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Jean-Louis Trintignant, l'éternel jeune premier du cinéma français

Disparition. Il s’est éteint à l’âge de 91 ans, après avoir tourné plus de 120 films. Nous n’oublierons pas le charme mélancolique, ni le sourire d’adolescent de Jean-Louis Trintignant. Heureusement, il nous reste ses grands films, de « Et Dieu créa la femme » de Roger Vadim, à « Un homme et une femme » de Claude Lelouch, « Ma Nuit chez Maud » d’Eric Rohmer ou encore « La Terrasse » d’Ettore Scola. Jeune premier de la nouvelle vague, il incarnait le garçon que les jeunes filles rêvaient de présenter à leurs parents. Il fut un immense acteur de cinéma après voir débuté au théâtre.   


Jean-Louis Trintignant, l’éternel jeune premier du cinéma français


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Jean-Louis Trintignant en 1960 (photo) Leemage/Mondadori /Bridgeman

Jean-Louis Trintignant était né à Piolenc (Vaucluse) le 11 décembre 1930. Un de ses frères, Maurice, a été un célèbre pilote automobile, courant pour Bugatti, Ferrari ou Lotus. De belles voitures pour de belles courses. Jean-Louis, lui, assistant à une représentation de « L’Avare » (Molière) mis en scène par Charles Dullin, eut une sorte de révélation : il ferait du théâtre. Après des cours de comédie à Paris, il entre à l’IDHEC, ce qui lui permettra d’obtenir des rôles, notamment au TNP.

Durant ces années, il épouse la comédienne Stéphane Audran dont il divorcera suite à sa liaison avec Brigitte Bardot, sur le tournage de « Et Dieu créa la femme ». Puis, il partira pour le service militaire, ce qui mettra fin à son aventure avec Brigitte. Peu après, il rencontre Nadine Trintignant (née Marquand), qu’il épousera, sœur de Serge et de Christian Marquand, tous deux acteurs. Ils divorcèrent au

Avant de divorcer au début des années 1980, ils auront trois enfants dont l’aînée, Marie, connut une fin tragique, morte en 2003 sous les coups de son compagnon. Il ne se remettra jamais de la mort brutale de sa fille.

Après les années sombres du service militaire, il est de nouveau dans la lumière avec une pièce de Shakespeare, « Hamlet » qui le fit remarquer. Roger Vadim lui donne alors un rôle majeur dans « Les Liaisons dangereuses 1960 », d’après Choderlos de Laclos, avec Jeanne Moreau et Gérard Philipe. L’action, qui se passe en 1960, déroute la critique. C’est « Un Homme et une femme » de Claude Lelouch qui lui vaudra le succès international. Le film obtiendra la Palme d’Or au festival de Cannes en 1966 et deux Oscars à Hollywood.

Il ne cessera pas de tourner. Il y aura« Ma nuit chez Maud » d’Eric Rohmer où il est confronté à un choix cornélien : Françoise Fabian (Maud) le feu, ou Marie-Christine Barrault, la tranquillité. Puis, ce sera le sulfureux « Le Conformiste » de Bernardo Bertolucci d’après le roman d’Alberto Moravia, rôle qu’il définira lui-même comme étant son plus beau rôle.

Viendront « Le Voyou » de Lelouch, « Flic story » de Jacques Deray (avec Alain Delon), et « La Terrasse » d’Ettore Scola, histoire d’une bande de copains, de la moyenne bourgeoisie, personnages dans lesquels beaucoup de Français mais également d’Italiens, de Britanniques, vont se reconnaître (nous sommes en 1970), d’où le succès du film.



Au théâtre, en 1973, il met en scène une pièce à l’humour grinçant « Une journée bien remplie » interprétée par Jacques Dufilho et quelques années plus tard, toujours en tant que metteur en scène, il signe « Le maître-nageur » une fable au ton sardonique. Il abandonne le cinéma pendant cinq ans pour se consacrer à la compétition automobile.

Engagé par la firme British Leyland, il participe à des rallyes dont le circuit de Monte-Carlo à six reprises. Il courra pour le Star Racing team du chanteur Moustache, participera aux 24 Heures du Mans en 1980, contraint à l’abandon, mais accèdera à la seconde place aux Grand Prix de Spa en 1982.

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Jean-Louis Trintignant, pilote de course

Il renoue avec le cinéma grâce à Christian de Challonges dans « L’Argent des autres » et le succès mérité viendra à la fois de la critique et du public. Puis « Eaux profondes » de Michel Deville, un drame tiré d’un roman de Patricia Highsmith. François Truffaut le demandera pour « Vivement dimanche », une comédie policière de 1982 avec Fanny Ardant. Ce sera le dernier film de Truffaut et une réussite.

Pour le public français, Trintignant représente alors le cadre « supérieur » habité par de nombreuses questions existentielles.

En 1985, fatigué, il se retire à Uzès (Gard) en pleine garrigue où le cinéma le rappelle pour « Trois couleurs rouge » de Krzysztof Kielowski et surtout « Regarde les hommes tomber » premier film de Jacques Audiard. Il disparaît à nouveau des écrans pendant plusieurs années, mais fait un retour exceptionnel et remarqué dans « Ceux qui m’aiment prendront le train » sous la direction de Patrice Chéreau en 1998.

Après dix ans d’absence au cinéma, il accepte de tourner « Amour » de Michael Haneke, auprès d’Emmanuelle Riva, un drame intimiste poignant sur la vieillesse, la maladie, l’invalidité et la mort. Le film obtiendra la Palme d’Or au 65ème Festival de Cannes et l’Oscar du meilleur film étranger à Hollywood.

Trintignant aura également osé refusé de tourner « Le Dernier tango à Paris » sous la direction de Bertolucci, rôle qui revînt à Marlon Brando.

Jean-Louis Trintignant : l’âge venant, l’acteur se tourna de plus en plus vers la nature et notamment  la culture de la vigne

L’âge venant, il se tourna de plus en plus vers la nature et notamment  la culture de la vigne. Il avait acheté 5 hectares de terre agricoles à une vingtaine de kilomètres de Nîmes, avec un couple d’amis, pour y produire du vin. Le vignoble donne environ 20 000 bouteilles d’un Côtes du Rhône Villages, dont les premières étiquettes furent dessinées par Enki Bilal, dessinateur de BD, qui le dirigera dans « Tykho Moon » en 1996. Sa dernière apparition sur grand écran date de 2019 avec « Les plus belles années d’une vie », où il retrouvait sa partenaire Anouk Aimée et le réalisateur Claude Lelouch.

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Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée dans « Un homme et une femme » de Claude Lelouch © LES FILMS 13

En juillet 2018 Jean-Louis Trintignant avait révélé qu’il est atteint d’un cancer de la prostate et qu’il ne souhaite pas se faire soigner, préférant profiter pleinement de ses petits-enfants. Il avait un tempérament exceptionnel et un immense talent. Il s’est battu jusqu’à son dernier souffle, malgré les épouvantables coups du destin. Nous n’oublierons pas son sourire d’adolescent. Avec sa disparition, tout le cinéma français et italien est en deuil.

Jane Hoffmann

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