l’eau », un livre d’entretiens avec Fabrice Lardreau. La belle occasion pour, à 78 ans, se raconter. Evoquer les deux éléments fondateurs de la femme qu’elle est, née à Lyon entre Rhône et Saône et grandie à Arcachon en bord d’Atlantique : l’eau et le soleil.

Deux éléments qui ont développé chez elle l’autonomie, l’attention à l’instant et à l’impermanence. Cette « étreinte de l’eau », c’est elle qui a fait de Chantal Thomas, le dit-elle avec de jolis mots, une femme libre. Parce que la nage a contribué « à l’émancipation des femmes ».

Nageuse libre, au fil des plages et pages, elle évoque ses voyages de New York à Nice, ses lectures, les personnalités culturelles qui l’ont marquée de Roland Barthes à Patti Smith… Dans le couloir de la nage, c’est l’invitation à l’immersion dans une vie nomade, lancée par Chantal Thomas : « Quand les gens se précipitent vers l’eau, ils sont comme happés par un bonheur qui les dépasse… » ou encore : « La nage peut constituer un bon moyen simplement pour disposer de soi-même ».

  • « L’étreinte de l’eau » de Chantal Thomas (avec Fabrice Lardreau). Arthaud, 172 p, 13 €.

Serge Bressan

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