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« Basquiat x Warhol à quatre mains » : une exposition à voir à la fondation Vuitton © DR

Exposition. Le monde des arts et de la culture est tout sens dessus dessous. C’est la « Basquiat-mania in Paris ». Deux expositions font l’événement, dont l’une à la Fondation Louis Vuitton : « Basquiat x Warhol à quatre mains ». Hommage à deux frères d’art. On y court !


Basquiat et Warhol : Il va naître entre les deux artistes une amitié indéfectible. Le résultat ? pas moins de 160 toiles peintes à quatre mains


 

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« Basquiat et Wahrol à quatre mains » (c) DR

Américain d’origine haïtienne, né le 22 décembre 1960 à Brooklyn, New York, Jean-Michel Basquiat demeure l’un des créateurs les plus hip hop de la planète. Une des figures essentielles de la scène artistique et « people » de New York, à peine sorti de l’adolescence, il étincelle de mille feux tant en musique qu’en peinture. Vite, il bouscule l’ordre établi- avec la complicité et l’amitié, entre autres, d’Andy Warhol.

Souvent, un ami commun, le peintre et dessinateur américain Keith Haring (1958- 1990), confiait : « C’était une conversation advenant par la peinture, à la place des mots… c’était deux esprits fusionnant pour en créer un troisième, séparé et unique ». Et d’ajouter : « Ils pratiquaient ensemble, mangeaient ensemble, et riaient ensemble ».

L’un, Andy Warhol (né le 6 août à Pittsburgh, Pennsylvanie) était blanc, catholique et un des maîtres de la pop culture et accueillait dans sa Factory des artistes de tout horizon. L’autre, Jean-Michel Basquiat (né le 22 décembre 1960 à Brooklyn, New York), était noir d’origine haïtienne, débordant de vitalité, musicien et peintre.

En 1982, l’un des galeristes parmi les plus réputés de la « Grosse Pomme », Bruno Bischofberger, organise un déjeuner entre Warhol et Basquiat. A l’issue de ce déjeuner, le maître pop à la chevelure péroxydée fait un Polaroïd du jeune homme- lequel demande alors au galeriste de le prendre en photo avec Warhol.

A peine l’image sortie de l’appareil, Basquiat file avec le cliché, direction son atelier. A peine deux heures plus tard, l’assistant apporte une toile encore humide, y sont représentés Warhol et Basquiat, c’est « Dos Cabezas ». Warhol, bluffé, dira simplement : « Je suis jaloux, il est bien plus rapide que moi ! »

Dès lors, va naître entre les deux hommes une amitié indéfectible. Qui va les conduire, sur les conseils et l’insistance de Bruno Bischofberger, à réaliser une œuvre commune. Pendant une longue année, entre 1984 et 1985, ils vont créer. Follement, frénétiquement, électriquement sur un rythme quasi quotidien. Le résultat ? pas moins de 160 toiles peintes à quatre mains.

Et aujourd’hui, c’est une première en France, plus de la moitié de ces toiles sont présentées à Paris dans les murs de la Fondation Louis Vuitton– c’est « Basquiat x Warhol à quatre mains ». Une exposition- événement pour un hommage à deux frères d’art…



Un jour de confidence, Basquiat s’est laissé aller à commenter cette collaboration : « Andy commençait la plupart des peintures. Il mettait quelque chose de très reconnaissable, le logo d’une marque, et d’une certaine façon je le défigurais. Ensuite, j’essayais de le faire revenir, je voulais qu’il peigne encore ». Propos complétés par Andy Warhol : « Je dessine d’abord, et ensuite je peins comme Jean-Michel. Je pense que les peintures que nous faisons ensemble sont meilleures quand on ne sait pas qui a fait quoi… »

De cette amitié emplie de fulgurances, surgiront des œuvres capitales, telle cette sculpture monumentale « Ten Punching Bags (Last Supper) », telle la toile de 10 mètres « African Mask ».

Dans le magnifique catalogue de l’exposition dirigé par Dieter Bucchart et Anna Karina Hofbauer, on lit : « Basquiat admire Warhol comme un aîné, un personnage clé du monde de l’art, initiateur d’un langage inédit et d’un rapport original à la culture populaire. En retour, Warhol trouve chez Basquiat un intérêt renouvelé pour la peinture. Avec lui, il se remet à peindre manuellement, à très grande échelle. Les sujets de Warhol (titres de presse, logos de General Electric, de la Paramount, des Jeux Olympiques) servent de structure à de véritables séries qui scandent le parcours ».

Finalement, une œuvre à quatre mains, c’est tout simple, même si, honte à elle, une plume médisante dans le « New York Times » réduisit Basquiat au rôle de « mascotte » de Warhol…

Fréquentant (trop assidument) les paradis artificiels, il mourra le 12 août 1988 à New York. Overdose. Il rejoindra ainsi le tristement célèbre « Forever 27 Club », où l’on trouve Brian Jones (guitariste des Rolling Stones), Jimi Hendrix, Janis Joplin, Kurt Cobain ou encore Amy Winehouse. Trente-cinq ans après sa mort, Jean-Michel Basquiat est un des artistes les plus chers du monde, avec un tableau vendu, en 2017, 110,5 millions de dollars…

Serge Bressan


  • A voir : « Basquiat x Warhol à quatre mains ». Fondation Louis Vuitton, 8 avenue du Mahatma Gandhi 75116 Paris. Jusqu’au 28 août 2023. Du lundi au jeudi, samedi et dimanche, 10h- 20h ; vendredi, 11h-23h.
  • Tarifs : 16 €. Réduit : 10 €. Adolescents (-18 ans), artistes et demandeurs d’emploi : 5 €. Gratuit pour les -3 ans et les personnes handicapées.
  • A lire : « Basquiat x Warhol à quatre mains ». Direction d’ouvrage : Dieter Bucchart et Anna Karina Hofbauer. Gallimard- Fondation Louis Vuitton, 328 pages, 49 €.

 

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