film poulet au vinaigre
Michel Bouquet et Jean Poiret dans "Poulet au vinaigre " de Claude Chabrol (1985). DR

Télé. «Poulet au vinaigre» nous plonge dans une petite ville, où trois notables rêvant de réaliser une opération immobilière juteuse, n’hésitent pas à aller jusqu’au crime pour acquérir à peu de frais le terrain qu’ils convoitent. L’inspecteur de police Lavardin est alors envoyé sur les lieux. Une comédie policière piquante portée par une intrigue à suspense, mijotée par le cinéaste Claude Chabrol, qui épingle ici la bourgeoisie de province. A voir lundi 19 avril sur Arte – 20:55

film poulet au vinaigre
Michel Bouquet et Jean Poiret dans « Poulet au vinaigre  » de Claude Chabrol

Voici une comédie policière mijotée par un Claude Chabrol qui se prend parfois pour Hitchcock, drôle et sarcastique. Une enquête dans une petite ville française tranquille (Le tournage a eu lieu à Forges-les-Eaux (76), qui met en scène trois notables conspirateurs à l’esprit criminel : le notaire Hubert Lavoisier (Michel Bouquet), le docteur Philippe Morasseau (Jean Topart), le boucher Gérard Filiol (Jean-Claude Bouillaud) et les gens qu’ils veulent chasser de leur vieux pavillon pour accaparer leur terrain.

Pour mener à bien l’opération immobilière, ils doivent absolument acquérir ce bien le moins cher possible, où vivent le facteur Louis Cunot (Lucas Belvaux) et sa mère impotente (Stéphane Audran). Ces derniers  refusent de vendre. Les notables devront se débarrasser de l’un ou des deux occupants gênant leurs projets.

Arrive un inspecteur, Lavardin. Dans cette enquête, menée avec  beaucoup de malice et parfois une certaine brutalité par ce policier aussi goguenard que fouineur, nous retrouvons avec bonheur ce que le cinéma des années 1970  nous a offert de meilleurs, avec des acteurs de choix : Jean Poiret, Stéphane Audran (qui a laissé pour ce rôle sa «classe» légendaire au vestiaire), Michel Bouquet, inquiétant personnage de toujours et l’adorable Pauline Lafont dans un personnage plus épais, qu’elle endosse avec humour.

Dans ce film, Claude Chabrol épingle la bourgeoisie de province, de même que l’urbanité des villes moyennes où pointe déjà ce que les notables, guidés par l’appât du gain, vont faire de la vie tranquille, un peu endormie de ses habitants : les cerner de béton. Ils vont se heurter à Lavardin, joué par Jean Poiret et son regard clair, un policier malin, narquois et bon vivant, (il adore les œufs au plat), rôle qu’il reprendra plus tard, toujours sous la direction de Claude Chabrol, dans «Les enquêtes de l’inspecteur Lavardin». Les situations sont amenées lentement et laissent aux acteurs le temps de développer leur jeu. On dirait du Georges Simenon, plus noir et plus cynique, plus décalé aussi.

affiche film poulet au vinaigreLa regrettée Pauline Lafont est éblouissante de talent, Jean Poiret séduit autant par ses méthodes musclées que par son esprit subtil, même s’il apparaît un peu tardivement dans l’histoire (au bout de 43 minutes). C’est lui qui est l’auteur du script, souhaitant se défaire de l’image de comique qui l’encombrait. «Pour réussir un bon poulet au vinaigre, il vous faut un poulet authentique, pas trop nerveux, un peu agressif mais tendre, et le servir très chaud», dit avec humour Claude Chabrol dans une scène qui servira à la promotion de son film. Un régal de suspense!

Jane Hoffmann

  • A voir : «Poulet au vinaigre» de Claude Chabrol (1985) avec Jean Poiret, Stéphane Audran, Lucas Delvaux, Pauline Lafont, Michel Bouquet, lundi 19 avril sur Arte -20:55

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