pour une poignée de dollars
"Pour une poignée de dollars" : Clint Eastwood

Télé. Dans une bourgade de l’ouest américain, deux clans s’affrontent, deux familles hostiles qui se font une guerre à mort. Un mercenaire (Clint Eastwood) survient et va jouer sur leur rivalité, se vendant alternativement aux uns et aux autres. NOTRE AVIS (****) « Pour une poignée de dollars » est le tout premier western italien, insolite, de Sergio Leone, un OVNI et un classique du cinéma. A voir lundi 30 septembre sur France 3 -21:05.


« Pour une poignée de dollars » : Leone a créé le cow-boy sans cheval, sans troupeau. Clint Eastwood arrive comme d’une autre planète…


L’HISTOIRE

Un jour dans un village d’une sierra de l’Ouest américain, arrive un homme sur un mulet, revêtu d’un poncho. Il comprend rapidement que la bourgade est entre les mains de deux clans. Ceux-ci se livrent une guerre sans merci. L’étranger va se louer à l’un, tentant de décimer la famille rivale. Puis il se louera à la seconde, prétextant l’aider. Il sera démasqué, torturé, mais pourra s’enfuir et reviendra se venger. La trilogie de l’homme sans nom était née.

NOTRE AVIS (***)

Quand un obscur réalisateur de péplums (« Les derniers jours de Pompéi », « Le colosse de Rhodes ») passe des ruines du Colisée à la Sierra Nevada (Espagne) et décide de pasticher les monumentaux westerns américains, la première raison en est les faibles coûts financiers et l’anonymat de ses acteurs.

L’Italie c’est le drame, la tragédie, du sang, des larmes et des cris. L’Amérique c’est une  histoire qui se situe toujours dans la construction de leur nation : les migrants venus d’Europe dans leurs chariots, les bâtisseurs de bourgades et l’établissement de la loi. Il leur faut une population pauvre, un shérif et des bandits perdants à la fin.

Sergio Leone prend ici le contre-pied de tous ces récits. Les méchants devenus riches s’affrontent, il n’y a pas de représentant de la loi, un solitaire survient et règle leurs comptes en se faisant payer. Servant une famille puis l’autre, ce qui lui vaudra une scène de torture à peine supportable, le tout enveloppé dans la musique d’un compositeur qui le rendra célèbre, Ennio Morricone…



« Pour une poignée de dollars » a été le révélateur. Cette naissance d’une nation devenue trop connue, Sergio Leone la revisitera avec des « bouts de ficelle » et va remettre au goût du jour un western qui n’en est pas un : une histoire improbable mais un héros bien américain (Clint Eastwood) qui joue une tragédie italienne. Et ça a marché !

Curieusement, le premier de la trilogie du dollar est le moins bon, comme une esquisse du dernier « Le Bon, la brute et le truand », chef d’œuvre du western baroque, pessimiste, rempli d’amertume, de désenchantement. Les bons sentiments ont disparu dans ce cimetière où tout se finit.

Sergio Leone a su dire adieu à Gary Cooper, Henry Fonda, Burt Lancaster, Kirk Douglas et surtout à John Wayne, héros mythique de ce cinéma si particulier. Il a inventé son digne successeur avec Clint Eastwood. Il est solitaire, quand Wayne est souvent accompagné d’une bande de copains. Il est cynique alors que le précédent ne songe qu’à rendre une certaine justice.

Leone a créé le cow-boy sans cheval, sans troupeau. Il arrive comme d’une autre planète sur une mule, revêtu d’une couverture, mâchouillant un cigarillo… Là où l’Américain est plutôt sain, a des états d’âme, boit modérément, fume peu, le mercenaire de Leone est cynique, violent, n’aime que sa solde. Même la musique de Morricone est inoubliable au contraire de celle d’Elmer Bernstein ou de Dimitri Tiomkin. L’époque avait changé, les spectateurs également. Un OVNI à voir absolument.

Jane Hoffmann

  • A voir : « Pour une poignée de dollars » (1964) de Sergio Leone avec Clint Eastwood, musique d’Ennio Morricone, lundi 30 septembre sur France 3 à 21:05.

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