Spectacle. Écrit et mis en scène par Nicolas Dubois, « Un pont trop près » aborde le thème du suicide mais aussi et surtout l’importance de la parole. Une pièce qui se transforme très vite en formidable hymne à la vie. Jusqu’au 23 mai 2023, les lundis et mardis, à l’Essaïon Théâtre, à Paris.
« Je crois que nous vivons aujourd’hui une période sombre de notre histoire. Qu’entre les confinements, les attentats, les accidents ou les actes de malveillance, les médias classiques et les réseaux sociaux nous abreuvent tous les jours d’histoires tristes, d’histoires qui commencent bien et finissent mal. J’ai voulu prendre le contre-pied de tout cela… Cette pièce est aussi pour moi une façon de montrer que la parole peut sauver… » confie l’auteur et metteur en scène Nicolas Dubois.
« Un pont trop près« est donc une histoire qui commence mal ! Emmanuelle (Christel Wallois) s’apprête à franchir le parapet d’un pont pour se jeter dans le vide. Elle est alors interpelée par Guillaume (Guillaume Destrem) venu avec le même sombre dessein. Ils se présentent et commencent à parler. Elle, surmenée et victime de harcèlement au travail, regrette sa vie d’étudiante insouciante, évoque l’usure de son couple puis la trahison de son compagnon. Lui, photographe animalier, est persuadé qu’il a hérité d’une maladie génétique. Il a bien passé des examens mais n’est pas allé chercher les résultats…
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On assiste alors à une sorte de « suicide mode d’emploi ». Emmanuelle a songé au gaz mais, chez elle, tout est électrique. Il y a aussi les armes à feu mais comme elles ne sont pas en vente libre elle a renoncé à rencontrer des gens louches pour en obtenir. Quant à Guillaume, après avoir éliminé la corde, un procédé « vieille France » manquant de panache et de poésie, les sacs en plastique peu écologiques, il rêve d’une fin qui aurait de la gueule !
Au fil de leurs échanges, chacun trouve des arguments pour persuader l’autre de ne pas sauter. Puis ils repassent de l’autre côté du parapet et poursuivent une conversation émaillée de répliques tour à tour émouvantes et cocasses. Et, lorsqu’ils se mettent à énumérer les exemples justifiant leur décision d’en finir… on réalise qu’ils sont autant de raisons de rester.
Un troisième candidat au suicide (Eliott Lobrot) débarque. Il a 17 ans et s’appelle Noé. Les deux se liguent alors pour le dissuader en lui expliquant notamment qu’avec un tel prénom, il est interdit de noyade !
Evitant l’écueil du pathos, le spectacle qui nous tient en haleine jusqu’au bout, met judicieusement l’accent sur la nécessité de libérer la parole, de s’ouvrir à l’autre.
Au final, « Un pont trop près » résonne comme un formidable hymne à la vie !
Annie Grandjanin
- A voir : « Un pont trop près ». Jusqu’au 30 mai 2023, les lundis et mardis à 19h, à l’Essaïon Théâtre, 4, rue Pierre au Lard, 75004 Paris. Réservations au 01.42.78.46.42.
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