les trois mousquetaires : d'artagnan
"Les Trois Mousquetaires: D'Artagnan" : Athos (Vincent Cassel), Aramis (Romain Duris) et Porthos (Pio Marmaï) (c) Pathé

Sortie cinéma. En France, on n’a pas attendu Zorro, James Bond ou les Avengers pour avoir des super-héros. Imaginés en 1844 par Alexandre Dumas, les Trois Mousquetaires ont fait l’objet d’une quarantaine d’adaptations au cinéma et sont de retour dans un film d’aventures à grand spectacle et gros budget, ambitieux et peaufiné, 100% français et 100% réussi: « Les Trois Mousquetaires: D’artagnan », sur les écrans ce mercredi 5 avril.


« Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan » : un film d’aventures où tout est impeccable, c’est de la belle ouvrage.


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« Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan » (ici François Civil), un film de Martin Bourboulon ©Ben King/Pathé

Réalisé par Martin Bourboulon (dont c’est le quatrième film après les amusantes comédies  Papa ou Maman en 2015 et sa suite en 2016, et le romantique Eiffel en 2021), ce D’ARTAGNAN est le premier volet d’un double film. Il évoque l’affaire des ferrets de la reine; le second volet, déjà tourné, Les Trois Mousquetaires, sera centré sur le siège de La Rochelle et sortira le 13 décembre prochain.

Tout le monde connaît l’histoire de ces Trois Mousquetaires qui deviennent vite quatre. On est en 1627, d’Artagnan (François Civil), impétueux Gascon de 18 ans, monte à Paris pour intégrer le corps des mousquetaires du roi Louis XIII.

Tous pour un, un pour tous

Il fait très vite la rencontre, le même jour, de ses trois futurs frères d’armes: Athos le tourmenté, troublé par ses démons (Vincent Cassel); Porthos le bon vivant –et, soyons moderne, bisexuel (Pio Marmaï); et Aramis le dandy séducteur mais homme de foi (Romain Duris). Les quatre lient leurs destins en proclamant « Tous pour un, un pour tous ».

Leur destin commun, c’est la défense du royaume de France, divisé par les guerres de religion et menacé d’invasion par l’Angleterre. Au service de Louis XIII (Louis Garrel), ils vont défendre l’honneur de la reine, Anne d’Autriche (Vicky Krieps), et tenter de déjouer les complots du Premier ministre, le cardinal de Richelieu, et de ses agents, dont le comte de Rochefort et la belle et mystérieuse Milady de Winter (Eva Green)…

Raccourcis et coïncidences

De la séquence d’ouverture où d’Artagnan monte à Paris aux ennuis judiciaires d’Athos en passant par le bal masqué en Angleterre dans lequel Milady rencontre le duc de Buckingham (l’amant de la reine), les scénaristes ont pris quelques libertés avec l’histoire originale et ont créé des raccourcis qui font parfois naître des coïncidences.

Mais c’était dans le but d’élaborer une nouvelle version d’une histoire connue de tous, dans un film d’aventures qui vise à relancer le cinéma populaire de qualité. Pari réussi, avec un budget à la hauteur des ambitions des auteurs et des producteurs (72 millions d’euros pour les deux volets): il y a de l’action, un rythme soutenu, du panache et du romanesque, du suspense constamment renouvelé, des combats à l’épée pas trop nombreux mais remarquablement filmés, des plans-séquences et des scènes plus intimistes, des figurants à foison, des costumes réalistes (les personnages ne sont pas propres sur eux mais se battent parfois dans la boue).

De la belle ouvrage

Pas une plume de faisan ne manque aux chapeaux des mousquetaires, pas une bûche aux feux de cheminée, pas un ferret au cou de la reine (avant, bécasse, qu’elle ne les donne au duc de Buckingham), pas un moine félon au mariage du frère du roi. Tout est impeccable, c’est de la belle ouvrage.



