Johnny Hallyday n’est pas du genre à tourner en rond tel un fauve en cage. À 72 ans, il remet ça, habité par une énergie peu commune et une volonté intacte d’en découdre à chaque fois qu’il descend dans l’arène. Johnny reste ce gladiateur qui ne vit qu’au moment où il retrouve son public. Dans quelques jours, il se produira au nouveau Bercy avec comme toujours l’envie de tout donner. Un an après la sortie de Rester vivant, il revient avec De l’amour, son 50e album, réalisé avec la complicité de Maxim Nucci, alias Yodelice. Après le formidable accueil critique et public de Rester vivant, il aurait pu s’en tenir là et attendre sagement trois ans avant de sortir un nouveau disque. Mais le temps passe et il n’avait qu’une hâte, intégrer un nouveau registre à sa tournée qui le mènera jusqu’au printemps sur les routes de France.
Passionné, Johnny l’est et le restera pour longtemps encore. Au point de fasciner les auteurs d’aujourd’hui, qui se bousculent pour lui écrire des chansons à la mesure de son talent. Au casting de son nouvel opus, on retrouve ceux qui ont fait le succès de Rester vivant, Miossec, Pierre Jouishomme, Pierre-Dominique Burgaud, Jeanne Cherhal et deux nouveaux, Aurélie Saada du duo Brigitte (qui signe la très belle L’amour me fusille) et Vincent Delerm, qui a offert à Johnny Une vie à l’envers. Une chanson miroir sur le rapport aux fans avec pour décors Châtellerault et une Ford Escort au péage, « une voiture qui a priori ne fait pas rêver mais chantée par Johnny, ça devient une belle bagnole ! » sourit Bertrand Lamblot, directeur artistique du disque.
[youtube https://www.youtube.com/watch?v=WraEKC5UNQc&w=560&h=315]
De fait, la magie opère de nouveau quand, sans artifice, sa voix nue vibre sur fond de riffs de guitare, d’harmonica, de percussions et de pedal steel : « L’idée était de travailler dans l’esprit du songwriting folk américain, comme l’ont fait des artistes tels Woody Guthrie, Bob Dylan, Neil Young ou Springsteen », confie Bertrand Lamblot. « On voulait quelque chose un peu à la Johnny Cash », a précisé le chanteur lors d’une récente conférence de presse de présentation du disque, à Paris. Un album blues, country et rock aux ambiances dépouillées qui ramènent à l’Amérique et à ses racines musicales. « Je suis arrivé à un âge où je fais les choses que j’ai envie de faire. La musique que j’aime, c’est le rockabilly, le blues. La variété, il y en a tellement d’autres qui le font bien. » Il n’y a pas mieux que lui pour les chansons sentimentales, en témoigne son émouvante interprétation de Tu es là, « une chanson à la Presley », souligne Johnny. Il y a aussi les sujets sociétaux comme Des raisons d’espérer, sur un homme sortant de prison qui trace sa route, une fois sa dette effacée. Quant au titre De l’amour, il met en scène un personnage qui a perdu son job. Un répertoire à hauteur d’homme qui fait écho à notre époque au travers de thèmes auxquels on ne s’attendait pas, comme les violences policières de Ferguson et la mort de Michael Brown en 2014, qui a bouleversé l’Amérique (Dans la peau de Mike Brown).
Une veine plus engagée où Johnny aborde des sujets renvoyant à l’actualité, comme le sort des migrants dans Valise ou cercueil. Enfin, il y a la bouleversante Un dimanche de janvier, écrite par Jeanne Cherhal en mémoire de la foule rassemblée à la suite de l’attentat contre Charlie Hebdo, ainsi qu’une chanson cachée, Voyageur clandestin, sur les travailleurs mexicains clandestins. Un registre original teinté de gravité qui ne plombe pas l’atmosphère pour autant, grâce à une interprétation juste et sensible. Du grand Johnny, qui parvient une fois encore à surprendre et à se réinventer après plus de cinquante ans de carrière.
Album De l’amour chez Warner.
https://www.facebook.com/jhofficiel