benjamin cotto ep bleu
Benjamin sort "Bleu", son premier EP (photo) Rémy Cohen

Interview. Moitié du groupe Lilly Wood and the Prick, Benjamin Cotto sort « Bleu ». Un premier EP solo aux ambiances pop seventies, où se révèle sa voix grave, chaude, profonde. Un « parlé-chanté » qui agit comme un baume. L’heureuse surprise de cet automne.


Interview. Benjamin Cotto dans le grand bleu du sentiment amoureux


Surtout ne pas trop en dire pour ne pas briser le charme. Benjamin Cotto, c’est d’abord une voix grave, chaude, intime, profonde. Une voix à la Léonard Cohen mâtinée de Biolay et de Gainsbourg, qui ne craint pas de ralentir le tempo pour mieux dire les choses, parler d’amour et rêver. Compositeur et guitariste du groupe pop-électro Lilly Wood and the Prick, aux côtés de sa complice Nili Hadida, le musicien sort aujourd’hui « Bleu », un premier EP pour une aventure en solo où il est question de désirs et de regrets amoureux, de romantisme, de cinéma. A l’image de la chanson « Mari Lou », dont le clip tourné façon court-métrage réunit deux actrices et muses inspiratrices, Lou Lampros et Marie-Ange Casta. Quant au « parlé-chanté » vaguement « crooner » de Benjamin Cotto, il agit comme un baume. Plongeons avec lui dans le grand bleu des sentiments.

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Benjamin Cotto (photo) Rémy Cohen

Vous revenez avec « Bleu », votre premier EP solo. Une manière de vous mettre en danger, après 15 ans d’une formidable aventure pop collective au sein de Lilly Wood and the Prick ?

Benjamin  Cotto : Il faut préciser que l’aventure collective existe toujours et continue. Ce projet solo, c’est avoir la possibilité de m’émanciper, de m’aventurer vers d’autres registres. L’occasion aussi de m’exprimer avec ma voix, parce que dans Lilly Wood c’est Nili Hadida qui chante. Aller voir ailleurs est un luxe. Je trouve que les deux choses se complètent bien.

Vous avez tout fait seul, paroles et musiques. De quelles ambiances rêviez-vous ?

Benjamin Cotto : J’ai la nostalgie d’une époque que je n’ai pas connue, qui va de fin 1960, 1970, jusqu’au début des années 1980. Une période de légèreté dans les textes et la musique, même si les arrangement étaient beaucoup plus fourni que maintenant. Il y avait une douceur et une véritable écriture dans la chanson française. J’ai voulu retrouver cette manière de faire, qui correspond à mon univers, mes références et ma façon d’écrire.



Un univers personnel qui est vraiment différent de celui plus pop-électro de Lilly Wood…

Benjamin Cotto : Lilly Wood, c’est un monstre à deux têtes, un projet en anglais, où j’écris à la guitare principalement. Pour mon projet, je compose au piano et pour le coup, j’y implique vraiment ma culture musicale, celle qui a bercé mon enfance jusqu’à maintenant. Cela passe par Gainsbourg, Barbara, Polnareff, Berger, Joe Dassin, Pierre Vassiliu, Nino Ferrer…Mais, ado, j’ai aussi beaucoup écouté de pop anglaise et américaine, un mouvement qui a influencé Lilly Wood.

Faut-il voir dans single « Le Grand Bleu », une référence au film de Luc Besson ?

Benjamin Cotto : Pas du tout. Forcément, quand on parle de la mer et de la Méditerranée, le grand bleu vient aussitôt. Mais, pour ce titre, j’ai pensé à une fille qui avait un regard « bleu mer », du coup, j’ai voulu écrire ces mots dans cette chanson.

Les femmes sont nombreuses à chanter dans l’EP (Marine Quéméré, Margaux De Fouchier, Manon Leloup, Sarah Bouakline Le Scouarnec…). Que représentent-elles pour vous?

