turner exposition jacquemart andre
"Scarborough", vers 1825, aquarelle sur papier de William Turner (c) Tate

Exposition. Fermé en raison de l’épidémie de coronavirus, le musée Jacquemart-André a rouvert mardi 26 mai. Bonne nouvelle pour tous les amateurs d’art qui pourront y découvrir la riche exposition consacrée au peintre aquarelliste britannique William Turner. La rétrospective présentée jusqu’au 11 janvier 2021 propose des œuvres pour partie inédites et incroyablement modernes, issues de son fonds personnel. Crise sanitaire oblige, le port du masque et le contrôle de la température seront obligatoires à l’entrée. Réservation sur Internet pour des visites limitées à 60 personnes.

L’exposition “Turner. Peintures et aquarelles. Collections de la Tate”, propose de découvrir un autre visage de ce grand peintre. “Le Turner secret”, plaisante Pierre Curie, conservateur du musée Jacquemart-André, autrement dit le Turner qui, durant toute sa carrière, a peint “pour son propre plaisir”

De Turner, on connaît le jeune prodige entré à 14 ans à la Royal Academy pour étudier le dessin et l’aquarelle, avant d’en devenir membre (1802), puis professeur de perspective (1807) ; on connaît le Turner qui ouvra sa propre galerie (1804) afin d’attirer clients et mécènes ; on connaît le Turner, représentant incontestable de l’âge d’or de la peinture anglaise, qui exploita comme personne les effets de la lumière et de la transparence sur les paysages anglais et les lagunes vénitiennes ; on connaît le Turner aquarelliste, dont le génie consiste à avoir transposé les couleurs subtiles de l’aquarelle à la peinture à l’huile. Mais ce que l’exposition “Turner. Peintures et aquarelles. Collections de la Tate”, propose de découvrir, c’est un autre visage de ce grand peintre. “Le Turner secret”, plaisante Pierre Curie, conservateur du musée Jacquemart-André, autrement dit le Turner qui, durant toute sa carrière, a peint “pour son propre plaisir”.

Après sa mort, la Nation britannique a reçu en 1856 un leg considérable comprenant une centaine de peintures à l’huile, des études inachevées, des ébauches, ainsi que des milliers d’œuvres sur papier parmi lesquelles de nombreuses aquarelles. Ce fonds considérable conservé à la Tate Britain, révèle toute la modernité de ce peintre romantique. Il offre également des points de vue uniques sur l’esprit, l’imagination et la pratique privée de Turner. Intimes et expérimentales, ces “color beginnings” comme il les appelait sont largement méconnues du grand public. Elles sont présentées au musée Jacquemart-André en regard de quelques toiles, dans un objectif évident : montrer le passage direct de ses recherches avec l’aquarelle dans son travail à l’huile.

L’exposition a été scindée en 8 salles permettant de suivre pas à pas l’évolution artistique du peintre. Elle débute avec ses œuvres de jeunesse pour s’achever avec des œuvres beaucoup plus radicales et accomplies qui constituent de fascinantes expérimentations lumineuses et colorées. Le parcours imaginé par les organisateurs permet ainsi de suivre les voyages de Turner en France, en Allemagne, en Suisse et surtout en Italie. Fou de travail, le peintre anglais a commencé à voyager à 15 ans, pour atteindre les sites qu’il voulait peindre ou dont il souhaitait s’inspirer. Ses déplacements ne poursuivaient aucun but touristique en soi. “Jamais de vacances pour moi”, telle était sa devise !  

Turner exposition jacquemart andré
William Turner, Venise : San Giorgio Maggiore, 1819, aquarelle sur papier,©Tate

Sa prodigieuse mémoire des couleurs lui permettait de les restituer ensuite en atelier. Car contrairement aux idées reçues fondées sur sa fascination pour les paysages qu’il n’a cessé de représenter, Turner a très peu peint en plein air. “Malgré la modernité de ses aquarelles et peintures à l’ huile, surtout à la fin de sa carrière, Turner n’est en rien un précurseur de l’impressionnisme”, conclut Pierre Curie. La raison ? Ses œuvres avant-gardistes étaient conservées dans son atelier. Les impressionnistes n’ont donc absolument pas eu connaissance de ce “Turner-là”. L’exposition du musée Jacquemart-André permet de mesurer à quel point le peintre était en avance sur son époque.

Texte Sandra Franrenet

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