Ce jeune chanteur belge né au Congo séduit un public de plus en plus large. Il vient de sortir un premier album aux ambiances soul-électro-world voyageuses.
En parallèle du panorama de la «sono mondiale» présenté par les dernières Transmusicales de Rennes, la 21ème édition du festival Bars en Trans a une nouvelle fois mis en lumière de nombreuses découvertes. Tel Témé Tan, dont la musique mêlant afro-pop soul et électro, n’a pas manqué de faire voyager le public rennais. Né en République démocratique du Congo, Tanguy Haesevoets alias Témé Tan est arrivé en Belgique à l’âge de 6 ans. Sa famille se partageant entre Bruxelles et Kinshasa, il a beaucoup voyagé entre le plat pays et le Congo : «Je me souviens de la bouillonnante ambiance de Kinshasa confie-t-il, de la végétation de la campagne environnante qui contrastait tellement avec celle de la Belgique qui est sujette aux changements de saison. A la maison, la musique congolaise tournait sans arrêt. Je me rappelle la voix de Tabu Ley Rochereau, de celle de Papa Wemba dans le film La vie est belle qui qui l’a révélé. Il y avait aussi la figure de Mobutu, un personnage hyper présent, que ce soit à la télévision zaïroise ou dans les rues, sur les affiches».
Adolescent, attiré par les sonorités hip-hop, il a fait partie d’un groupe de rap fondé par des camarades de classe : «j’ai fait mes premiers pas dans la musique avec eux. On est allés voir un concert du groupe rap américain Beasties boys, à l’époque de leur album Hello Nasty (1998). Cela a vraiment déclenché une passion en moi. C’est à ce moment-là que j’ai eu envie de faire des concerts». Il a aussi été fortement impressionné par l’orchestre de Kinshasa Konono n°1 et ses euphorisantes ambiances «congotric » : «c’était une nouvelle scène avec une musique créée à partir d’instruments de récupération. Le tout diffusé sur des amplis de fortune, donnant un son qui s’apparente presque à de la musique électronique».
Afrique, Belgique, Amérique du sud, Japon…Témé Tan a beaucoup voyagé, trouvant son inspiration dans chaque pays traversé : «j’adore le Japon, le Brésil, le seul pays où on ne me demande pas d’où je viens parce que je me fonds vraiment dans la masse. C’est assez plaisant (rires ). Une expérience qui a façonné sa personnalité voyageuse et donne une âme nomade à sa musique ouverte à de nombreuses influences : «J’ai plein de styles différents» reconnait le chanteur dont le premier album récemment sorti invente un univers teinté d’électro minimaliste, de dance et de musique du monde: «j’aime bien dire que ça ressemble à du glamour tribal » sourit-il.
Avec toujours un côté bricolage que l’on retrouve dans les compositions de ce multi-instrumentiste évoluant sur scène entre machines et claviers, réalisant ses clips avec peu de moyens : «j’aime capturer l’inspiration quand elle vient, dit Témé Tan à qui il est arrivé de filmer avec la webcam de son ordinateur ou d’enregistrer des voix juste avec le micro de son Mac : «C’est vrai que je n’attends pas d’avoir une caméra très coûteuse et super micro pour créer. Ce n’est pas que j’affectionne le côté bricolé, mais la spontanéité».
Résultat, un album solaire aux mélodies métissées rafraichissantes, à l’image des titres Améthys ou ça va pas la tête?, qui souvent donnent envie de danser et résument la philosophie optimiste que Témé Tan a de la vie : «J’essaie de saisir les opportunités pour sortir de ma zone de confort. Je reste curieux et essaye d’être dans le positif au maximum. J’aimerais que les gens prendront mes chansons comme des sortes de talismans qui leur permettent de transcender les moments difficiles».
Victor Hache
Album Témé Tan chez Pias. Concert le 2 mai à la Maroquinerie, Paris 20ème.