Sortie cinéma « Jurassic World : le Monde d’Après ». Il était temps que cela se termine. Les dinosaures commencent à s’essouffler et, avec eux, la saga Jurassic Park entamée il y a presque 30 ans par Steven Spielberg. Le sixième film de la série, Jurassic World: le Monde d’Après (ce mercredi 8 juin sur les écrans français), banalise les dinosaures qui sont désormais parmi nous, dans la vie quotidienne, et cohabitent –plus ou moins bien– avec l’espèce humaine qui les a ressuscités après 65 millions d’années.
Jurassic World: le Monde d’Après : Les dinosaures sont parmi nous
Résumé des épisodes précédents. Une première trilogie (Jurassic Park en 1993, Le Monde Perdu: Jurasssic Park en 1998 et Jurassic Park-3 en 2001, les deux premiers réalisés par Spielberg et le troisième par Joe Johnston) avait repris l’idée géniale de l’écrivain Michael Chrichton: grâce à l’ADN de dinosaures contenu dans du sang conservé à l’intérieur d’un moustique fossilisé, des scientifiques avaient pu reconstituer ces animaux préhistoriques et un milliardaire les avait réunis dans un parc touristique, sur une île au large du Costa Rica. L’expérience touristico-scientifique virait ensuite à la catastrophe.
Nouvelle trilogie
Quinze ans plus tard, c’était reparti pour une nouvelle trilogie: Jurassic World en 2015 (réalisé par Colin Trevorrow), Jurassic World: Fallen Kingdom en 2018 (réalisé par Juan Antonio Bayona) et donc maintenant ce dernier épisode « Jurassic World: le Monde d’Après » (à nouveau réalisé par Colin Trevorrow).
Cette seconde trilogie commençait par l’inauguration d’un nouveau parc plus fonctionnel et plus sécurisé, sur la même île qu’à l’origine, mais les dinosaures s’échappaient à nouveau, se rendaient maîtres de l’île, avant d’y être menacés par une éruption volcanique. Ils étaient sauvés mais, ramenés sur le continent, s’échappaient dans la nature.
Animaux comme les autres
Tout cela est résumé sous forme de documentaires et extraits télévisés dès le début de ce nouvel épisode, Le Monde d’Après. « Les dinosaures sont parmi nous », dit la télé en résumant les 30 dernières années: ils ont quitté leur île et cohabitent avec les hommes, devenus quasiment des animaux comme les autres, voire domestiques. Les plus inoffensifs font l’objet de trafics et d’élevages clandestins, les plus dangereux sont isolés dans des réserves, des forêts ou des vallées contrôlées notamment par la firme Biosyn, spécialisée dans les manipulations génétiques.
On retrouve donc les deux personnages principaux des deux films précédents: Claire Dearing (Bryce Dallas Howard), directrice jadis du nouveau parc et qui a œuvré pour sauver les dinosaures d’une nouvelle extinction, et son petit ami Owen Grady (Chris Pratt), ancien militaire passé maître dans le domptage des vélociraptors (les plus redoutables des dinosaures) juste en tendant le bras et en ouvrant la main, les yeux dans les yeux. C’est comme cela qu’il a fait ami-ami avec la femelle Blue, dernière rescapée de son espèce.
Sauterelles géantes
Mais les méchants dirigeants de Biosyn ne s’intéressent pas qu’aux dinosaures. La firme continue ses expériences et a créé notamment des sauterelles géantes, grosses comme des chats, qui ravagent les cultures et menacent la chaîne alimentaire humaine.
Biosyn a également lancé ses hommes de main pour retrouver Claire et Owen, qui vivent cachés dans un chalet en forêt, avec deux êtres qu’ils veulent protéger et que Biosyn recherche pour leur ADN: leur fille adoptive Maisie, 14 ans, née d’un clonage et dont la mère, scientifique, est morte après sa naissance; et, dans la forêt proche, un bébé vélociraptor, fille de Blue, qui a fait son bébé toute seule sans s’accoupler à un mâle, comme les grenouilles vertes ou les varans de Komodo.
Trois anciens
Quand les mercenaires de Biosyn parviennent à enlever Maisie et le bébé raptor, Claire et Owen se lancent à leur recherche. Ils vont être aidés par trois personnages qui ont connu les débuts de l’aventure Jurassic Park 30 ans auparavant: la paléobotaniste Ellie Sattler (Laura Dern), le paléontogue Alan Grant (Sam Neil) qui en pince toujours pour elle, et le scientifique Ian Malcolm (Jeff Goldblum), spécialiste de la « théorie du chaos »…
Clôture d’une aventure
« Jurassic Worl: le Monde d’Après » parle de la nécessité du respect que nous devons aux forces de la nature –et comment, si jamais nous devions échouer, nous disparaîtrions comme l’ont fait les dinosaures avant nous », explique le réalisateur Colin Trevorrow. « Nous ne nous contentons pas de clôturer une aventure qui a commencé en 2015, nous clôturons une aventure qui a commencé en 1993 avec Jurassic Park. Une aventure qui nécessitait tous ses protagonistes pour se terminer ».
Si ce 6e (et dernier?) Jurasssic relève un peu le niveau du précédent (le moins bon de la série), il n’est pas le feu d’artifice final qu’on pouvait espérer. Certes on ne s’ennuie pas pendant deux heures et demie, on est ravi de revoir des têtes connues (le personnage de Jeff Goldblum apporte un peu d’humour) et Omar Sy fait une petite apparition à Malte.
Féministe
Certes le film défend la cause animale et se montre très féministe: ici les femmes sont aussi fortes que les hommes (et plus intelligentes), l’une avoue des penchants lesbiens, et la scientifique décédée et la femelle raptor ont fait un bébé toutes seules. Certes on en a pour son argent dans les combats de dinosaures, et les scientifiques en ont recréé génétiquement un énorme, le giganotosaure, « le plus grand carnivore de l’histoire », qui ferait passer le T-Rex pour un chihuahua dépressif.
Mais, sans tomber dans la nostalgie, on le regrette, ce fameux T-Rex qui fit frissonner les spectateurs dans les années 90. Ici le charme angoissant des dinosaures n’agit plus, on s’est habitué à eux, désormais « ils sont parmi nous » (minous?).
James Bond et Indiana Jones
« Jurassic World: Le Monde d’Après » met trop l’accent sur les manipulations génétiques (OK, on a compris) et ressemble plus à un James Bond ou à un Indiana Jones (un petit hommage est rendu au personnage par un clin d’œil, un chapeau comme celui d’Harrison Ford retrouvé dans une grotte), avec des bagarres à coups de poings ou au couteau, des scientifiques dévoyés et des mercenaires sans scrupules, des courses-poursuites dinosaures-chevaux, dinosaures-voitures, dinosaures-camionnette, dinosaures-moto, dinosaures (volants)-avion.
L’action prend ainsi le pas sur la science-fiction. Ce n’est plus un film de dinosaures, c’est un film avec des dinosaures. « Accroche-toi » est la réplique qui revient le plus souvent dans ce film au rythme fou, divertissant, à la réalisation soignée, aux acteurs impeccables et aux effets spéciaux sans bavure, mais dont la magie originelle que procurait l’idée de départ de la saga est à l’image de l’espèce des (vrais) dinosaures: éteinte.
Jean-Michel Comte
LA PHRASE : « Coexister » (le dernier mot du film).
- A voir : « Jurassic World: le Monde d’Après » (« Jurassic World: Dominion ») (États-Unis, 2h26). Réalisation: Colin Trevorrow. Avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern. (Sortie 8 juin 2022).
Retrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong