photographie de evangelia kranioti
Evangelia Kranioti, Eu sou obscura para mim mesma, série Obscuro Barroco.

Suite de notre série d’été sur la sélection 2019 des Rencontres de la photographie d’Arles avec le travail très sensible de l’artiste grecque Evangelia Kranioti. Photographe voyageuse, elle s’intéresse aux destins en marge, aux solitudes et aux trajectoires individuelles en exil, qu’elle a rencontrés au cours de ses reportages au long cours. En témoigne son exposition « Les vivants, les morts et ceux qui sont en mer », présentée à la Chapelle Saint-Martin du Méjan jusqu’au 22 septembre.

Evangelia Kranioti tisse la cartographie d’une marge fragile qu’elle place littéralement au centre. La fresque d’une communauté d’exclus dépassant les contours d’une Méditerranée, matrice d’exils.

evangelia kranioti photographe
Evangelia Kranioti, Armazém frigorífico, série Exotica, Erotica, Etc.

Evangelia Kranioti arpente les confins du monde, saisissant des destinées individuelles prises dans les mailles du commerce des hommes. Ports de fret, artères autoroutières, coulisses d’un carnaval, cimetières, ruines de guerre… ces lieux convoquent tout autant d’incessants transits que des vies immobilisées, clouées au sol ou sur mer.

Dans le projet « Exotica, Erotica, etc., » ce sont des marins au long cours qui guettent les escales pour nouer des amours passagères et tarifées. Dans « Obscuro Barroco », c’est le milieu queer qui se déploie à Rio de Janeiro. Dans Beirut Fictions, ce sont des domestiques venues d’Afrique ou d’Asie astreintes à un pays, le Liban, où elles demeureront désespérément étrangères. Enfin, dans un des volets du projet « Era Incognita », ce sont les vivants qui migrent vers la demeure des défunts dans les nécropoles du Caire.

evangelia kranioti photographe
Evangelia Kranioti, Miss Without Papers, série Beirut Fictions.

Au cœur de son travail, des visages et des corps se répondent alors en reflets par-delà les océans. Evangelia Kranioti tisse ainsi la cartographie d’une marge fragile qu’elle place littéralement au centre. La fresque d’une communauté d’exclus dépassant les contours d’une Méditerranée, matrice d’exils. (*)

(*)Texte : Léandre Bernard-Brunel, Les Rencontres d’Arles.

evangelia kranioti photographeEvangelia Kranioti, la bio :

Née en 1979 à Athènes, Evangelia Kranioti est une artiste plasticienne et réalisatrice grecque. Elle a fait des études de droit (Université nationale de Athènes), d’arts visuels (ENSAD Paris) et de cinéma (Le Fresnoy, La Fémis – Atelier scénario). Ses deux premiers longs-métrages documentaires, Exotica, Erotica, etc. (Berlinale Forum 2015) et Obscuro Barroco (Berlinale Panorama 2018) ont remporté de nombreux prix dans divers festivals internationaux (Teddy prix du jury et Hot Docs Emerging Filmmaker Award…) ainsi que quatre Iris de l’Académie hellénique du cinéma.

– Lire également: Les Rencontres d’Arles. Les “Painted ladies” de Valérie Belin : https://www.weculte.com/loeil-de-weculte/les-rencontres-darles-les-painted-ladies-de-valerie-belin/

 

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