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Patrick Sabatier : l'animateur publie "La Lettre", son premier roman (c) PQR LE PARISIEN/MAXPPP

Livres/Interview. L’animateur Patrick Sabatier vient de publier « La lettre », un roman inspiré de sa vie et celles de ses parents. A travers, son personnage principal, il se dévoile en filigrane.


Patrick Sabatier : l’animateur sort « La Lettre », un premier roman émouvant


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Patrick Sabatier : « Je referai de la télévision si j’ai une idée d’émission, populaire, digne et bienveillante  » (c) CHRISTOPHE MORIN / MAXPPP

Quand avez-vous pris la décision d’écrire ce roman ?

Patrick Sabatier : C’est ma femme qui est à l’origine de ce livre. Elle m’a dit un jour : « Ta vie est un roman! Tu devrais l’écrire » Plus de 18 mois plus tard, je rendais mon manuscrit aux Éditions du Rocher.

Aviez-vous en tête les personnages depuis longtemps ?

Patrick Sabatier: J’avais en tête ceux d’Adrien et d’Emma, qui incarnent mes parents car ce qu’ils m’ont inculqué et ce qu’ils m’ont appris m’a aidé à être ce que je suis aujourd’hui. Si je n’avais pas été de ce milieu modeste, je n’aurais peut-être pas créé des émissions comme « Avis de recherche », « Le jeu de la vérité’ », « Porte-bonheur », « Atout cœur » qui sont des émissions traits d’union, de retrouvailles, où l’animateur n’est finalement qu’un intermédiaire.

Vous avez toujours considéré que l’animateur ne doit pas être la vedette…

Patrick Sabatier : Oui, je le fais dire à Paul Saran, qui interprète mon personnage dans le livre. Il a pris conscience que les stars peuvent très bien vivre sans lui alors que lui ne peut pas vivre sans les stars. J’ai fait parler beaucoup d’invités dans ma vie alors que j’ai très peu parlé de moi.

Vous avez interviewé de nombreuses stars mais posé peu de questions à votre maman. Le regrettez-vous ?

Patrick Sabatier : Je ne le regrette pas. Je pense qu’il y a des questions que je n’aurais pas osé lui poser de peur d’entendre des réponses que je n’aurais pas dû connaître. Faut-il tout savoir, faut-il connaître toutes les vérités ? J’estime que non, car il y a des choses qui n’appartiennent qu’à l’autre. Je ne me suis jamais senti emprisonné par le secret que révèle ce livre. En revanche, je me suis senti libéré de faire rencontrer ma mère avec l’un de ses enfants dont on l’avait dépossédée. J’ai voulu les rapprocher.

On apprend aussi que la mère d’Emma est morte pendant son accouchement. Ce qui explique qu’elle n’est jamais vraiment été heureuse.

Patrick Sabatier : Je pense que les gens malheureux s’habituent à leur malheur et que les gens pauvres s’habituent à leur manque de moyens. Ils ne se plaignent pas. J’ai été élevé comme ça. Mes parents, qui ne sont plus là aujourd’hui, m’ont appris à me tenir correctement, arriver à l’heure, travailler toujours et encore. J’ai constamment eu cet état d’esprit. Plus j’étais connu, plus je travaillais. Et, pour ça, je ne leur dirai jamais assez merci.

Êtes-vous fier de l’adulte que vous êtes devenu?

Patrick Sabatier : Oui. La chose qui me fait le plus plaisir, est d’avoir été un bon fils. Quand on est un bon fils, je crois qu’on devient un bon père. Quand on a eu une enfance malheureuse, on ne sait souvent pas apporter aux enfants le bonheur dont ils ont besoin. J’ai conscience d’avoir eu le privilège de faire un métier formidable. J’ai considéré avec respect des stars comme Alain Delon, Brigitte Bardot ou Lino Ventura, mais jamais plus que mes parents. Mes parents étaient mes propres stars.



Avez-vous des regrets ?

