Musique. Demi-finaliste de The Voice 2023, Kiona sort sa première chanson originale « Cœur de Pierre ». L’histoire d’un amour naissant qui appartient déjà au passé. En mêlant des histoires et des sentiments imaginaires à ceux de sa propre vie, la jeune femme de 17 ans, s’adresse avec sincérité à sa génération. Rencontre avec une lycéenne hors du commun et plein de talent.
Kiona :« Je veux être le plus sincère possible sans oublier les paillettes et le rêve »
Le 5 mars 2023, les membres du jury ont été impressionnés par son interprétation de «Vie d’artiste » popularisé par La Zarra. Bigflo et Oli, Vianney, Zazie et enfin Amel Bent se sont retournés puis levés. « Incroyable » lâche Vianney qui deviendra son coach.
On lit dans les yeux noir-charbon de la jeune femme de 17 ans, de l’émotion mais tout autant de détermination. « Cette putain de vie d’artiste/Je l’ai tant réclamée à Dieu/Je l’avais là, au fond des yeux/Aveuglée par l’amour du risque je me disais/L’espoir existe » Les paroles de cette chanson ne sont pas anodine pour Kiona.
Aujourd’hui elle compte plus de 200 000 abonnés sur Tik Tok, 40 000 sur Facebook et 52 000 sur Instagram. Les cœurs défilent en direct, sur l’écran quand elle fait un live. Elle compte sur les communautés de fans, qu’elle espère bien faire grandir encore, pour filer vers le succès.
Comment vivez-vous ce qui vous arrive ?
Kiona : La semaine, je suis lycéenne, et le week-end chanteuse. Je ne veux pas sacrifier mes études. J’adore apprendre. Mais la musique a toujours fait partie de mon quotidien. Pendant The Voice, il était parfois un peu difficile de tout faire en même temps. Mais j’ai appris à m’organiser. Entre les compositions, les répétitions, les enregistrements, les cours, je charbonne. Mais j’aime ça.
Que tirez-vous de l’expérience The Voice ?
Kiona : Je la considère comme un pas important vers mon rêve. Cela m’a permis de rencontrer des personnes extraordinaires. De me fabriquer une communauté, que ce soit sur les réseaux et même dans la vie de tous les jours. Cela restera l’une des plus belles expériences de ma vie.
Vous semblez toujours avoir eu confiance en vous ?
Kiona: Petite, j’ai commencé à faire du théâtre, et cela m’a beaucoup désinhibée. Ensuite, j’ai pratiqué la danse et le chant. Je suis quelqu’un de très positif. Dans la vraie vie, j’ai beaucoup de mal à exprimer ma tristesse, et même parfois ma colère. La musique m’a offert une autre forme d’expression et permis de transmettre d’autres sentiments.
« Cœur de Pierre » raconte l’histoire d’un amour déçu. Vous parlez de vous ou de toutes les jeunes filles qui ont connu cela ?
Kiona : Je suis une vraie éponge. Je me suis inspirée de beaucoup d’histoires, que j’ai pu vivre autour de moi avec mes proches. Et évidemment de moi aussi en tant qu’adolescente et jeune femme. J’ai mélangé tout ça avec mes sentiments et j’ai créé cette histoire.
Est-ce difficile d’avoir 17 ans aujourd’hui ?
Kiona : Pas plus qu’avant, je pense. Quelles que soient les générations et l’époque, je pense qu’à cet âge-là, il est difficile de savoir encore qui on est. Et on en souffre un peu. C’est d’ailleurs, pour cette raison que la musique prend une si grande place dans ma vie. Elle me guide. Lorsque je tombe, grâce à la musique, je me relève.
D’où vient cette envie de réussir ?
Kiona : Dès l’âge de 16 ans, j’ai toujours voulu quelque chose de grand. Mais pour moi The Voice, cela reste avant tout l’univers de la télé. Quand j’ai vu la première fois, tous les coachs se retourner, je suis resté zen. Je me suis juste dit : une nouvelle aventure commence.
Quel artiste voulez-vous être aujourd’hui ?
Kiona : Je suis encore en train de me chercher artistiquement et musicalement parlant. Beaucoup d’artistes m’ont inspirée et donc indirectement construite. Je ne sais pas encore assez précisément où j’ai envie d’aller. En revanche je sais déjà ce que je n’ai pas envie de faire. Je veux être le plus sincère possible sans oublier les paillettes et le rêve.
Dans une des chansons à sortir, vous écrivez : « la vie d’artiste, c’est juste l’illusion de la télé » : est-ce un constat ?
Kiona : Comme beaucoup d’artistes qui ont fait The Voice, j’ai commencé par la fin en étant directement exposée au plus grand nombre. Il me faut maintenant apprendre le début. Monter un show, composer, répéter sans cesse, être fatiguée, en avoir assez, recommencer encore et encore, on l’apprend en créant un spectacle. Mais pas sur un plateau de télé. C’est grâce au public que j’existerai.
Vous allez donner un premier concert dans votre ville natale. Quelle forme prend-t-il ?
Kiona : J’écris depuis près de trois ans. Le concert reposera principalement sur mes compositions. Je vais parler de mes envies, de mes déceptions de mes échecs, mais aussi et surtout de mes rêves. Il sera composé de chansons qui ont marqué ma vie de jeune fille et ma vie d’artiste en devenir.
Quels sont les artistes qui vous ont influencée ?
Kiona: Mon père est Français et ma mère Tunisienne. Du côté de mon papa, j’ai hérité d’une culture musicale traditionnelle française : Charles Aznavour Édith Piaf, Léo Ferré, Nino Ferrer, et même… Tino Rossi. Avec ma mère je me suis ouverte à la musique internationale : Whitney Houston, Maria Carey, Adèle, Oum Oum Kalthoum … Leurs chansons m’ont permis de travailler vocalement. Mes professeurs étaient en fait les très grands chanteurs que je ne cesse d’écouter. Au conservatoire, j’ai suivi une formation lyrique qui m’a permis de chanter dans différentes langues. Mon répertoire est assez large.
Cette double culture franco-tunisienne est aussi un atout pour vous ?
Kiona : Absolument. J’ai appris à chanter en arabe. Techniquement et musicalement cela n’a rien à voir avec la façon de chanter en français ou en anglais. Lors de mon passage à The Voice, j’ai énormément été soutenue par les Tunisiens. Je me suis créé aussi une communauté là-bas. Je veux me faire un nom dans ces deux pays.
Entretien réalisé par Christian Panvert