Toutes les musiques de We Culte. Samedi 6 décembre, Sheila a électrisé le Théâtre du Casino d’Enghien-les-Bains (95). À 80 ans, l’icône de la chanson française a offert un show généreux, vibrant, intensément vivant, où les titres de son dernier album À l’avenir (2025) côtoyaient des extraits plus récents de Venue d’ailleurs (2021) dont La rumeur, où elle affronte un vieux poison médiatique, et les tubes historiques qui ont fait d’elle une star. Un concert élégant, tenu, d’une vitalité presque sidérante où la nostalgie n’a jamais pris le pas sur l’audace.
Sheila continue de surprendre, d’oser, de se réinventer : une preuve éclatante que l’âme n’a pas d’âge
Il faut la voir arriver sur scène pour comprendre pourquoi son public lui reste si fidèle. Chignon impeccable, ample costume noir qui capte la lumière et une allure qui semble défier les années. À 80 printemps, la chanteuse a l’élégance souveraine de celles qui ne cherchent plus à prouver quoi que ce soit, seulement à partager.
Dès les premières minutes, le Théâtre du Casino d’Enghien vibre sous l’impulsion d’un set électro-rock conçu avec sa jeune et talentueuse équipe de musiciens, « la famille » comme elle l’annonce au public : Éric Azhar (guitare, chant, et direction musicale) Ralph Adam (chanteur et claviériste), Anthony Magloire La Grève (guitares), Philippe Gonnand (basse) et Cédric Affre (batterie).
Sheila s’avance, sourit, remercie d’être là, glisse en souriant que son dernier album « ne passera pas à la radio ». Qu’importe. Ce soir, il occupe le cœur de l’artiste et celui du spectacle. La première partie du show est donc conçu autour de « À l’avenir », son 27ᵉ album studio, sorti au printemps 2025. Un disque grave et lumineux, où Sheila interroge le temps, la foi, l’intime, la fragilité de l’époque.
Sur scène, ces chansons prennent une ampleur nouvelle : Nova, Et Dieu dans tout ça ?, Les aléas, Simone, Racée, Courir, Les amoureux… Toutes réarrangées dans une esthétique électro-rock qui insuffle une énergie sourde, presque nerveuse, sans jamais trahir leur profondeur.
Sa voix qui n’a pas pris une ride glisse sur les arrangements comme une confidence élargie à toute une salle. Sheila incarne ces textes avec une sincérité désarmante, celle d’une artiste qui refuse la nostalgie et revendique le présent.
Le show inclut également trois titres extraits de « Venue d’ailleurs » (2021). Parmi eux « La rumeur », titre puissant où Sheila affronte frontalement cette vieille rumeur persistante « Sheila est un homme » qui l’a poursuivie et blessée pendant des décennies.
« Chaman » suivi de « Dilemme » complètent ce triptyque, prouvant combien ce disque, déjà introspectif, trouve aujourd’hui une résonance nouvelle sur scène.
Puis la fête explose. « Bang Bang » ouvre véritablement les hostilités. Dès les premières notes, la salle entière se lève smartphones en l’air, certains spectateurs descendant même l’allée centrale pour être au plus de la scène la scène.
L’ambiance devient électrique. La suite est un défilé de classiques, remis au goût du jour : Mélancolie (1973), toujours aussi poignante, Les Rois Mages (1971) que le public reprend en chœur ; Spacer (1980), flamboyante pépite disco signée Sheila & B. Devotion un medley survitaminé Love Me Baby / You Light My Fire / Singin’ in the Rain qui renoue avec l’énergie dance des années 70-80 sans oublier ceux des 80’s dont le tubesque « Gloria ».
Il y a quelque chose de bouleversant à voir Sheila s’amuser, danser, rire, laisser ses musiciens briller, se retirer un instant pour reprendre son souffle et revenir plus vivante que jamais. Le concert dure une heure trente, sans pause, sans affaiblissement, sans nostalgie figée. Juste une artiste debout, présente, pleinement maîtresse de son art.
A 22h30, le public ressort conquis, ému, galvanisé. Plus qu’une célébration du passé ce live était ce soir une déclaration d’avenir. Sheila continue de surprendre, d’oser, de se réinventer. Avec « À l’avenir », qu’elle place au centre de sa tournée, elle rappelle qu’une grande carrière n’est jamais terminée tant que l’artiste continue de créer. À Enghien, Sheila a offert une belle leçon de liberté. Une preuve éclatante que l’âme n’a pas d’âge.
Un grand merci à Ludovic Barnouin, Blandine Harmelin, Norma Le Guillerm et leurs équipes pour leur accueil toujours aussi chaleureux.
Jean-Christophe Mary
