Expositions. Depuis plus de soixante-cinq ans, elle brille sur les écrans de cinéma. Et cet été, Paris lui consacre deux expositions photo. A bientôt 80 ans et prochainement à l’affiche d’un film très attendu, icône parmi les icônes, Catherine Deneuve cultive simplement la liberté de penser… et de jouer !
Catherine Deneuve, ça a été, c’est et ce sera toujours cela, une star en liberté !
L’une, Julia Gragnon, directrice de la Galerie de l’Instant à Paris et photographe, dit se rappeler encore et toujours de « cette voix unique, rassurante, claire et douce, qui me racontait des histoires de dessins animés Disney sur 33 tours ».
L’autre, Jérôme Godeau, écrivain et historien de l’art, évoque ces images qui « sont des renvois d’émotions, de souvenirs-passions de cinéphiles qui s’entrecroisent et se projettent sur tant de blondeur.
La Geneviève des « Parapluies », la Séverine de « Belle de jour », la Tristana de Luis Buñuel, la Miriam des « Prédateurs », la sirène de Truffaut, la princesse de Jacques Demy ou la princesse Marie de Sigmund Freud »… Et, en cet été, Paris fait la fête à Catherine Deneuve avec deux expositions de chaque côté de la Seine, à la Galerie de l’Instant et à l’Hôtel Lutetia.
C’est « Catherine Deneuve, rive droite, rive gauche »… Des photos prises au fil des années par quelques « pointures » du genre, parmi lesquel.le.s Claude Azoulay, David Bailey, Kate Barry, Jean-Claude Deutsch, François Gragnon, Philippe Le Tellier, Helmut Newton, Georges Pierre, Bettina Rheims, Luc Roux, Bert Stern ou encore Ellen von Unwerth. Catherine Deneuve, bientôt 80 ans (le 22 octobre prochain), plus sublime que jamais…
Consulter la filmographie de l’actrice donne le vertige. A 13 ans, grandie dans une famille dont, on l’apprendra plus tard, le père n’aura pas été un bon exemple face à l’ennemi en temps de guerre, elle débute au cinéma par une figuration dans « Les Collégiennes » (1957) d’André Hunebelle.
Trois ans plus tard, elle suit sa sœur Françoise Dorléac dans un casting pour le rôle de sa cadette dans « Les portes claquent » de Jacques Poitrenaud. Pourtant, faire d’actrice sa vie professionnelle ne la tente alors guère- elle confie : « Ma sœur, elle, avait fait le conservatoire, elle faisait du théâtre et pour moi, c’était elle l’actrice. Je l’ai accompagnée parce que ça m’amusait de jouer sa sœur dans un film, mais je ne pensais vraiment pas à continuer. Ça ne m’attirait pas ».
Pour ne pas être confondue avec sa sœur, elle garde son prénom mais prend le nom de sa mère. Plus tard, elle avouera une pointe de regret : « Il n’y a rien à faire, Deneuve ne sera jamais mon nom. C’est mon nom d’actrice ».
Elle partagera l’affiche avec sa sœur à nouveau dans « Les Demoiselles de Rochefort » (1967) de Jacques Demy, et chanteront : « Nous sommes deux sœurs jumelles / Nées sous le signe des gémeaux / Mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol sol ré do / Toutes deux demoiselles / Ayant eu des amants très tôt / Mi fa sol la mi ré, ré mi fa sol sol sol ré do »…
Depuis « Les Collégiennes » en 1957 à « Bernadette » le 4 octobre prochain, tenue pour une des plus grandes actrices françaises, elle a été l’égérie de quelques-uns des plus fameux réalisateurs hexagonaux dont François Truffaut, Jacques Demy ou encore Jacques Demy, et tourné avec nombre des géants mondiaux du 7ème Art, parmi lesquels Luis Buňuel, Roman Polanski, Mauro Bolognini, Robert Aldrich, Marco Ferreri, Dino Risi, Tony Scott, Manoel de Oliveira, Raul Ruiz, Hirokazu Kore-eda, Lars von Trier…
Ce qui ne l’a pas empêché, depuis quelques années et à de nombreuses reprises, à se glisser dans l’aventure d’un premier film avec un réalisateur totalement débutant… Et Julia Gragnon d’évoquer « son regard unique, sa blondeur, les fantasmes et autres projections qu’elle inspire…sa relation aux artistes, à la mode, son amitié avec Yves Saint-Laurent… » et de préciser : « Le propos de cette exposition est une invitation à célébrer la beauté, la magie du Cinéma et la liberté farouche d’une actrice et d’une femme fascinante, loin de cette image figée et distante qu’elle réfute ».
