Non ce n’est pas une rétrospective ! C’est peut-être encore mieux que cela… Avec “Toulouse-Lautrec Résolument moderne”, le Grand Palais, à Paris, propose de découvrir une autre facette de cet artiste peintre, dessinateur affichiste et lithographe épris d’une incroyable soif de vivre et de liberté.
Avec l’exposition “Toulouse-Lautrec Résolument moderne”, le visiteur découvre une autre facette de l’artiste peintre, celle d’un homme curieux de son époque, passionné par la vie, dont les œuvres témoignent d’une formidable vitalité
De Toulouse-Lautrec, on connaît surtout le chroniqueur et le contemplateur de la grande époque de Montmartre, celle du folklore et de la vie de bohème. Il suffit de fermer les yeux pour voir apparaître mentalement les affiches d’“Aristide Bruant dans son cabaret” et du “Moulin Rouge”. Le Grand Palais a évidemment accordé une place de choix à ces œuvres majeures. Mais l’exposition “Toulouse-Lautrec Résolument moderne” qu’il propose jusqu’au 27 janvier va beaucoup plus loin : elle s’atèle à montrer à la fois la démarche novatrice du peintre et l’ambition esthétique (voire poétique) dont il a investi ce qu’il apprit tour à tour auprès de Princeteau, Bonnat et Cormon. La déambulation débute donc logiquement par son apprentissage académique dans les ateliers de ces trois peintres.
Le reste de la visite se divise en une multitude de sections très chapitrées qui montrent pêle-mêle le rapport que l’artiste entretenait avec les femmes (ses modèles, celles dont il s’entichait, les danseuses de cancan et les prostituées), la littérature (très cultivé, il appartenait au cercle de la revue blanche et s’est profondément intéressé au naturalisme littéraire ainsi qu’au théâtre dont il a réalisé certains décors) ou encore à la vitesse (le galop des chevaux, les danses endiablées des chahuteuses de cabarets, la fièvre vélocipédique et l’automobile).
Avec cette exposition, le visiteur découvre une autre facette de Toulouse-Lautrec , celle d’un homme curieux de son époque, passionné par la vie et terriblement épris de liberté. Sans faire figure de rétrospective (la dernière a eu lieu en 1992), “Toulouse-Lautrec Résolument moderne” permet d’avoir une une vue d’ensemble sur sa peinture et d’admirer la force de ses œuvres. Quelques-unes sont particulièrement emblématiques de sa vigueur, comme “Au cirque Fernando : Écuyère” qui constitue à la fois une prise de risque esthétique et une affirmation de sa modernité (cadrage serré, mouvement du cheval en contre-plongée et visage presque grimaçant de l’écuyère qui s’apprête à sauter) ou “la Roue” et l’impression de mouvement presque cinétique qui se dégage du jupon dans la danseuse.
Et puis il y a toute la série sur le sexe tarifé. Toulouse-Lautrec a dépeint comme personne la vie quotidienne des maisons closes. “Le Divan” et “Au Salon de la rue des Moulins”, montrent d’ailleurs ainsi un épisode bien connu sur le plan historique mais jamais représenté : des prostituées attendant la visite du médecin à une époque où la syphilis faisait des ravages… Infection que Lautrec avait lui-même contractée. La dernière section est d’ailleurs dédiée à la fin de vie de l’artiste, mort à 36 ans, après avoir mené une vie dissolue et trop arrosée. Ses dernières œuvres (“un examen à la faculté de médecine”, “Paul Viaud en tenue d’Amiral du 18ème siècle”, “Messaline descend l’escalier bordé de figurants”) témoignent pourtant d’une incroyable vitalité et d’un tournant artistique, signe que sa peinture était mûre pour embrasser les courants suivants : l’expressionnisme et le fauvisme.
- Exposition “Toulouse-Lautrec Résolument moderne” jusqu’au 27 janvier 2020 – Grand Palais, Paris, 3 Avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris.
Lire: L’âge d’or de la peinture anglaise en majesté au Musée du Luxembourg: https://www.weculte.com/cultures/lage-dor-de-la-peinture-anglaise-en-majeste-au-musee-du-luxembourg/