moonlight benjamin
Moonlight Benjamin (c) Cedrick Nöt
Musique/Interview. Avec l’album « Wayo » la chanteuse d’origine haïtienne Moonlight Benjamin propose un envoûtant et magnifique voyage entre blues et rock, les Caraïbes et l’Afrique, la douleur et l’espoir. À découvrir en tournée à partir du 18 mars prochain, avec une escale aux Eurockéennes de Belfort le 1er juillet.

Moonlight Benjamin nous entraîne dans un envoûtant voyage, aux confins du blues et du rock, entre les Caraïbes et l’Afrique


moonlight benjamin
Moonlight Benjamin (c) (c) Cedrick Nöt

Il y a des chansons qui vous bouleversent, même si on ne connaît pas un mot de créole ! C »est le cas de « Wayo« , le nouvel album de Moonlight Benjamin. D’origine haïtienne, cette authentique prêtresse vaudou nous entraîne dans un envoûtant voyage, aux confins du blues et du rock, entre les Caraïbes et l’Afrique, la douleur et l’espoir, au fil de titres comme « Ouvè lespri », « Haut là haut », Freedom fire », «  »Limyè », Bafon »… Le tout porté par une voix puissante qui touche au plus près du coeur.

Un magnifique opus enregistré avec la complicité du producteur Matthis Pascaud (guitariste, directeur artistique et compositeur) et du réalisateur Raphaël Chassin (batteur).

Rencontre avec une artiste charismatique avant une tournée qui la mènera notamment sur la route de grands festivals comme les Eurockéennes de Belfort.

Le titre de l’album signifie « cris de douleur » mais on entend aussi des cris d’espoir dans « Wayo » ?

Moonlight Benjamin: En fait, dans ce disque on est face à une personne qui demande à être libérée de tout ce qui l’empêche d’avancer, parce qu’elle est tout le temps en souffrance. Mais il y a aussi de l’espoir évidemment. Par exemple, dans le titre « Haut là haut », je dis qu’il faut garder nos rêves éveillés, même quand on dort. C’est ce qui nous permet d’exister, parce que tous les rêves sont grands !

Vous avez choisi de vous exprimer en créole. Quels autres thèmes abordez-vous ?

Moonlight Benjamin : Il y a des chansons dédiées à Haïti, un pays bafoué, constamment en état de survie, mais qui possède une force inouïe. Je parle également de préoccupations plus universelles comme la paix, la foi, la tolérance… J’invite à la libération et à l’affirmation de soi. Notre esprit doit s’ouvrir aux changements parce qu’on ne peut pas les éviter.

Vous avez grandi dans un orphelinat protestant à Haïti. Quels souvenirs gardez-vous de cette période ?

Moonlight Benjamin : J’ai été entourée de beaucoup d’amour et de bienveillance. Mon père adoptif était le révérend qui dirigeait l’orphelinat. Il n’était jamais dans le jugement. J’ai pu me construire grâce à l’enseignement que j’ai reçu là-bas.

La rupture n’a pas été trop forte lorsque vous êtes arrivée à Toulouse ?

Moonlight Benjamin : Non parce que j’ai eu le sentiment que je connaissais déjà la ville. J’ai rencontré des gens merveilleux.

Comme les artistes avec lesquels vous avez formé le groupe Dyaoulé Pemba, découverte world du Printemps de Bourges ?

Moonlight Benjamin : Tous les musiciens avec qui j’ai eu la chance de travailler m’ont permis d’évoluer. Lorsque j’ai rencontré Matthis Pascaud, je lui ai expliqué que je voulais passer à autre chose, faire des chansons qui touchent plus de monde. On crée pour soi mais aussi pour les autres.


LIRE AUSSI : Dahlia Bellaïche : « Je rêve de soirées « after show » au Jazz Club Etoile »


moonlight benjamin
Moonlight Benjamin (c) Cedrick Nöt

Dans un album précédent intitulé « Siltane », vous aviez enregistré des textes de poètes haïtiens…

Moonlight Benjamin : C’était important pour moi de rendre hommage aux grands poètes haïtiens. En mettant ces textes en musique, j’avais l’impression d’encadrer des tableaux qui sont tous de véritables chefs-d’oeuvre.

Certains médias vous ont surnommée « La Patti Smith haïtienne », cela vous touche ?

Moonlight Benjamin : En fait, je ne connaissais pas cette artiste lorsque j’ai lu ces mots. Je pense que ce qui nous rapproche, c’est l’engagement. J’ai été flattée quand j’ai pris conscience de ce qu’elle représentait.

En revanche, vous connaissez sûrement Iggy Pop et Martin Gore (de Depeche Mode) qui ne tarissent pas d’éloges à votre égard ?

Moonlight Benjamin : Bien sûr. Je sais qu’ils me suivent et j’aimerais beaucoup les rencontrer.

C’est vrai que vous trouvez parfois l’inspiration en faisant la cuisine ?

Moonlight Benjamin : En fait, l’inspiration arrive à n’importe quel moment. A tel point que je suis parfois obligée d’appeler chez moi en laissant des bouts de textes ou de mélodies sur le répondeur pour ne pas les oublier. Je fais la même chose avec des amis en leur demandant de ne surtout pas décrocher ! Les phrases littéraires et musicales, c’est un peu comme une connexion. Elle disparaît si on perd le fil.

Dans votre biographie, on découvre que vous êtes une prêtresse vaudou ?

Moonlight Benjamin : J’ai fait mon initiation en 2009. Le vaudou est une philosophie, une manière de vivre. On n’a pas besoin d’être croyant pour être touché par la spiritualité.

Vous avez eu l’occasion de vous produire à Haïti ?

Moonlight Benjamin : Non. J’y suis retournée mais jamais pour chanter. J’aimerais le faire pour ce pays auquel je suis profondément attachée. Je mesure la chance que j’ai d’être en France et de mener cette vie aujourd’hui.

Entretien réalisé par Annie Grandjanin
 

  • Album Moonlight Benjamin « Wayo » (AbsiloneSocadisc), disponible depuis le 24 février 2023
  • En tournée: le 18 mars 2023 à Grenoble, le 24 mars à Marseille, le 5 mai à Bagnères-de-Bigorre, le 1er juin au Festival Festizome à Salies-du-Salat, le 2 juin à Angoulême, le 4 juin à l’Île de La Réunion, le 8 juin au Festival Jazz de Pic Saint-Loup, le 30 juin à Saint-Sulpice, le 1er juillet aux Eurockéennes de Belfort…

Retrouvez l’ensemble des chroniques culturelles d’Annie Grandjanin sur :annieallmusic.com/


 

LAISSER UN COMMENTAIRE

Laissez un commentaires
Merci d'entrer votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.