Patrick Sabatier : Aucun ! J’ai une philosophie, je ne me souviens que des bonnes choses. Je suis à un âge où il est salvateur d’être positif. On ne se nourrit pas de regrets encore moins de rancune. Il faut au contraire faire en sorte que chaque jour soit un jour agréable. Il faut s’enrichir de ce qu’on a vécu, ne pas s’appauvrir. Je peux me regarder dans la glace. Je ne change jamais de trottoir quand je rencontre quelqu’un avec lequel j’ai pu avoir un bout de chemin professionnel amical ou personnel.

Vous reprenez cette phrase de Marcel Pagnol : « La sincérité de la mémoire est plus importante que l’authenticité des faits … Nous retenons ce qui nous ressemble »

Patrick Sabatier : Oui parce que si vous prenez deux ou trois enfants élevés par les mêmes parents, ils vont avoir une vision de leur enfance différente.

Quel regard portez-vous sur la télévision ?

Patrick Sabatier : Nous avons en France une télé de qualité. Je regrette juste qu’il y ait moins d’émissions de variété. Mais la télé c’est comme dans toutes les activités économiques, il y a des cycles. En ce moment, la fiction française se développe. Et, c’est une bonne chose.

Êtes-vous un gros consommateur de télé ?

Patrick Sabatier : Je la regarde beaucoup. La télé m’informe, me distrait, me fait aller dans des endroits où je n’irais jamais. J’adore voir des émissions comme « Échappées belles » ou des documentaires. On oublie trop facilement que la télévision reste une formidable invention, même si on la consomme différemment aujourd’hui. Avant, on la regardait en famille, maintenant on la regarde en solo sur d’autres écrans. Mais ça reste la télé. Quand je suis dans des endroits où je ne peux pas la regarder, je reconnais que ça me manque beaucoup. Oui, la télévision fait partie de mon quotidien.

Est-ce qu’elle manque autant au spectateur qu’à l’animateur ?

Patrick Sabatier : Oui et non. Je suis très exigeant sur ce que j’aimerais faire. Je refuse de refaire des émissions que j’ai déjà faites. J’estime avoir été extrêmement gâté : j’ai créé des émissions qui font partie aujourd’hui du patrimoine de la télévision française.

Et, vous êtes un des rares animateurs et producteurs à n’avoir jamais acheté un concept à l’étranger.

Patrick Sabatier : Oui, j’ai rempli des poubelles de mauvais projets.  J’ai créé « Avis de recherche » en cinq minutes, « Porte-Bonheur » en un an. J’ai eu l’idée d’«Atout Cœur», des gens qui racontent leur rencontre, en écoutant la chanson « Ma plus belle histoire d’amour » de Barbara à la radio. Je referai de la télévision si j’ai une idée d’émission, populaire, digne et bienveillante. Pour l’instant, je ne l’ai pas. Je rencontre régulièrement des patrons de chaîne : je leur dis que le jour où j’aurai une idée dont je pense qu’elle mérite d’être défendue, et qu’ils auront les moyens de la faire grandir, alors oui, je referai de la télé. Mais le moment n’est pas venu. J’ai consacré plus de 18 mois à ce livre. J’ai envie de l’accompagner encore quelques mois. Je suis actuellement sur Europe1, où je fais ce que j’adore, des interviews, le vrai métier de journaliste. Je ne suis pas en manque de quoi que ce soit. Je ne veux pas faire de télévision pour faire de la télévision.

Entretien réalisé par Christian Panvert

  • A lire : « La Lettre » par Patrick Sabatier, 272 pages, 19,90 €. Editions du Rocher

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Patrick Sabatier « La lettre » aux Editions du Rocher.

Le livre :  Rome, 1924. « Le premier cri d’Emma fut le dernier de sa mère… » De l’Italie de Mussolini à la France de Mitterrand, en passant par l’exil de l’entre-deux-guerres, le destin chaotique d’Emma nous entraîne dans une fresque à la fois historique et intime. À l’issue d’un premier mariage malheureux, Emma rencontre Adrien qu’elle épouse en secondes noces et avec lequel elle a deux enfants. Le plus jeune, Paul, devient, trente ans plus tard, un des animateurs-vedettes les plus populaires de sa génération. Mais une révélation tardive fait voler en éclats les certitudes, dévoilant un passé douloureux qu’Emma pensait enfoui à tout jamais. Une lettre, une simple lettre révèle tout. Tout… ou presque !


 

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