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"Le Prince" : Monika (Ursula Strauss) et Joseph (Passi) sont de classes sociales et d'origines très différentes, mais croient leur amour possible (©Shellac Distribution).

Sortie cinéma. C’est une histoire d’amour pas facile à vivre, malgré la force des sentiments, entre une Allemande et un Congolais que raconte « Le Prince » (ce mercredi 15 sur les écrans), premier film de la jeune réalisatrice allemande Lisa Bierwirth.


« Le Prince » : une difficile histoire d’amour mixte à Francfort


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« Le Prince »: un film de la jeune réalisatrice allemande Lisa Bierwirth

On est à Francfort. Monika (l’actrice autrichienne Ursula Strauss), la quarantaine, célibataire, est galeriste et commissaire d’expositions dans un musée de la ville. Elle a des amis intellos et, comme eux, des idées plutôt de gauche.

Bar clandestin

Un soir, en rentrant chez elle, elle fait une halte pour acheter des cigarettes dans un bar clandestin où dansent des Africains. Survient une descente de police alors qu’elle prend l’air dans la cour: un homme l’entraîne avec elle pour se cacher derrière les poubelles.

Il s’appelle Joseph (le rappeur Passi), à peu près du même âge qu’elle, est congolais et sans-papiers. Après l’alerte ils vont faire quelques pas ensemble, il lui explique qu’il fait des affaires, « de l’import-export », notamment la vente de diamants tirés de terres qu’il prétend posséder dans son pays.



Séduction mutuelle

Ils se parlent en anglais (Monika ne parle pas le français, Joseph parle peu l’allemand). Elle lui laisse son numéro, ils se revoient. Joseph a l’air gentil, calme, un peu secret, pas du tout rouleur de mécaniques. Monika se sent seule, un peu perturbée dans sa vie professionnelle. Tous deux se séduisent mutuellement, du bout des doigts, et deviennent amants.

Et tous deux sont persuadés que leur amour peut durer, malgré les différences de classe sociale entre eux et surtout leurs situations personnelles respectives. Claire a conscience d’être une privilégiée dans un pays occidental, à l’abri du besoin après 20 ans d’une carrière sans histoires.

Petits trafics

Joseph, lui, doit au contraire apprendre à se débrouiller tous les jours, loin de chez lui, entre dettes, affaires louches et difficultés administratives. « Je fais tout ce que je dois faire pour survivre », dit-il à Monika, qui fait la connaissance de ses amis africains mais sait peu de choses de ses petits trafics illégaux et de ses ennuis.

Après une première dispute et une première séparation, Monika a de nouveau des nouvelles de Joseph, via un ami africain: il est en prison et a besoin de 1.500 euros pour payer son avocat. Monika décide de l’aider…

Histoire vraie

« Le point de départ (du film) a été la relation entre ma mère et son mari de l’époque originaire de Kinshasa, au Congo », explique la réalisatrice, âgée de 39 ans. « Malgré toutes leurs difficultés, ils formaient un couple incroyable. Un couple lumineux, non seulement par leurs différences, mais aussi par leur résilience, leur humour et par l’énergie qu’il y avait entre eux ».

Le film décrit bien sûr les difficultés des sans-papiers en Allemagne et l’ambiance des bars et restaurants où se retrouvent les Africains entre eux, mais sans insister. La réalisatrice a surtout voulu raconter une histoire d’amour« J’avais le sentiment que mon sujet était autre que l’intégration d’un demandeur d’asile en Allemagne, qui est horriblement difficile, ou la description de toutes les formes de racisme structurel qui s’immiscent partout. J’étais bien plus intéressée par la lutte personnelle dans un couple comme celui formé par Joseph et Monika. Elle me semblait incroyablement compliquée et difficile ».

Manque de rythme

C’est donc plus un mélodrame qu’un film social et naturaliste. Mais cela manque de rythme et de passion, et traîne parfois en longueur (plus de deux heures), notamment quand il s’agit de montrer les activités professionnelles de Monika, dont on se moque un peu. Plus intéressantes sont les scènes intimistes entre les deux personnages principaux, faites parfois de sensibilité, parfois de tensions, de connivence et de disputes –comme tous les couples, que l’on soit noir ou blanc, allemand ou congolais, riche ou pauvre, avec ou sans papiers.



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« Le Prince » : affiche du film

Et les deux acteurs rééquilibrent, par leur présence, une histoire au scénario pas très follichon. Face à Ursula Strauss très convaincante, amoureuse tranquille, Passi a le rôle le plus complexe. C’est le premier rôle important au cinéma du rappeur, membre-fondateur du groupe Ministère Amer avec Stomy Bugsy au début des années 90, et il est étonnant de calme, de colère rentrée, de fierté silencieuse, de volonté de s’en sortir. Un vrai prince.

Ils s’aiment

« Je n’ai pas besoin de ton aide. J’ai besoin de ton respect », dit-il à un moment à Monika, ce qui résume un peu les difficultés de cette histoire d’amour. Elle veut l’aider, mais lui continue de vouloir gagner de l’argent par lui-même, de se « débrouiller », de ne dépendre de personne. « Mon père a été colonisé. Pas moi », ajoute-t-il. Mais ils s’aiment…

Jean-Michel Comte

  • LA PHRASE : « Ma première femme, c’est mon portefeuille. L’avantage est que celle-là reste près de moi et ne pose jamais de questions » (Joseph, lors d’une dispute avec Monika).

  • A voir : « Le Prince » (« Prince ») (Allemagne, 2h05). Réalisation: Lisa Bierwirth.Avec Ursula Strauss, Passi, Nsumbo Tango Samuel (Sortie 15 juin 2022).

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