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Jil Caplan publie "Le Feu aux joues", son premier livre © Crédit photo : Robert Laffont

Interview. Son neuvième album est en préparation mais après deux recueils de poésie, c’est « Le Feu aux joues » (sous titré « Le rock et le spleen »), le premier livre de Jil Caplan qui marque son actualité. L’interprète des inoubliables « Tout c’ qui nous sépare », « Natalie Wood » ou « Sur une balançoire », se raconte par le prisme de 23 albums qui l’ont accompagnée et façonnée, de David Bowie à Prefab Sprout, sans oublier Jean-Sébastien Bach: « C’est un récit qui parle des premières émotions de la vie » confie-t-elle. Rencontre.


Jil Caplan publie « Le Feu aux joues » et se confie entre rock et spleen


Fin d’hiver ensoleillé dans ce café de son 20 ème arrondissement de Paris, à quelques pas du studio Garage où elle enregistra pendant plusieurs (!!) mois son second album : « Là où on pouvait enlever ses chaussures, lire ou écrire allongé dans le canapé ». Inutile de le cacher, Jil caplan et moi sommes amis depuis ses « A peine 21 » (titre de son premier album paru en 1987). Sensation particulière de l’interviewer pour « Le Feu aux joues », un livre-récit qui raconte des années que j’ai vécu jamais loin d’elle. Un livre où l’amour est partout, l’amour de la musique en devant de scène. Il y a aussi de la solitude sous la pluie et Tahiti.

On la connaissait autrice de format court, on la découvre en pleine littérature, découvrant qu’elle « aime à ce point écrire ». C’est son rire de « parisienne » (Rive droite uniquement et pestant contre les marquages au sol envahissants) que je capte en premier, pendant que je réécoutais la playlist (Un lien vers Spotify est proposé dans le livre) de cette « éducation sentimentale » comme l’a si bien écrit Olivier Mony de Livre Hebdo.

Souvenirs de vie, souvenirs d’une fin de XX ème siècle avec sa famille au complet – mention spéciale à la tante lesbienne et la grand mère chanteuse qui avait bien repéré  » qu’elle a une voix cette petite ». On y trouve aussi les Innocents évidemment et donc 23 albums qui ont fait d’elle ce qu’elle est. « Tu ne seras jamais Barbara » lui a dit un jour son père, Valentine Guillen a fait mieux, elle est devenue Jil Caplan.

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Jil Caplan : « les premières fois sont fondatrices dans une vie » © Guillaume Poli

« Le Feu aux joues » est ton premier livre. Est ce une biographie ?

Jil Caplan : Ce n’est pas une bio parce que ce sont des pastilles et je dis ce que je veux, je choisis un disque et je choisis l’événement qui se rapporte au disque. Ce n’est pas du tout une biographie, une biographie ce serait quelque chose de beaucoup plus dans l’ordre. Là, quand ça commence, la « gamine » a 12 ans, elle écoute Blondie, elle est tout le temps malade, et cela se termine elle a une trentaine d’année, deux albums, une Victoire de la musique et un fils.

Pourquoi s’être arrêté à ce moment là ?

Après le succès du second album, il y a comme une petite pente, mais à ce moment-là je vis une espèce d’acmé de supra bonheur pendant l’enregistrement du second album.

Ce n’était pas très intéressant d’aller jusqu’à maintenant, la temporalité était de relater un récit d’apprentissage, un récit qui parle des premières émotions de la vie. La première fois que l’on va en studio, la première fois que l’on va en Angleterre ou aux Etats-Unis, la première fois que l’on fait l’amour, la première fois que l’on tombe amoureuse, le choc de David Bowie… Toutes ces premières fois sont fondatrices dans une vie. Après c’est autre chose, c’est du développement de l’acharnement, du travail, de la vie qui rentre dans la peau, mais il n’y a plus ce feu aux joues de la jeunesse.



Y a t-il de la nostalgie de cette jeunesse égarée au milieu des années 90 ?

Je ne suis pas nostalgique, mais tu ne peux pas regarder les choses de ta jeunesse sans te dire que c’était mieux avant. Mais ce n’était pas mieux avant, ce qui était mieux c’est nous. C’est notre aptitude à s’émerveiller, à tomber amoureux, à sortir jusqu’à pas d’heure qui s’émousse avec le temps…

Comment as-tu choisis ces vingt-trois albums ?

C’est un travail sensoriel, tu laisses remonter les sensations… Je savais qu’il fallait qu’il y est les Beach Boys. C’est d’ailleurs le premier texte que j’ai écrit, même si c’est le quatrième dans le livre.

Pourquoi avoir traduit les titres des albums ?
Parce que je trouvais que le titre correspondait « comme par hasard » à un moment de ma vie. Quand j’écoute Nick Cave je suis enceinte et j’écoute « The good son ». Ella Fitzgerald « I got plenty o’nottin » extrait de Porgy and Bess au moment où de mon premier album. J’ai plein de choses mais je n’ai rien. Je vais avoir un disque, je vais faire des chansons, mais je ne suis pas chanteuse, je ne sais pas chanter, je ne sais rien faire. Cœur de verre « Heart of glass » – Blondie, c’est vraiment la fragilité du cristal qui peut se casser, c’est le moment où je suis petite et tout le temps malade, donc la plus fragile.

« Un baiser dans les maisons des rêves » de Siouxsie and the Banshees c’est le moment où je deviens punk, comme si tu ouvrais une porte vers tes rêves. Il y avait une espèce de corrélation incroyable entre le titre et ce que je vivais et ça je m’en suis évidemment rendu compte a posteriori.

Il y a très peu de français (Ferrat, Brassens, Françoise Hardy et… Bizet)

Ben oui, j’écoutais très peu de variété française. Même Gainsbourg, Bashung ne m’ont pas marquée autant que le rock.



Pas de Beatles ou de Rolling Stones ?
Je n’allais pas faire comme tout le monde (rires), mais si j’en parle des Beatles, je dis même que j’étais amoureuse de George Harrison !

Dirais-tu que « Le Feu aux joues » est impudique ?  
Ah non, je dirais que c’est intime et personnel, mais pas impudique.

C’est aussi une cartographie de Paris…

Oui, une cartographie amoureuse. Il y avait la volonté de raconter Paris. C’est ma ville et je ne m’en lasse pas – malgré le marquage au sol. Alors que petite je vivais dans le 20 ème arrondissement, j’avais l’impression de vivre dans un Paris loin de Paris.

C’est quoi la différence entre faire un disque et écrire un livre ?

Faire un livre c’est beaucoup plus solitaire. Même si tout est parti d’une idée de mon éditrice qui un dimanche chez une amie commune m’a dit « Et si tu écrivais un livre sur les disques qui ont marqué ta vie ».

jil caplan le feu aux jouesTu as pensé à signer sous ton nom d’état civil ?

Oui j’y ai pensé, et Robert Laffont n’était pas contre. J’ai pris le nom de Jil Caplan j’avais 21 ans, et trouve que ce nom que j’ai crée qui est aussi moi, vit, il a une existence, il suscite un certain intérêt, alors…

Quelle est ton actualité ?  

J’ai un album en préparation avec Emilie Marsh avec qui nous avons un projet en parallèle nommé « Karenine ».

Entretien réalisé par Olivier Bas   

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