Sortie cinéma. Rôle inhabituel pour Roschdy Zem, qui montre ses muscles et passe à l’action, en ancien militaire perturbé devenu garde du corps privé, dans le film ELYAS, thriller violent et rythmé qui sort sur les écrans ce mercredi 3 juillet.

Il interprète le rôle d’un ancien soldat des Forces Spéciales, Elyas, solitaire et paranoïaque, traumatisé par la guerre en Afghanistan, qui a une obligation de soins psychologiques et vit dans un foyer pour anciens militaires souffrant comme lui de séquelles mentales de leurs anciens combats.

Un jour, un ami le fait engager comme vigile dans un château où, avec trois autres hommes armés, il doit assurer la protection d’un couple originaire du Moyen-Orient et leur fille de 13 ans. Caméras de surveillance, barrières de protection, veille 24 heures sur 24, chiens méchants: le château est un vrai bunker.

Prince arabe

Mais le couple n’est pas mari et femme: l’homme est l’oncle de la fillette, Nour (Jeanne Michel), qui a fui son pays avec sa mère (Laëtitia Eïdo) pour éviter un mariage forcé. Car le vrai père de Nour est un prince arabe –pays du Golfe non précisé–, avec 6 femmes et 18 enfants, qui voulait la marier à un homme de 50 ans.

Quand un mystérieux commando attaque le château pour récupérer la gamine, Elyas parvient à s’échapper avec la mère et la fille. Et jure de les protéger jusqu’au bout…

Réalisateur éclectique

C’est le 7e film de Florent-Emilio Siri, réalisateur éclectique puisque après trois films d’action en début de carrière, il a changé de genre avec L’ENNEMI INTIME (2017) sur la Guerre d’Algérie, CLOCO (2012), biopic sur Claude François, et PENSION COMPLÈTE (2015), remake de LA CUISINE AU BEURRE avec Fernandel et Bourvil.

Ici il renoue avec l’action et centre son film, dont il est aussi co-scénariste, sur un personnage à la personnalité compliquée, troublé par ses blessures psychologiques et ses démons intérieurs. « Je réfléchis depuis toujours dans mes films à la manière dont le spectateur peut ou pas s’identifier au héros (…) », explique-t-il. « Le souci avec un personnage comme Elyas c’est d’être trop extrême. Le risque est de basculer et de le perdre pour le spectateur au bout d’un moment. Il faut donc un contre-balancier. Et ici c’est la fillette, Nour ».

Tout ça pour ça?

D’abord insupportable, la gamine de 13 ans se laisse peu à peu apprivoiser par Elyas, chargé de la protéger, et une complicité naît entre eux. C’est le côté mélo de la seconde partie du film –et le spectateur se demande: tout ça pour ça? Car le scénario se délite peu à peu, lentement mais sûrement, accumulant les invraisemblances (complot et trahisons, organisation secrète, contrats d’armements, manipulations sophistiquées, rebondissements divers).



Le film ne manque certes pas de rythme ni de suspense, mais ne brille pas par son originalité. Et encore moins par sa finesse: les scènes de poursuites et les cascades sont impeccables mais les bagarres sont souvent très violentes. On voit ainsi les méchants se faire transpercer avec un pied de parasol planté verticalement dans le dos, se faire tuer par une bouteille de soda enfoncée dans la bouche, se faire torturer avec une décolleuse de papier peint à même la peau…

Personnage musclé

On s’étonne de voir Roschdy Zem dans un personnage aussi musclé et dans un film aussi simpliste, lui qu’on a beaucoup vu ces derniers temps dans des rôles secondaires plus subtils dans VIVANTS et PARADIS PARIS cette année, UNE AFFAIRE D’HONNEUR, WAHOU! et LE PRINCIPAL l’an dernier, le délicieux L’INNOCENT en 2022, sans oublier son film comme réalisateur LES MIENS.

Mais il assume son choix: « En fait, tout est parti de GO FAST, film que j’ai tourné il y a une quinzaine d’années, qui avait bien marché et dont on me parlait souvent. J’avais envie de renouer avec le cinéma de genre, d’action et de divertissement pur », dit-il.

Certes. Mais on peut préférer se souvenir de lui dans ROUBAIX, UNE LUMIÈRE, qui lui a valu le César du meilleur acteur en 2020, plutôt que dans ce rôle d’Elyas qui ferait passer Sylvester Stallone pour un enfant de chœur et Bruce Willis pour un poète végan pacifiste LGBT.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE : « C’est quoi un mec comme moi? » (Roschdy Zem, au début du film).


  • A voir :« ELYAS » (France, 1h39). Réalisation: Florent-Emilio Siri. Avec Roschdy Zem, Laëtitia Eïdo, Jeanne Michel (Sortie 3 juillet 2024)

Retrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong


 

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