sandrine kiberlain
Sandrine Kiberlain est Sarah Bernhardt, la Divine (©Jean-Claude Lother/Les Films du Kiosque/Memento Distribution).

Sortie cinéma. C’est la mère de toutes les comédiennes. Le film SARAH BERNHARDT, LA DIVINE (ce mercredi 18 décembre sur les écrans) rend hommage à celle qui fut une icône de son époque et la première star mondiale, superbement interprétée par une Sandrine Kiberlain qui, comme son personnage, emporte tout sur son passage.

Tragédienne légendaire, qualifiée de « trésor national » par Georges Clémenceau et pour qui Jean Cocteau inventa le terme de « monstre sacré », Sarah Bernhardt (1844-1923) fut aussi une amoureuse, libre et moderne, qui défia les conventions.

« C’est une femme qui est dans le trop: trop aimante, trop violente, trop injuste, trop éprise de justice, trop révoltée », dit le réalisateur du film, Guillaume Nicloux, à la carrière éclectique. Il a réalisé des films noirs (UNE AFFAIRE PRIVÉE, LE CONCILE DE PIERRE), des comédies populaires (Holiday, La Petite) et des films plus personnels ou déroutants (LA RELIGIEUSE, VALLEY OF LOVE, ou le récent Dans la peau de Blanche Houellebecq).

En avance sur son temps

De tous les biopics qui défilent sur les écrans ces dernières années, ce SARAH BERNHARDT n’est pas le plus inintéressant. Car « force est de constater que peu de personnes savent vraiment qui elle était », explique sa scénariste Nathalie Leuthreau, qui qualifie la comédienne d’« immense tragédienne, dotée d’une voix envoûtante et d’un magnétisme rare, mais aussi une femme en avance sur son temps ».



Car Sarah Bernhardt est décrite ici comme débordant d’humour –la politesse du désespoir, dit-on–, d’esprit, de répartie, une femme libre, au fort tempérament, féministe (« j’ai banni le corset de ma garde-robe »), d’origine juive et défenseuse de Dreyfus, mère célibataire, qui interpréta des rôles masculins (dans Lorenzaccio).

Brigitte Bardot avant l’heure, elle vivait entourée d’animaux (un lynx, une chouette, un singe, un lévrier, un boa) et voulait que son chirurgien lui greffe une queue de panthère.

Croqueuse d’hommes

Ce fut aussi une croqueuse d’hommes. « Je serais incapable de compter le nombre de mes amants », dit-elle dans le film: d’Edmond Rostand (« vous êtes aussi inextinguible que le soleil », lui dit-il) à Victor Hugo (qui lui offrit un diamant à la première d’Hernani) en passant par Léon Gambetta ou le prince de Galles –Auguste Rodin aurait été un des rares à refuser ses avances. Il y eut aussi des femmes dans son lit, comme la peintre Louise Abbéma (Amira Casar).

Le film est très pédagogique, notamment quand elle raconte à l’amour de sa vie, Lucien Guitry (le père de Sacha), son enfance (absence de père, nourrice, couvent, viols, scarifications aux bras) et lors des scènes où intervient son fils unique et adoré Maurice (Grégoire Leprince-Ringuet), qu’elle eut à 20 ans du prince belge Henri de Ligne.

Amour de sa vie

Sarah Bernhardt fut amputée de la jambe droite en en 1915, à l’âge de 70 ans, en raison d’une tuberculose osseuse du genou, moment de sa vie sur lequel commence le film et qui décrit déjà le personnage fort de ce biopic: « Ne te trompe pas de jambe », dit-elle au chirurgien.

Dans cette vie extrêmement riche, Guillaume Nicloux a choisi de mettre l’accent sur l’amour entre Sarah Bernhardt et Lucien Guitry (Laurent Lafitte). « Je n’ai jamais aimé que toi », lui dit-elle à la fin du film. « Et moi je n’ai jamais cessé de t’aimer », lui répond-il, après des années d’amour et de séparations. Leur rupture est le seul moment du film où on la voit subir, où elle se sent faible, où elle supplie.

Sandrine Kiberlain omniprésente

Pour interpréter cette légende du théâtre, il ne fallait pas une actrice banale. Frisée, rousse, débordante d’énergie mais sensible, Sandre Kiberlain en fait des tonnes dans ce film mais parce que Sarah Bernhardt aussi emportait tout sur son passage.

César 1996 du meilleur espoir féminin pour En avoir (ou pas), César 2014 de la meilleure actrice pour 9 Mois ferme, Sandrine Kiberlain est ici omniprésente –et d’ailleurs on ne se souvient pas l’avoir vue simplement ordinaire dans aucun de ses films: exceptionnelle dans MON BÉBÉ (2019) et radieuse plus récemment dans UN AUTRE MONDE (2022), CHRONIQUE D’UNE LIAISON PASSAGÈRE (2022), LE PARFUM VERT (2022) ou LA PETITE VADROUILLE (2024).

Ici elle est formidable, digne héritière d’une Sarah Bernhardt que, bien sûr, elle admire: « Je suis bouleversée par sa manière de dire juste avant d’aller jouer: «Laissez-moi, il faut que je me quitte». C’est bouleversant. Car tout est dit des acteurs. Et c’est totalement elle ». Et c’est totalement elle, aussi.

Jean-Michel Comte

LA PHRASE« À défaut d’être vrai, il faut toujours mentir avec la plus grande sincérité«  (Sarah Bernhardt à son fils, à propos de ses mémoires).


  • A voir : Sarah Bernhardt, La Divine. Réalisation: Guillaume Nicloux. Avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar (Sortie 18 décembre 2024)

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