jusqu'au bout du monde
"Jusqu'au bout du monde" : Vivienne (Vicky Krieps) et Holger (Viggo Mortensen) vivaient heureux dans le Grand Ouest américain. Jusqu'au jour où il décida de partir à la guerre (©Metropolitan FilmExport).

Sortie cinéma. Les grands espaces de l’Ouest américain au milieu du XIXe siècle, des villes poussiéreuses avec shérif et hors-la-loi, des saloons et des ranchs, des bagarres et des duels au revolver : tous les ingrédients d’un western classique sont réunis dans « JUSQU’AU BOUT DU MONDE » (ce mercredi 1er mai sur les écrans), le deuxième film comme réalisateur de l’acteur américano-danois Viggo Mortensen. Mais il y a ajouté une belle histoire d’amour et un ton féministe original dans ce cadre d’aventures viriles.

San Francisco, dans les années 1860. Sur le marché aux poissons, Vivienne Le Coudy (Vicky Krieps), immigrée d’origine québécoise, fait la connaissance de Holger Olsen (Viggo Mortensen), lui-même d’origine danoise. Elle est fleuriste, il est charpentier.

Tous deux snt farouchement indépendants, d’esprit libre, au fort caractère, solitaires par nature. Épris l’un de l’autre, ils décident d’aller s’installer à Elk Flats, dans le Nevada, petite ville doe l’Ouest américain où Holger a élu domicile.

Guerre de Sécession

Mais leur existence paisible, dans une petite ferme à l’écart de la ville, est brutalement interrompue lorsque Holger décide de s’engager dans l’armée aux côtés de l’Union, peu de temps après le début de la guerre de Sécession.

Désormais livrée à elle-même, Vivienne va devoir affronter les hommes sans scrupules qui ont pris le contrôle de la ville: Rudolph Schiller (Danny Huston), le maire corrompu, qui protège Alfred Jeffries, important propriétaire terrien et son fils brutal et dégénéré Weston (Solly McLeod), qui fait des avances insistantes à la jeune femme…

Deuxième film

« À mes yeux, il y avait dans JUSQU’AU BOUT DU MONDE le potentiel de raconter une histoire d’amour originale, dans le contexte d’un genre que j’ai toujours aimé, bien que le film s’éloigne de certains codes du western qui ont été utilisés pour brosser le portrait de personnages féminins », explique Viggo Mortensen, dont c’est le deuxième film comme réalisateur.

Le premier, FALLING (2021), beaucoup plus sombre, en partie autobiographique, décrivait l’amour d’un fils pour son père atteint de démence sénile. Dans JUSQU’AU BOUT DU MONDE, c’est un hommage à sa mère qu’il a voulu rendre.

Scénario écrit pendant le confinement

« L’idée de ce film est née d’une image de ma mère », dit-il. « J’ai conservé des livres illustrés des années 30 qu’elle lisait quand elle était petite –des récits d’aventures et des histoires de chevaliers qui se passaient au Moyen-Âge. Elle a grandi à proximité de forêts d’érables dans le nord-est des États-Unis, près de la frontière canadienne, j’avais l’image d’elle, enfant, en train de courir dans la forêt –et je m’étais imaginé qu’elle était l’un des personnages de ces vieux livres qu’elle lisait. C’est l’image de départ que j’avais en tête quand je me suis mis à écrire le scénario de JUSQU’AU BOUT DU MONDE pendant le confinement, au moment de la pandémie de Covid, au printemps 2020 ».

Femme forte

Il a ainsi voulu faire du personnage féminin principal, Vivienne, une femme forte, qui ne s’en laisse pas compter, qui ne veut pas se marier, qui aime son mari mais est, explique-t-il, « parfaitement capable de vivre seule et de s’en sortir sans l’aide de qui que ce soit ». Dans ce rôle l’actrice luxembourgeoise Vicky Krieps (qui jouait Anne d’Autriche, reine de France et épouse de Louis XIII dans les deux récents films LES TROIS MOUSQUETAIRES: D’ARTAGNAN et MILADY est remarquable.

Viggo Mortensen, lui, rendu célèbre par son personnage d’Aragorn dans la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX de Peter Jackson (2001-2003), n’est pas mal non plus en cow-boy sensible et cultivé, qui écrit dans de petits carnets, lit des livres, apprend à lire à son jeune fils.

Retours en arrière

Acteur charismatique mais, à 65 ans, comme le dit le mensuel Première dans son numéro de mai, il n’est « pas simplement un acteur qui réalise des films, mais un réalisateur qui joue dans ses films » (d’ailleurs, à l’origine, il ne devait pas jouer le rôle, mais l’acteur pressenti s’est désisté au dernier moment).

Car c’est un film réussi, qui prend son temps, raconté avec de nombreux retours en arrière à plusieurs époques, avec parfois de grands coups de violon et une atmosphère de western presque désuète –les méchants sont très méchants, un peu caricaturaux.

Hommage aux immigrés

Outre son féminisme, le film est un hommage aux immigrés qui ont construit l’Amérique, au travers de ses deux personnages principaux, Vivienne d’origine canadienne et Holger d’origine danoise –mais qui se sent suffisamment américain pour aller combattre dans les rangs de l’armée de l’Union.

Viggo Mortensen n’oublie pas ses origines: né en 1958 à New York de père danois et de mère américaine, il a vécu de 2 à 11 ans avec ses parents au Venezuela, au Danemark et en Argentine, avant de revenir à New York avec sa mère et ses deux frères après le divorce de ses parents. Son personnage, Holger, lui ressemble un peu: « Cet homme a beaucoup voyagé, mais il apprécie l’ouest des États-Unis et il y a trouvé son port d’attache. Il s’est si bien adapté qu’on pourrait presque dire qu’il s’agit d’un cow-boy scandinave ».

Jean-Michel Comte

LA PHRASE« Ma mère m’a toujours laissé la fenêtre ouverte pour que je m’envole » (Vicky Krieps).


  • A voir : « JUSQU’AU BOUT DU MONDE » (« The Dead Don’t Hurt ») (Mexique/Canada/Danemark, 2h09). Réalisation: Viggo Mortensen. Avec Vicky Krieps, Viggo Mortensen, Solly McLeod. (Sortie 1er mai 2024)

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