Exposition. Après «Trop tard », le photographe Christophe Airaud revient avec « Faire avec peu » : une série de photographies sobres et poétiques réalisées avec un appareil vintage miniature, le Minox Classic Leica M3, dans lequel il a réussi à faire entrer les images d’un monde en plein bouleversement. A voir à la Galerie Rastoll, à Paris, du 30 janvier au 24 février.
Un travail photographique poétique. Voilà bien le maître mot qui anime le photographe Christophe Airaud, qui depuis des années tente de mettre en boite le beau et la fragilité de la vie. Ne comptez pas sur lui pour nous offrir sur un plateau des clichés clinquants et tape-à-l’œil. Au contraire, sa photo sobre laisse entrevoir les nuances des ombres et des lumières, suggère plutôt qu’elle n’affirme et invite à entrer dans des paysages où rien ne semble tout à fait défini, donnant place au rêve.
« Faire avec peu », sa nouvelle exposition, est née de l’achat d’un Minox Classic Leica M3 fabriqué en 2005. Un appareil miniature vintage aux performances largement dépassées loin de la haute technologie d’aujourd’hui, à la vitesse de déclenchement semblable à celle d’un diesel. Autant de défauts qui ont excité l’imaginaire de Airaud. Le photographe en fait son compagnon de jeu pour voir de quelle manière les images du monde qui s’offraient à lui pouvaient entrer dans ce boitier de 7 cm de large, 5 de haut.
Il s’est mis en chasse et en a ramené trois séries : une autour de la Villa Maïtou à Meudon, maison en ruine de Louis Ferdinand Céline « cette crapule d’écrivain génialement infect » dit-t-il ; une sur Biarritz aux images mélancoliques de « fin d’été » ; une autre sur la nature à l’heure du dérèglement climatique.
A cela s’ajoutent cinq pièces uniques réalisées avec la complicité de la brodeuse Brigitte Le Flem, dont le travail donne une dimension poétique supplémentaire à l’univers de Christophe Airaud : « Brigitte Le Flem avait déjà travaillé sur plusieurs de mes images et à chaque fois, j’ai été séduit et admiratif du résultat » raconte-t-il : « Elle ajoute une poésie à mes clichés. De plus en plus la poésie dans mon travail de photographe est une obsession. Elle les détourne sans les fausser (…) Je lui ai laissé le choix total des images, des interprétations, des actes sur le tirage et je découvre une deuxième lecture de mes photographies qui est émouvante. C’est un travail d’orfèvre, si précieux. Une image peut donc avoir plusieurs vies. »
Victor Hache
- Exposition : «Faire avec peu », photographies de Christophe Airaud. Galerie Rastoll, du 30 janvier au 24 février. 16 rue Sainte-Anastase, 75 003 Paris.