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"La Cerisaie" de Anton Tchekhov, avec Isabelle Huppert (au centre). Photo (Christophe Raynaud De Lage)

Théâtre. Isabelle Huppert a ouvert le Festival d’Avignon avec « La Cerisaie » dans une mise en scène de Tiago Rodrigues, nouveau directeur, qui succédera à Olivier Py en septembre 2022. Une première pour la comédienne qui n’avait jamais joué Tchekhov. L’été d’Avignon est parfois compliqué. Pour accéder à la Cour d’Honneur du Palais des Papes le 6 juillet il fallait attendre sous la pluie pendant près de trois quarts d’heure (pour cause de contrôle des pass sanitaires). A l’abri du château, l’attente fût longue avant que la météo laisse enfin assister au spectacle donné dans une cour magnifiquement rénovée.


C’est une première pour Isabelle Huppert qui n’a jamais joué Tchekhov. La comédienne est parfaitement à l’aise dans le personnage de Lioubov. Un moment elle paraît drôle et superficielle; l’instant d’après c’est le drame et l’actrice se joue avec agilité de ces changements de tonalité. Malgré l’importance de son rôle, elle n’envahit pas l’espace et elle sait laisser leur place à chacun de ses partenaires


Nous avons eu la chance de découvrir « La Cerisaie » présentée dans la Cour d’honneur au Festival d’Avignon, mise en scène par Tiago Rodrigues avec Isabelle Huppert et une belle troupe de comédiens talentueux. Une découverte, donc pas de points de comparaison, ce qui permet un regard très modeste et sans a priori.

Pour le metteur en scène Tiago Rodrigues, c’est une première : jusqu’à présent il n’a mis en scène que ses propres textes. Et, concours de circonstances extraordinaire, il apprend sa nomination à la tête du festival le jour de la première de ce spectacle.

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« La Cerisaie » de Anton Tchekhov, avec Isabelle Huppert (au centre) .Photo (Christophe Raynaud De Lage)

C’est une première également pour Isabelle Huppert qui n’a jamais joué Tchekhov. Aborder « La Cerisaie » par cette mise en scène c’est d’abord découvrir un texte d’une grande modernité. Achevé en 1903, juste avant la mort de son auteur, c’est un théâtre du quotidien, une sorte de reportage dans une Russie où l’aristocratie vit les difficultés d’une triste fin de règne. Lioubov (Isabelle Huppert) est une aristocrate qui a perdu son fils et revient en Russie après un séjour à Paris. Son domaine, la Cerisaie, mal gérée en son absence, doit être mis en vente.


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Avignon: la Cour d’honneur du Palais des Papes

L’intérêt de ce texte tient d’abord à la complexité de ses personnages. Pas de manichéisme chez Tchekhov. La mise en scène et le jeu des acteurs met parfaitement en lumière les ambiguïtés de chaque rôle. C’est vrai d’abord pour Adama Diop qui joue le rôle de Lopakhine, cet homme d’affaire qui porte pour la Cerisaie un projet de développement touristique que personne ne veut prendre en considération chez les occupants de la propriété.


Avignon : Isabelle Huppert parfaite dans « La Cerisaie » de Tiago Rodrigues


Isabelle Huppert est parfaitement à l’aise dans le personnage de Lioubov. Un moment elle paraît drôle et superficielle; l’instant d’après c’est le drame et l’actrice se joue avec agilité de ces changements de tonalité. Malgré l’importance de son rôle, elle n’envahit pas l’espace et elle sait laisser leur place à chacun de ses partenaires. Et comme Tchekhov aimait disait-on les acteurs, le texte donne à chacun l’occasion de se mettre en avant tandis qu’Isabelle Huppert s’écarte et modestement trouve un siège dans un coin de l’immense scène.

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Tiago Rodrigues © Filipe Ferreira

Tiago Rodrigues a su tirer partie du magnifique espace que lui offre la Cour d’Honneur. La scène est occupée par l’ensemble de la troupe qui ne la quitte plus mais s’éloigne simplement quand chacun doit se mettre en retrait si le texte l’impose. Au devant de l’espace, des duos se succèdent à la manière d’un opéra et tous les acteurs en profitent pour y exprimer leurs talents.

Une musique contemporaine vient d’ailleurs ponctuer régulièrement le spectacle de façon  réjouissante. Et c’est sur cette musique qu’on voit un moment tous les acteurs se lancer dans une sorte de danse très lente qui est un des moments les plus saisissants de cette  forte mise en scène.

Yves Le Pape

  • « La Cerisaie » de Tchekhov, mis en scène par Tiago Rodrigues, jusqu’au 17 juillet à 22h dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes

Avec Isabelle Huppert, Isabel Abreu, Tom Adjibi, Nadim Ahmed, Suzanne Aubert, Marcel Bozonnet, Océane Cairaty, Alex Descas, Adama Diop, David Geselson, Grégoire Monsaingeon, Alison Valence et les musiciens Manuela Azevedo et Hélder Gonçalves.

 

 

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