Icône parmi les icônes dans une époque où l’on porte au firmament un jeune homme doué au jeu de ballon-pied, Catherine Deneuve est le plus bel exemple d’une certaine « french touch ». Elégance, raffinement, ne négligeant pas une pointe d’humour, voire d’ironie tout en cultivant une discrète attention à l’autre, et aussi la liberté de penser et de jouer… Oui, Catherine Deneuve, ça a été, c’est et ce sera toujours cela, une star en liberté !
Serge Bressan
- A voir : « Catherine Deneuve, rive droite, rive gauche ». La Galerie de l’Instant. 46 rue de Poitou. Paris 3ème. Jusqu’au 1er octobre 2023 / Hôtel Lutetia. 45 boulevard Raspail. Paris 6ème. Jusqu’au 8 septembre 2023.
DANS LE RÔLE DE LA PREMIÈRE DAME
Ce sera, nous assure-t-on, un des grands rendez-vous cinématographiques du prochain automne. En effet, le 4 octobre 2023, arrivera sur les écrans le premier film de Léa Domenach, simplement titré « Bernadette » et qu’elle a co-écrit avec Clément Dargent- après avoir été originellement présenté sous un autre titre : « La Tortue »…
Côté casting, il y a du « lourd » avec deux sociétaires de la Comédie-Française (Denys Podalydès et Laurent Stocker), un ex de la Comédie-Française (Michel Vuillermoz) et aussi des acteurs de très bonne réputation, tels François Vincentelli, Sara Giraudeau ou encore Lionel Abelanski.
Mais surtout, remarquée en 2021 pour « Les Murs blancs »- un livre écrit avec son frère Hugo, la réalisatrice a offert le rôle principal à Catherine Deneuve, 79 ans, star parmi les stars à la filmographie vertigineuse.
Le synopsis du film : quand elle arrive à l’Elysée, Bernadette Chirac s’attend à obtenir enfin la place qu’elle mérite, elle qui a toujours œuvré dans l’ombre de son mari pour qu’il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable.
Une première bande-annonce laisse envisager de jolis moments de cinéma. Ainsi, Denis Podalydès en conseiller de communication s’adresse à Catherine « Première Dame » Deneuve et lui fait part des résultats d’une « enquête de satisfaction » : « Madame Chirac, comme Claude (NDLR : la fille du couple Chirac, conseillère de son père Président de la République) ne m’a pas donné de budget pour commander un vrai sondage d’opinion, je me suis permis d’en réaliser un moi-même sur le personnel de l’Elysée. Alors, ne vous inquiétez pas, je dois vous prévenir, les résultats ne sont pas bons… Les gens vous trouvent ringarde, froide, austère, acariâtre à égalité avec revêche…
-Bon ça va, j’ai compris.
-Mais pas de panique, nous allons faire en sorte que les Français découvrent votre vrai visage. Il va falloir apprendre à désobéir, Madame Chirac… » Un peu plus tard, conduisant une voiture, elle annonce : « A partir de maintenant, ça va filer droit à l’Elysée ». Ce qui fera dire au Président Chirac, incarné à l’écran par un bluffant Michel Vuillermoz : « Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel ? »
La réalisatrice qui a tenu à être « entièrement libre pour l’écriture du film » explique s’être « librement inspirée de la vie » de Bernadette Chirac, née Bernadette Chodron de Courcel le 18 mai 1933, et précise : « Tout ce que le spectateur verra n’est pas vrai ».
Certes, le film est basé sur des faits avérés, des anecdotes et des petites phrases recueillies çà et là, mais il s’autorise de nombreuses libertés pour proposer un portrait plein d’humour et de tendresse de celle qui a longtemps été dans l’ombre de son mari.
Et des personnes présentes lors du tournage sont catégoriques : tant pour un relooking par Karl Lagerfeld que pour le lancement de l’opération des Pièces jaunes ou encore sa carrière politique en Corrèze et sa visite officielle avec Hilary Clinton, Catherine Deneuve s’est glissée avec une grâce et un humour dans le personnage de Bernadette Chirac, surnommée « la Tortue » par son mari.
Pour sa part, la famille Chirac a fait savoir qu’elle ne cautionne pas « Bernadette », le film de Léa Domenach…
S.B.