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Eric-Emmanuel Schmitt publie "Paradis Perdus", premier tome de sa saga "La traversée des temps". Photo Cyril Moreau

Livre. Homme de lettres et de mots et académicien Goncourt, Eric-Emmanuel Schmitt se lance, à 60 ans, dans une œuvre monumentale : en huit volumes, conter l’Histoire de l’humanité. Un projet qu’il a mûri pendant trente-cinq ans. Evoquant le néolithique et le Déluge, le premier tome « Paradis perdus », est en librairies.

Dès ce premier volet de sa saga, lui qui affirme que « comprendre l’humanité, c’est aussi l’aimer », Eric-Emmanuel Schmitt nous rappelle qu’à la perfection, il sait digérer l’Histoire et ses siècles, qu’il sait aussi vulgariser et mener un récit rythmé et feuilletonné. Sans y oublier quelques ingrédients de la tragédie grecque. Vivement la suite !      

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Eric-Emmanuel Schmitt publie « Paradis Perdus », premier tome de sa saga « La Traversée des temps ». Photo Cyril Moreau

D’abord, une confidence : « J’ai l’impression d’être né nostalgique ». Et puis, une autre : « Ce roman, je m’y suis préparé toute ma vie »… A 60 ans, membre de l’Académie Goncourt (depuis 2016), auteur à best-sellers et multi-récompensé, aussi librettiste pour l’opéra ou encore acteur, auteur et directeur au théâtre et réalisateur au cinéma, Eric-Emmanuel Schmitt est de retour. Et de quelle manière ! Avec « Paradis perdus », un pavé de 570 pages- et surtout le premier des huit tomes d’une saga intitulée « La Traversée des temps » et une prévision de 5 000 pages.

Une autre récente confidence du romancier à un hebdomadaire parisien : « C’est une intuition que j’ai eue à l’âge de 25 ans, je sortais de Normale sup, j’étais assistant à l’université de Besançon, je retrouvais ma liberté de lecteur. J’ai eu l’idée d’un personnage immortel qui serait médecin afin de chercher le secret de la vie pour les autres et le secret de la mort pour lui. À l’époque, je me suis dit que c’était de la folie ; je me sentais incapable d’écrire ça. Mais ce projet a structuré ma vie. J’ai eu beau avoir la chance de connaître continuellement le succès, j’avais l’impression d’être un raté parce que je ne faisais pas ça. J’ai plongé il y a deux ans, et je me suis rendu compte que ça venait tout seul ».

Résultat, donc, ce premier tome de la saga. Pour une ambition démesurée. Sous la forme d’un roman, raconter l’histoire de l’humanité sous forme d’un voyage et littéraire, et romanesque et érudit avec un départ donc au néolithique et des étapes, entre autres, en Grèce antique, chez Jeanne d’Arc ou avec les conquistadors découvrant l’Amérique- mais, homme de défis, Eric-Emmanuel Schmitt ne craint pas l’obstacle. Voilà donc deux ans, il s’est estimé prêt à se lancer dans la grande aventure. Un récit au long cours. Une somme. Avec, à l’esprit, Denis Diderot (1713-1784)- « un auteur frontière entre réflexion philosophique et littérature » et cette idée « d’un homme ayant ce destin que la plupart des humains trouvent enviable : il ne mourrait jamais. Mon héros traverserait les temps et montrerait comment l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui s’est constituée. Une fourmilière, une termitière, une ruche… ça n’a pas bougé depuis des milliers d’années ».

Et voilà les lecteurs de « Paradis perdus » embarqués pour un plongeon dans les profondeurs du temps, il y a 8 000 ans. Pour guide du voyage dans le passé, Noam- il est né dans un village lacustre dans une nature qu’on dirait « paradisiaque » ; il affronte les drames de son clan quand il rencontre Noura, une femme aussi fascinante qu’imprévisible et qui va le révéler à lui-même ; un événement bouleverse sa vie, il se mesure à une calamité naturelle : le Déluge ; il devient immortel. Et Noam- Noé entre dans l’Histoire de l’humanité. Il nous conte la traversée des temps- sera-t-il le seul à parcourir les époques ?…

Dans sa présentation du nouveau roman d’Eric-Emmanuel Schmitt, l’éditeur parle d’un « projet titanesque » accumulant les connaissances scientifiques, médicales, religieuses, philosophiques. Et d’ajouter : « Faire défiler les siècles, en embrasser les âges, en sentir les bouleversements, comme si Yuval Noah Harari (auteur des best-sellers internationaux,  » Sapiens : Une brève histoire de l’humanité » [2015] et « Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir » [2017], NDLR) avait croisé Alexandre Dumas »

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Eric-Emmanuel Schmitt. Photo Cyril Moreau.

Auteur foisonnant, Schmitt souhaite simplement montrer, avec ces « Paradis perdus » – premier tome de « La Traversée des temps », que d’évolution en révolution, le passé éclaire le présent qui, lui, peut expliquer le passé. « Quand on regarde le passé, on l’observe du point de vue de la fenêtre qu’on découpe dans le mur du présent, explique-t-il. Le passé nous apparaît à travers des préoccupations contemporaines, nous allons y chercher ce qui peut drainer notre présent ou s’y opposer pour le comprendre. C’est toujours le présent avec ses soucis du présent, la société du présent et ses problématiques contemporaines, qui fouille le passé et y cherche ses racines ou ses ruptures »

Adoptant le principe du roman bouillonnant, l’auteur peut ainsi évoquer le racisme, le conservatisme, l’écologie, la parité, l’égalité entre hommes et femmes. Dès ce premier volet de sa saga, lui qui affirme que « comprendre l’humanité, c’est aussi l’aimer », il nous rappelle qu’à la perfection, il sait digérer l’Histoire et ses siècles, qu’il sait aussi vulgariser et mener un récit rythmé et feuilletonné. Sans y oublier quelques ingrédients de la tragédie grecque. Vivement la suite !

Serge Bressan

livre "paradis perdus" eric emmanuel schmittEXTRAIT

« Un frisson.

        D’abord un frisson.

        Insistant, le frisson pèse, file, s’étend, lézarde se multiplie, devenant deux, quinze, cinquante frissons qui conquièrent la peau, réveillent les sens.

        L’homme ouvre les paupières.

        La nuit… Le silence… La fraîcheur… La soif…

        Il regarde les ténèbres alentour. L’obscurité l’épouvanterait s’il ne savait où il se situe. Recroquevillé sur le calcaire humide, il inspire l’air tonique, revigorant, qui emplit ses poumons et ranime ses entrailles. Volupté d’exister…

UNE TRAVERSEE DES TEMPS EN HUIT VOLUMES

1/ « Paradis perdus ». Fin du néolithique et déluge. (4 février 2021)

2/ « La Porte du ciel ». Babel et la civilisation mésopotamienne. (octobre 2021)

3/ « Le Soleil sombre ». L’Egypte des Pharaons et Moïse.

4/ « La lumière du bonheur ». La Grèce au IVème siècle av J.C.

5/ « Les Deux Royaumes ». Rome et la naissance du christianisme.

6/ « La Mystification ». L’Europe médiévale et Jeanne d’Arc.

7/ « Le Temps des conquêtes ». La Renaissance et la découverte des Amériques.

8/ « Révolutions ». Révolutions politiques, industrielles, techniques.

 

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