L’écrivain, scénariste et comédien notamment de « Entre les murs » (Palme d’or à Cannes, en 2008) François Bégaudeau, signe « Une vie de moche », dessinée par Cécile Guillard. Une réflexion subtile et cruelle à l’heure où les mouvements de body-positive mènent un combat contre les diktats de la beauté.
Dans « Une vie de moche », les pages se tournent sur la dictature de la beauté, cette éternelle injustice, et les diktats dénoncés aujourd’hui par les mouvements de body-positive et d’acceptation de soi
La vie de Guylaine de sa naissance à l’aube de ses soixante ans, et comment le regard des autres qui la jugent laide va influer sur ses amitiés, ses amours, son rapport au corps, au monde. « Vers l’âge de 11 ans, j’ai entamé une carrière d’invisible », confesse l’héroïne, Guylaine, comme Vilaine.
Les pages se tournent sur la dictature de la beauté, cette éternelle injustice, et les diktats dénoncés aujourd’hui par les mouvements de body-positive et d’acceptation de soi.
François Bégaudeau, écrivain, scénariste de cinéma et de bande dessinée (
« Entre les murs »;
« Mektoub, my love »;
« Mâle occidental contemporain »), plonge au fond d’une âme et se fait ici l’écho de
Virginie Despentes qui s’écriait dans King Kong Theory:
« J’écris de chez les moches, pour les moches, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf. » Frédéric Dard, lui, affirmait à raison:
« Les femmes moches sont celles qu’on ne sait pas regarder. »
Dans cette
« Vie de moche », radioscopie juste et dure d’une « disgrâce », Guylaine,
brûlée par l’éclat de la beauté des autres, est habillée de couleurs monochromes et du dessin fin de
Cécile Guillard.
Elle affirmera finalement cette disgrâce comme une force. Le chemin d’une vie.
Texte Gilles Médioni
« Une vie de moche » de François Bégaudeau et Cécile Guillard.
Marabout/MARAbulles. 208 p; 25 €.