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"Mourir peut attendre ": Daniel Craig dans le costume de James Bond. La 5e et dernière apparition de l'acteur dans le rôle de l'agent 007 (©LLC/MGM)

Sortie cinéma. Rien à voir avec son titre mais c’est, bien sûr, le film le plus attendu de l’année: après quatre sorties avortées pour cause de Covid (février 2020, avril 2020, novembre 2020, mars 2021), le 25e James Bond, « Mourir peut attendre », débarque sur les écrans français ce mercredi 6 octobre. Daniel Craig y fait ses adieux, incarnant pour la cinquième et dernière fois l’agent 007 des services secrets sa Très Gracieuce Majesté.


Ce « Mourir Peut Attendre » restera l’un des plus émouvants James Bond et fera assurément date dans la saga de l’agent 007. Une nouvelle ère va désormais s’ouvrir: reste à trouver un successeur à Daniel Craig…


James Bond y retrouve celle dont il est tombé amoureux dans le film précédent, « 007 Spectre », le Dr Madeleine Swann (Léa Seydoux), qui aura un rôle important dans le film et que l’on voit, enfant, dès la première scène. Dans le long prologue de ce « Mourir peut attendre », suite logique de la fin de « 007 Spectre » sorti en 2015, Bond et Madeleine sont ensemble à bord de leur Aston Martin sur la route menant à Matera, pittoresque village troglodyte du sud de l’Italie.

Brillant générique de début

Après l’irruption de tueurs, une époustouflante course-poursuite automobile et divers événements explosifs, Bond et Madeleine se séparent. Fin du prologue et, sur la chanson No Time To Die (le titre original du film) interprétée par Billie Eilish, générique de début, particulièrement réussi, sans les traditionnelles silhouettes de pin-up et aux allures de clip de luxe.

Puis l’histoire reprend cinq ans plus tard. Des hommes armés pénètrent dans un laboratoire secret et enlèvent un savant russe dissident, qui a aidé à fabriquer une arme bactériologique terrifiante utilisant l’ADN des personnes ciblées pour les tuer.


Cinéma. « Mourir Peut Attendre » : Daniel Craig 007 tire sa révérence


Retraité et célibataire

James Bond, de son côté, est un paisible retraité célibataire: après s’être séparé de Madeleine, il a aussi quitté le MI6 et coule désormais des jours tranquilles en Jamaïque. Mais, sous la pression de son vieux copain de la CIA Felix Leiter (Jeffrey Wright), il se laisse convaincre de reprendre du service, pour lutter contre cette menace mondiale qu’est la nouvelle arme bactériologique, tombée dans des mains ennemies.

James Bond est donc de retour aux affaires, pour sauver le monde. Il va croiser à nouveau la route de Madeleine, qui cache un lourd secret…

Pas de spoiler

Mais il ne faut pas en dire plus, le film ne fait que commencer (il dure 2h43, le plus long de tous les James Bond): les spectateurs sont invités à aller le voir au plus vite avant que d’autres (famille, collègues, amis, ennemis, presse, réseaux sociaux) ne viennent spoiler et révéler, notamment, les deux événements importants qu’on n’a jamais vus dans aucun des 24 James Bond précédents… Les producteurs ont d’ailleurs lancé le hashtag #SpoilerDoitAttendre pour tenter de maintenir le suspense pour un maximum de futurs spectateurs.



Outre Madeleine et Felix Leiter, James Bond va retrouver son chef M (Ralph Fiennes), sa secrétaire Moneypenny (Naomi Harris), le petit génie de l’informatique et du high tech Q (Ben Whishaw) et l’ex-méchant du précédent film, Blofeld (Christoph Waltz), incarcéré dans une prison de haute sécurité. Autre personnage important toujours là et dont c’est la huitième apparition depuis « Goldfinger » en 1964: la célèbre Aston Martin DB5 gris métallisé, plus équipée et efficace que jamais, dès les premières séquences du film.

Deux femmes

Du côté des personnages nouveaux, James Bond va recevoir l’aide de deux femmes. Il y a d’abord, dans un rôle assez bref de vraie-fausse James Bond girl (non, il ne couche pas avec), une certaine Paloma (Ana de Armas), agent cubain hors du commun, faussement ingénue, qu’une robe au décolleté vertigineux n’empêche pas de manier pistolets et mitraillettes comme un guerillero.

Il y a aussi et surtout Nomi (Lashana Lynch), agent 00 depuis deux ans, super-entraînée, courageuse et efficace, légèrement sarcastique: « Si vous me gênez, je vous tire une balle dans le genou », dit-elle à James Bond, dont elle a pris la place et à l’intention de qui elle ajoute: « Le monde a changé depuis votre retraite ».

Méchant mou

Et puis, bien sûr, il y a le nouveau méchant, menace centrale de l’histoire, que ses défunts parents avaient affublé d’un prénom difficile à porter dans la cour de récréation mais prémonitoire pour un James Bond: Lyutsifer Safin.