Benjamin Cotto : Elles m’inspirent. Je les trouve fascinantes, plus subtiles souvent, que les hommes. Elles me plaisent, me déroutent, me rendent triste aussi parfois et m’apportent beaucoup de bonheur. La femme est une clé essentielle dans le monde dans lequel on vit. Je ne m’en lasserai jamais, je pense. Elles ont cette douceur nécessaire, que je ne rencontre pas forcément ailleurs. Et elles ont cette remise en question permanente.

Quand on entend votre voix grave et votre « parlé-chanté », on pense à Benjamin Biolay, voire à Gainsbourg…

Benjamin Cotto : C’est une jolie comparaison. Je pense que Benjamin Biolay a un peu les mêmes inspiration que moi, il a effectivement ce « parlé-chanté » même si maintenant, il chante plus qu’avant. Gainsbourg, forcément c’est une référence. C’est un artiste que je trouve complet, culturellement et musicalement, qui nourrit beaucoup ma musique. Mais, je n’essaie pas de leur ressembler, c’est juste que quand je compose, ça sonne comme ça.

Vous n’aviez jamais songé à chanter auparavant ?

Benjamin Cotto : Je ne savais pas, je n’osais pas. J’ai commencé la musique avec Nili Hadida, qui est une des meilleurs chanteuses. Face à elle, je me disais « à quoi ça sert de chanter » (rires). Je m’y suis mis grâce à un ami, qui m’a encouragé en utilisant « ce défaut » cette voix basse qui manque un peu d’air, comme une qualité. Je ne me sentais pas légitime de le faire, parce que je n’avais pas encore essayé, tout simplement.

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Benjamin Cotto (photo) Rémy Cohen

Pourquoi parlez-vous de défaut…

Benjamin Biolay : Parce que ce n’est pas facile d’avoir de la mélodie quand on a une voix aussi grave. Avec le temps, je pense que je chanterai un peu plus haut. Mais pour le moment, je pose mes bases, là où elles sont. Même pour le live, il faut vraiment adapter la musique à ce timbre, ne pas jouer comme si on était avec un chanteur qui pousse sa voix.



On vous sent attiré par le monde de l’image. Vous avez d’ailleurs écrit un court-métrage pour le clip « Le Grand Bleu ». Le cinéma est-il une source d’inspiration ?

Benjamin Cotto : Au départ, je voulais me tourner vers la réalisation, le cinéma. J’ai fait un documentaire pour la télé et la musique a pris le dessus. Pour moi, le son, l’image, la musique et la vidéo sont indissociables. Lorsqu’on écrit une musique, on a tout de suite des images et lorsqu’on tourne des images, on pense tout de suite à la musique. J’allie les deux constamment. Quand je compose je fais le clip qui va avec, dans lequel je raconte une histoire, que j’emmène parfois vers le court-métrage, avec des dialogues, des comédiens. Peut-être qu’un jour je réaliserai un long métrage avec toute la musique.

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Benjamin Cotto (photo) Rémy Cohen

« Bleu », c’est le disque d’un homme amoureux ?

Benjamin Cotto : C’est le disque d’un homme qui est amoureux de l’amour ! (rires). Je pense qu’il y a un peu de mélancolie dans les sentiments et lorsqu’on est amoureux, ça évoque des choses qui nous attirent, nous font écouter des musiques, voir des films. Quand on est malheureux, c’est pareil. Le sentiment amoureux me nourrit constamment. Je le recherche. C’est quelque chose dont j’ai besoin.

On va découvrir votre facette romantique…

Benjamin Cotto : Je pense que dans le monde actuel, c’est quelque chose de nécessaire. Je n’ai pas peur de revendiquer le mot « romantique ». Je l’assume totalement. Pour moi, c’est une force. Je n’aime pas l’égo-trip, toute la musique actuelle où c’est « moi je » en permanence. Je ne peux pas parler de choses que je ne vis pas, ni des domaines qui ne sont pas les miens. Je vis quoi ? L’amour. Je pense que les gens seront toujours sensibles à ce sentiment.

Entretien réalisé par Victor Hache

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