Surtout, les producteurs ont voulu un tournage en extérieur et en France, en une cinquantaine de lieux différents: pas de studios ou de délocalisation en Europe de l’Est. « La France est dotée d’un patrimoine exceptionnel et nous ne pouvions imaginer faire ce film ailleurs », explique le réalisateur. « Nous avons tourné en Île-de-France, en Bretagne, dans les Hauts-de-France, en Normandie pour le premier volet, en Bourgogne, dans le Grand Est et dans la région Auvergne-Rhône-Alpes pour le second volet ».

Décors naturels

Et d’ajouter: « Il nous a semblé, avec les producteurs, que tourner en décors naturels dans des sites très impressionnants, aux Invalides, dans la cour du Louvre, dans la cathédrale de Meaux, au Château de Chantilly, à Fontainebleau et Compiègne, même si cela était plus compliqué, participerait au réalisme du film ».

L’autre grand parti pris de Martin Bourboulon a été, dans ce film d’action, d’être au plus près des personnages. « Je tenais à ce que l’on soit toujours au «contact» des personnages, que l’on puisse toujours vivre les scènes d’action de leurs points de vue, toujours en immersion maximum. Que le spectateur soit plus guidé par les émotions et les réactions des personnages que par l’action en elle-même. C’était un défi technique important mais qui, à mon sens, permet d’apporter beaucoup de réalisme et de vérité à ces scènes ».

Distribution haut de gamme

Pour cela, il a bénéficié d’une distribution haut de gamme, avec en tête d’affiche un François Civil décontracté et insolent mais très dynamique et volontaire, qui rajeunit le personnage de d’Artagnan. C’est une nouvelle étape importante dans sa carrière ascendante après, ces dernières années, « Le Chant du Loup » (2019), Mon Inconnue (2019), Bac Nord (2021) et EN CORPS (2022).

De ses trois compères mousquetaires, le plus intéressant est bien sûr Athos, interprété magistralement par Vincent Cassel, déjà présent au générique de l’autre grand film populaire français à gros budget de ce début d’année, Astérix et Obélix: l’Empire du milieu , dans le rôle de César.

Personnages féminins

Dans ce film d’hommes, les trois principaux personnages féminins occupent une jolie place: Vicky Krieps dans le rôle de la reine de France, Anne d’Autriche, à l’origine de toute l’histoire; Eva Green en Milady, intrigante et maléfique, sur laquelle sera centré le second volet du film; et Lyna Khoudri (en ce moment à l’affiche du film Houria), dont le personnage de Constance Bonacieux, la confidente de la reine, est ici moins crédible et moins bien présenté mais qui déborde de charme –et qui efface toutes ces imperfections quand elle embrasse d’Artagnan, en fin de film.

Louis Garrel, un royal régal

De tous ces acteurs qui font l’une des richesses du film, c’est Louis Garrel qui est le plus savoureux, dans le personnage de Louis XIII le plus travaillé et le plus réussi: futile, intelligent, alambiqué, léger et grave à la fois, moqueur, imbu de son pouvoir mais hésitant, cassant, ironique, agacé, las et philosophe, ambigu, à l’élocution maniérée. C’est un royal régal.

On quitte ce film agréable, qualité Made in France, très enlevé et très tonique, avec une impatience qui va durer huit mois: l’épilogue crée un suspense jusqu’à la sortie du second volet du film, dont on a un aperçu au milieu du générique de fin, avec un bref dialogue entre… oups, pas de spoiler –vous verrez bien.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE :« Le roi n’a pas d’amis. Il n’a que des sujets et des ennemis » (Richelieu)


  • A voir :« LES TROIS MOUSQUETAIRES: D’ARTAGNAN » (France, 2h01). Réalisation: Martin Bourboulon. Avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris (Sortie 5 avril 2023)
  • Retrouvez cette chronique ainsi que l’ensemble des sorties cinéma de Jean-Michel Comte sur le site Cinégong

 

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