Œil noir et visage vérolé, mégalomane comme il se doit, il est interprété assez mollement par Rami Malek, Oscar 2019 du meilleur acteur pour le rôle de Freddie Mercury dans « Bohemian Rhapsody ». Plus bavard (quoique) et moins charismatique que la plupart des précédents adversaires de James Bond, et aux motivations mal définies (vengeance, certes, mais quoi d’autre?), ce n’est pas le personnage le plus réussi.

Explosions et fusillades standards

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« Mourir peut attendre »: Daniel Craig ©Danjaq/LLC/MGM

C’est l’une des petites déceptions de ce 25e James Bond, tout comme la relative baisse de rythme dans le deuxième tiers du film, un certain déficit d’humour et quelques séquences un peu trop psychologiques, à l’image du long dialogue Bond-Blofeld ou des nombreux échanges entre Bond et Madeleine.

Mais pour le reste les fans apprécieront les bagarres bien réglées et crédibles, les explosions et fusillades standards, les poursuites toujours spectaculaires (voitures, motos, hélicoptères), l’intrigue finalement assez simple, les costumes impeccables de James Bond, et beaucoup de moments forts: l’attaque d’un homme masqué sur un lac gelé, un face-à-face Bond-Blofeld façon Hannibal Lecter, un chalutier qui se retourne et fait naufrage, une forêt nordique embrumée, un avion furtif très aérodynamique, un bunker sur une île près du Japon, une bagarre dans l’escalier du repaire de Safin –et bien sûr un suspense final étonnant.

Dans la lignée des quatre précédents

Surtout, ce « Mourir Peut Attendre » est dans la lignée des quatre précédents interprétés par Daniel Craig: un James Bond amoureux, parfois gagné par l’émotion, qui ne cache pas ses failles et ses doutes. « Quand vous arrivez après « Casino Royale », « Quantum Of Solace », « Skyfall » et « 007 Spectre », vous avez une idée assez précise de la trajectoire du personnage et de ce qu’il a vécu », explique Cary Joji Fukunaga, 44 ans, premier réalisateur américain d’un James Bond, dont les trois précédents films sont passés inaperçus du grand public (« Sin Nombre » en 2009, « Jane Eyre » en 2011, « Beats OF No Nation » en 2015).



De fait, il a joliment bouclé le cycle Daniel Craig, qui aura marqué la saga en devenant le premier James Bond à tomber éperdument amoureux: c’était dans « Casino Royale » en 2006 et l’élue de son cœur, Vesper Lynd (Eva Green), disparaissait tragiquement après l’avoir trahi. Avec le personnage de Madeleine dans « 007 Spectre » et dans ce « Mourir Peut Attendre », il prend le risque d’aimer à nouveau –donc de souffrir, d’être trahi, d’être déçu, de craindre de perdre encore la femme qu’il aime.

Blessure intime

« Il y a une complexité chez cet homme, une blessure intime, une vulnérabilité qui a été dissimulée depuis le premier film de Daniel Craig et la mort de Vesper Lynd. Ses prises de décisions sont intéressantes en raison de leur ingéniosité, mais aussi par ce qu’elles révèlent de ses défauts et de ses faiblesses », explique le réalisateur.

C’est entendu pour la plupart des fans, le meilleur James Bond, depuis ses débuts en 1962 dans « James Bond Contre Dr No », restera éternellement Sean Connery –qui n’a pas pu se persuader que mourir peut attendre puisqu’il est décédé il y a un an, le 31 octobre 2020. Mais Daniel Craig, 53 ans aujourd’hui, a gagné sa place de numéro-2 dans la hiérarchie, en créant un personnage plus moderne et moins machiste, plus fragile et moins arrogant, plus attentionné et moins viril. Pas forcément plus sympathique, mais assurément plus humain.

Une nouvelle ère

Secret(s), trahison(s), confiance, sens du devoir, fidélité –et amour: en mêlant ces thèmes aux scènes d’action, et même s’il n’est pas le meilleur des 25 (« Casino Royale », « Skyfall » ou plus loin de nous « Opération Tonnerre », « Goldeneye » ou « Goldfinger » étaient au-dessus du lot), ce « Mourir Peut Attendre » restera l’un des plus émouvants et fera assurément date dans la saga de l’agent 007. Une nouvelle ère va désormais s’ouvrir: reste à trouver un successeur à Daniel Craig…

Jean-Michel Comte

LA PHRASE

« Pourquoi accélérer? On a toute la vie devant nous » (Daniel Craig à Léa Seydoux, au début du film, alors qu’il est au volant de leur Aston Martin sur une route italienne)


bac nord cinegongA voir : « Mourir peut attendre » (« No Time To Die ») (États-Unis/Grande-Bretagne, 2h43). Réalisation: Cary Joji Fukunaga. Avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Rami Malek (Sortie 6 octobre 2021)

  • Retrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong

 

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