Festival. Malgré un premier jour pluvieux et venteux dû à la tempête Miguel, la 36ème édition d’Art Rock qui avait choisi pour thème les « Animals », a enregistré une fréquentation en hausse avec 78 000 personnes présentes lors de l’événement pluridisciplinaire de Saint-Brieuc, du 7 au 9 juin.
Evénement pluridisciplinaire, le festival Art Rock à Saint-Brieuc, a célébré cette année les « Animals« . Un thème décliné au long d’une programmation inventive croisant les genres artistiques.
Evénement pluridisciplinaire, le festival Art Rock à Saint-Brieuc, a célébré cette année, les « Animals« . Un thème décliné au long d’une programmation inventive croisant les genres artistiques. A l’image du spectacle d’arts de la rue « Invasion » de la compagnie hollandaise Close-Act, fait d’immenses et mystérieuses créatures fantastiques et préhistoriques, les Saurus, qui ont envahi le centre-ville dimanche, sous le regard émerveillé des spectateurs.
L’animalité, il en a été également question au travers des expositions zoomorphes présentées au Musée de Saint-Brieuc. L’occasion pour le public de s’aventurer au cœur d’un univers composé de bestioles artificielles mettant en valeur les espèces dans leur pluralité, qu’elles soient « futuristes ou en voie de disparition ». L’artiste portugais Bordalo II créé des sculptures à partir de déchets, pour mieux dénoncer la pollution qui tue les animaux. On passe de ses « Plastic Animals« , symbolisés ici par une impressionnante tortue aux couleurs vives, à une installation interactive « People on the fly » des Francos-Autrichiens Laurent Mignonneau & Christa Sommerer, où la mouche est reine aux travaux d’Hiroshi Sugihara & Shunji Yamanaka. Le deux artistes japonais, avec « Ready to crawl » invitent à observer le mouvement robotique d’insectes rampants à partir de créatures numériques fabriquées avec une imprimante 3 D, avec lesquels le spectateur peut interagir. Étonnant, même si on aurait souhaité un contenu plus foisonnant.
La 36ème édition d’Art Rock a eu un invité inattendu avec la tempête Miguel, vendredi. Il a fallu combattre les éléments et braver les intempéries pour assister aux concerts en plein air de la Grande scène et de la Scène B. Entre rafales de vent, pluie et température plutôt froide pour un mois de juin (12 degrés), Camelia Jordana nous a fait voyager au cœur d’ambiances mêlées de hip-hop, jazz, électro-soul et musique du monde issues de son dernier album « LOST« . Un registre aux identités multiples interprété en français, en arabe ou en anglais, dont les chansons engagées évoquent l’idée d’être une femme libre dans ce monde anxiogène (« A girl Like me« ) ou le thème du racisme avec le titre « Freddie Gray« , jeune noir tué lors des émeutes à Baltimore aux Etats-Unis, auquel la chanteuse rend hommage.
Suzane qui aime se définir comme « une conteuse d’histoires vraies sur fond d’electro » a rapidement fait danser le public de la scène B, malgré la pluie qui s’est mise à redoubler. A l’applaudimètre, ses chansons solaires font la différence portées par ses tubes « L’insatisfait« , « SLT » ou « Anouchka« . Un beau succès pour la chanteuse originaire d’Avignon, qui il y a à peine un an était encore serveuse dans un restaurant dans le 20ème arrondissement de Paris.
Joyeux mélange des genres, musique, arts numériques, expositions, théâtre de rue, Art Rock aime croiser les expressions artistiques. C’est le cas pour la création « Fix Me » imaginée par Alban Richard, directeur du Centre chorégraphique national de Caen. Un spectacle ou danse et musique électro se rencontrent. Sur scène, ils sont quatre danseurs contemporains – deux femmes, deux hommes – qui improvisent une chorégraphie faite de mouvements saccadés, chacun étant à l’origine d’une gestuelle solo empreinte d’un tourment intérieur.
De quoi distraire le regard et habiter l’espace du théâtre briochin, mais au final, c’est la musique électro répétitive d’Arnaud Rebotini entouré de ses claviers, qui nous envoûte. Difficile de saisir le propos de cette chorégraphie, où les danseurs déplacent des sortes de planches en aggloméré sur lesquelles sont plantés des drapeaux noirs, pendant que la voix de Rebotini, chantant en anglais dos tourné au public, résonne dans un nuage de fumée blanche. A la fin, les danseurs quittent la scène comme ils y sont entrés, par la salle, laissant seul le créatif Rebotini et sa partition cinématique, dont on aurait aimé qu’elle dure jusqu’au bout de la nuit.
Le festival a envoyé du lourd avec la présence du groupe rock The good, The bad & The Queen, avec le légendaire Damon Albarn (leader de Blur et de Gorillaz) sur scène, Paul Simonon (ex-bassiste de The Clash), Simon Tong (ancien guitariste de The Verve) et Tony Allen (ex-batteur de Kela Kuti). Et on a eu droit à l’excellent groupe de rock alternatif psyché écossais Primal Scream, emmené par le classieux et original Bobby Gillespie vêtu d’un flashy costume fushia et de chaussures roses.
Il y avait également le hobo britannique Charlie Winston qui a dévoilé les chansons de son dernier album « Square 1« , aux influences afros. Charlotte Gainsbourg, elle, a donné un concert électrique un peu froid (peu d’échange avec le public, pas de sourire et filet de voix) dans un décor lumineux, toujours aussi réservée dans sa bulle rock. Quant au OFF du festival, il a fait vibrer Saint-Brieuc durant trois jours. Tel les DJs de l’incontournable Michelet Café qui diffusaient de la musique très dansante des années 70, 80, 90’ dans une rue bondée, où les gens avaient tous le sourire aux lèvres. Une super ambiance, reflet du très festif Art Rock qui a accueilli 78 000 personnes, malgré les mauvaises conditions météo. Trop forts les Bretons !
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