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Sortie Livres : Laurent Binet publie "Perspective(s)"

Sortie Livres. Pour cette semaine de lecture, trois suggestions. On commence avec « Perspective(s) » le septième et nouveau livre de Laurent Binet qui offre un très réussi « polar épistolaire » dans la Florence de la Renaissance ; on enchaîne avec « Je vais bien » du grand Régis Franc qui revient au roman autobiographique empli de charme et de mélancolie, et on achève la semaine avec « London Bridge » de la dessinatrice Louison pour une improbable rencontre débordant d’humour entre la reine Elizabeth II et une presque quarantenaire passionnée par la cour d’Angleterre.

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Sortie livres : « Perspective(s) de Laurent Binet

LAURENT BINET : « Perspective(s) »

Après deux citations (Orhan Pamuk et Michel-Ange), on a une préface signée par un mystérieux B. Il raconte comment il a eu accès aux lettres qui lui ont donné matière pour « Perspective(s) », le nouvel et septième livre de Laurent Binet. Ces lettres, an nombre de 176, donc B. visite la Toscane et, dans une échoppe, le marchand lui propose « un ensemble de vieilles lettres jaunies par le temps ».

Il va mettre trois ans à traduire cette correspondance, et y découvre un fait divers bien glauque à la cour des Médicis à Florence, au XVIe siècle. « Perspective(s) », c’est un beau livre d’Histoire, un bon polar, avec de l’art et des « people » de l’époque. Ainsi, défilent Catherine de Médicis, Michel-Ange, Cosimo de Médicis, Piero Strazzi ou encore Jacopo da Pontormo qu’on retrouve assassiné à Florence en 1557- il travaillait dans une église sur une fresque monumentale.

Alors, pour mener l’enquête, le duc de Florence fait appel à son homme à tout faire, Vasari, qui demande l’assistance à distance du vieux Michel-Ange, exilé à Rome. Tout le monde est suspect… L’éditeur nous dit que « Perspective(s) » est « un roman policier avec une énigme, un lieu clos, des indices et des conjectures ». En effet, c’est tout cela, un polar épistolaire mais tellement plus encore- un grand livre, tout simplement.

  • « Perspective(s) » de Laurent Binet. Grasset, 306 pages, 20,90 €.
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Sortie livres : « Je vais bien » de Régis Franc

RÉGIS FRANC : « Je vais bien »

Pour évoquer « Je vais bien », un aveu de Régis Franc– l’auteur : « Jamais je n’ai eu l’intention d’écrire sur les miens ». Pourtant, il l’a fait avec ce (beau) roman de souvenirs et de mélancolie. Régis Franc est un dessinateur et illustrateur qui sait manier les mots et les phrases.

Ainsi, quand son père Roger, hier maçon et militant communiste vivant dans ces Corbières proches de l’Espagne, meurt dans un EHPAD, il retourne dans la maison familiale, lui qui vit à Paris- « On ne se débarrasse de rien en s’éloignant ». Celle que le père, fol amoureux de la mère, a construit de ses mains pour lui offrir en cadeau. Elle n’y vivra jamais : elle « est morte le jour où fut achevée la maison de ses rêves. (…) Nous y avons emménagé, le lendemain de son enterrement. Sans elle ».

Régis Franc a alors 12 ans… et sera, à jamais, habité par la colère, la rage contre tout le monde : « Nous avons alors appris la mélancolie, sentiment si inapproprié aux gens du peuple ». Au fil des pages, avec les mots de l’amour et de l’émotion, sans jamais tomber dans le « c’était mieux avant », le narrateur déroule le tableau d’une vie. Des parents, un garçon (Régis, « un diable ») et sa sœur Régine (« la perfection »), les Corbières, la Méditerranée… L’auteur nous assure : « Je vais bien ». On ne demande qu’à le croire…


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Sortie livres : « London Bridges » de Louison

LOUISON : « London Bridge »

Soit Sophie, approchant la quarantaine, riche héritière. Elle revendique une passion illimitée pour la reine Elizabeth II d’Angleterre, et avoue sans retenue : « Elizabeth, je la collectionne ». Vite, on plonge dans « London Bridge », le nouvel et deuxième roman de Louison, l’une parmi les plus brillant.e.s dans le monde du dessin et de la BD francophones.

De 1997 date le premier rendez-vous de Sophie : comme Lady Diana, ses parents sont morts dans un tunnel… mais à bord d’une Renault Twingo, mais n’ont pas eu droit à des funérailles en Mondovision. Trois ans plus tard, Sophie va à Londres et espère rencontrer la reine- mais celle-ci est en vacances. Vingt-deux ans plus tard, les deux vont enfin se rencontrer à Saint-Germain-des-Prés à Paris. Rencontre improbable… Devant un plat de nouilles, Elizabeth II (qui s’est offert une escapade anonyme après, au printemps 2021, le décès de son époux, le prince Philip) et Sophie vont deviser. Les fantômes du passé, la mort, la solitude, la célébrité, la famille…

Tout au long de ce texte empli de chagrins et d’absences, Louison jubile, s’amuse avec le second degré. L’écriture y est rapide, fluide- tout est réuni pour offrir une délicieuse fantaisie royale, L’un des romans les plus pétillants de cet automne littéraire…

  • « London Bridge » de Louison. Flammarion, 194 pages, 20 €

Serge Bressan

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